had the time of our life w/matthew

Il était tard, les premiers flocons tombant contre le sol, tes énormes mitaines contre tes mains, histoire de ne pas geler tes doigts. Tu sens en les messages de ton meilleur ami qu'il est dans une situation de crise, sa fille perdue, sans doute entre de mauvaises mains et rien qu'à cette idée, tu frissonnes. Il faut être sans âme pour pouvoir amener une petite fille dans cet enfer, kidnappée par ces personnes mal intentionnées. Le taxi ne semblait pas aller rapidement, tes pieds tapotaient contre le sol, légèrement impatiente, tentant d'ouvrir la bouche, demander au chauffeur d'avancer plus vite et pourtant, tu pourrais être très maladroite dans tes propos. Ton sac était rempli d'une boîte de pâtisseries de toute sorte, histoire de faire changer l'air à Matthew, tenter de lui faire oublier toutes les mauvaises passes qui se sont passées au cours des dernières heures. Son regard se pose automatiquement sur toi, légèrement emmerdé de t'entendre taper du pied contre le véhicule, chanson peu mélodieuse pour ses oreilles. Tu te souviens de n'avoir laissé aucune note pour Elias, aucun commentaire sur l'endroit où tu te trouvais, mari peu souvent présent à la maison. Pourquoi donner des nouvelles alors qu'autrui ne t'en donne jamais. Soupir s'échappant entre tes lèvres, le véhicule s'arrête en face de l'immeuble, endroit dans lequel habitait Matthew. Merci Souffles-tu, donnant les quelques billets que tu balançais presque au visage, avant de sortir en un coup de vent, talons hauts claquant contre le sol, tentant de ne pas tomber comme le sol était relativement glissant. Ton sac à main contre ton bras, le plateau de cafés dans l'autre main, tes pas te menèrent jusqu'à l'entrée de l'immeuble, laissant l'homme à l'entrée te saluer, comme tu visitais souvent l'endroit. Passant devant l'ascenseur, tu optes finalement pour ce choix santé, les escaliers. Montant ces dernières une par une, arrivant en haut de cette dernière, ton souffle devient saccadé, coeur palpitant dans ta poitrine, le regard devenant flou jusqu'à arriver en haut. Mauvaise idée, pourquoi devais-tu être aussi malade ? À croire que ce cancer allait te tuer dans les quelques mois à venir, même les quelques semaines. Arrivée à l'étage, tu te positionnes devant la porte, toquant quelques coups dans cette dernière, étant légèrement stressée de voir dans quel état allait se retrouver Matthew, ce meilleur ami que tu chérissais tant. Matthew, c'est moi.. Ouvre cette porte, s'il te plaît N'ayant aucunes forces dans les mains, tu sautilles sur place, incapable de rester debout sans bouger.

Comment, qui, pourquoi ? Ces mots, ces interrogations ne cessent de se répéter dans l’esprit de l’avocat. Lui qui est habitué à toujours obtenir une réponse à ces questions, lui qui ne butte jamais, lui l’éternel optimiste se retrouve totalement désemparé depuis la disparition de Kate. Il soupire en poussant la porte de son appartement qu’il retrouve après trois jours d’absence, trois jours ou sa seule occupation était de traversé les rues de New York dans l’espoir d’obtenir ne serait-ce qu’une infime réponse à ces questions. Mais rien, personne ne sait rien, personne n’a rien vu. Tremblant, il retire son manteau blanchi par la neige et se laisse tomber dans le canapé allumant directement la chaine des informations locale ; le visage de sa princesse tourne à la télévision alors que les battements de son cœur se font de plus en plus rapide. L’épuisement le rattrape, ces trois nuits sans sommeil à errer dans les rues de la grande pomme semblent plus forte que lui mais il n’abandonnera pas avant de la savoir saine et sauve. Il écoute sans réellement écouter les paroles de la présentatrice qu’il juge bien trop jeune pour un journal télévisé mais comme dans l’édition précédente, aucune nouvelle information n’est disponible, ceux malgré les moyens mis en œuvre par le brun. Exaspéré, furieux, en colère, brisé, il coupe la télévision se trainant jusqu’à la cuisine ou il branche son téléphone portable, une douche et un sandwich c’est la seule chose qu’il s’autorise avant de retourner dans le froid glacial. Sans force, il entre dans la salle de bain jetant au sol les vêtements humides qu’il porte avant de se glisser sous une eau bien trop chaude qui lui rougit la peau. Rendez-là moi, par pitié lui, l’homme terre à terre, lui qui ne croit qu’à ce qu’il voit, prie le seigneur de tout son cœur et de toute son âme. Ses yeux cernes se ferme, son besoin de dormir le rattrape lorsque la sonnette de la porte d’entrée ne le tire de ses pensées ; instinctivement sa main appuie sur le robinet et coupe l’eau. Il enfile ce qui traine dans la salle de bain, un jogging gris clair et un t-shirt blanc et avance sans conviction vers la porte d’entrée. Une fois devant, il se fige, dans l’état actuel, Matthew n’est pas d’une bonne compagnie, être seul est probablement mieux, après tout que pourrait-il apporter à quelqu’un dans cet état d’esprit ? Mais une main frappe contre sa porte, plus fort cette fois et une voix qu’il connait trop bien l’accompagne « Matthew, c'est moi. Ouvre cette porte, s'il te plaît » il inspire, profondément, jette un coup d’œil dans le miroir sur sa gauche, ses yeux sont gonflés, ses cheveux encore humides en bataille, son teint est grisâtre mais il sait d’avance qu’elle ne fera pas de réflexion. Il ouvre avant de reculer d’un pas et de fermer derrière elle « Salut Aph… » dit-il sans même essayer de mentir sur son état, elle le connait trop bien « Désolé pour le… enfin tu vois, j’ai pas eu le temps de ranger » des assiettes dans l’évier, des journaux trainant un peu partout, des carnets contentant les numéros de ses contacts, des fringues à même le sol, mais peut-importe, tout ce qui occupe son esprit lui a été retiré.

Tu toques ces quelques coups, porte tremblant sous cette pression, souffle chaud s'évaporant de tes lippes, affirmant que tu étais là. Depuis ce présumé enlèvement, tu avais remarqué que toutes les chaînes locales parlaient de cet affaire, au courant que la situation n'était plus la même et que la police ferait tout en son possible afin de trouver Kate. En parfaite meilleure amie dont tu étais, tu te voyais très mal ne donner aucun signe de vie à Matthew, le laissant seul dans ce luxueux appartement, pleurant la perte d'un enfant. Tes bras n'allaient tenir que peu de temps, jusqu'à ce que la porte ne s'ouvre, dévoilant un tout nouveau meilleur ami, celui qui était toujours fort malgré une lourde épreuve, une épave se trouvait devant toi. Oh, Matt... Souffles-tu, déposant tes effets personnels contre le petit bureau à l'entrée, te pinçant la lippe inférieure.  Viens-là Ne lui donnant guère le choix, tu t'en approches, enroule ses bras autour de son cou, accolade se voulant rassurante. Montrant surtout ton dévouement pour son bien-être, se fichant de ce que l'on pouvait penser de toi, Elias t'ayant fait une scène lorsque tu affirmais avoir besoin de voir le deuxième homme le plus important dans ta vie. Ce mariage était à la dérive, ne sachant pas sur quel pied danser, ne pas savoir si le divorce était envisageable. L'appartement semblait être dans la négativité absolue, l'engouffrer avec tes propres problèmes, n'était pas une solution. Oreilles tendues, le moindre bruit pouvant être suspect et te voilà, rompant tout lien entre vos deux corps. Maintenant, souris... Je suis là, d'accord ? Tu montres aussitôt tes dents blanches, empoignant son visage entre tes fines mains, embrassant sa joue. Je t'ai amener du café et les pâtisseries dont tu raffoles Tournant sur toi-même, arrêtant vers les péchés mignons que tu lui avais apporté, marchant jusqu'à la cuisine, faisant presque comme chez toi. Ces dernières années n'avaient pas été vain, connaissant les moindres recoins de son habitation, ne cédant aucunement sous la pression, guerrière dans l'âme afin de sauver son meilleur ami des griffes de la nuit. Empoignant une assiette, la posant contre l'îlot central des lieux, ouvrant la petite boîte de pâtisseries, une odeur s'émanant, vient à te faire sourire davantage. Ce soir, tu penses à autre chose... Je ne me suis pas déplacée ici pour te voir te replier sur toi-même Te permettant à dire aux autres ce que tu n'osais pas te dire, pensant aux gens qui t'entouraient, ceux qui étaient importants. Il est difficile aujourd'hui de donner cette confiance, à quelqu'un, lui ouvrir son coeur mais surtout, être sincère dans nos gestes et nos paroles. Tu te dois d'être présente, comme Elias n'était jamais à la maison, te laissant seule dans cet immense appartement que tu partages avec ton mari, ce coureur de jupon. Avais-tu fais quelque chose de mal à son égard ? T'étais-tu égarée du droit chemin, comme on le rappelait souvent à l'église ? Tant de questions sans réponses, celles dont tu n'as pas envie d'y répondre.

Son optimisme à toute épreuve s’était envolé avec la disparition de Kate, il voyait désormais le monde comme l’endroit cruel qu’il était et les êtres humains comme montres sans cœur tout juste digne des histoires les plus glaçantes. Matthew était ainsi depuis des jours, l’ombre de lui-même, incapable de penser clairement et de réfléchir correctement. Son début de journée ressemblait trait pour trait à celui d’hier, il errait dans son propre appartement sans but précis, il avait promis à Diana de dormir un peu, de se reposer une ou deux heures mais fermer les yeux lui était impossible. Paumé dans ses pensées, il fallut presque vingt secondes à l’avocat pour entendre le bruit émanant de la porte d’entrée, il soupire, la solitude semble être la seule chose capable de l’apaiser mais pourtant il ouvre la porte sachant au plus profond de lui ce qui se trouve derrière. Elle est là avec son regard doux et son sourire bienveillant, cette fois-ci, c’est elle la positive des deux.   « Viens là » il ne dit rien, ne bouge même pas, il manque de force pour pouvoir réagir comme il le ferait habituellement mais face à elle il est incapable de mentir et de cacher la vérité. Malgré tout son accolade lui apporte une certaine sérénité, la chaleur de sa peau et la tendresse de ses gestes l’apaise pendant un bref moment – bien trop court – « Maintenant, souris… Je suis là d’accord ? » j’aimerais tant, si tu savais comme j’aimerais sourire il ne dit rien, pas un mot mais ses yeux trahissent ses pensées. Ses mains se glissent dans ses poches alors qu’il se décide à la suivre dans son salon « Je t'ai amené du café et les pâtisseries dont tu raffoles… Ce soir, tu penses à autre chose... Je ne me suis pas déplacée ici pour te voir te replier sur toi-même » il hausse les épaules tout en se laissant tomber sur le canapé. Pendant une seconde, les mots lui manquent, comment pourrait-il lui expliquer sa douleur ? Mettre des mots sur une telle sensation lui semblait impossible mais il tente à sa manière « Je ne peux pas, elle est avec je ne sais qui, seule et probablement terrifiée… je ne peux pas oublier même pour quelques heures » sa voix ne tremble pas mais les battements de son cœur se font un peu plus rapide parce que la simple idée de la perdre lui semble insurmontable « J’ai cherché partout, je passe mes nuits à la chercher, j’ai fait et mis tout ce que je pouvais sur la table et la seule chose qu’on me dit c’est d’être patient ? Elle est la seule chose que j'ai fait de vraiment bien… » sa chair, son sang, le but ultime de son existence.