I know you (ft. Antonia)

Être flic c’est un boulot à plein temps, ça implique de pouvoir être appelé à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit et d’être prêt à bouger quelques soient les circonstances. Mais ça implique aussi de vivre au gré des affaires sur lesquelles on bosse, de tout donner, d’être dévoué à son travail. Alors parfois, Mason se retrouve coincé au poste pendant plus d’une journée, il lui arrive même de passer la nuit là-bas de temps en temps. C’est pour ça que le commissariat est si bien équipé, qu’on y trouve une petite cuisine où réchauffer sa gamelle, des lits d’appoint dans une pièce calme et des vestiaires avec des douches bien chaudes. Les douches, sûrement l’endroit que préfère Mason dans ce grand bâtiment et il n’hésite pas à s’en servir, le brun. Après une journée de travail, après une séance de musculation ou une nuit de débrief compliquée.

Les cheveux encore dégoulinants et une serviette nouée autour de la taille, il quitte les douches pleines de buée pour aller rejoindre le vestiaire à côté. Il ouvre son casier et s’apprête à détacher sa serviette mais entend du bruit et se penche pour voir qui se trouve dans la rangée d’à côté. C’est Antonia, sa coéquipière depuis près de trois ans maintenant. Debout devant le miroir, perchée sur des talons hauts, elle se met du mascara avec une extrême concentration. Mason se fait le remarque qu’elle ressemble beaucoup à Babi quand elle fait ça, parce qu’il aime bien regarder sa petite amie se préparer le matin, au risque de se mettre en retard juste pour ses beaux yeux. Il sourit et vient s’adosser à quelques casiers d’elle, le corps encore trempé de la douche qu’il vient de prendre. Hm, ça, ça sent le rencard. Qui est l’heureux élu ? Bras croisés sur le torse, il croise son regard dans le miroir et lui envoie un petit sourire arrogant dont seul lui a le secret.

@Antonia De Barros

Être flic n’était définitivement pas de tout repos, et Antonia était bien placée pour en témoigner. Epuisée, tout le temps. Sans possibilité d’avoir une vie à elle, bien trop occupée à gérer la vie des autres. A sauver la vie des autres. Sa vie se résumait à la police, et à sa petite-soeur. Elle ne sortait pas, elle ne voyait personne, et par conséquent, restait seule, trop seule, depuis trop longtemps. A vingt-cinq ans, certains se mariaient, d’autres avaient des enfants, et Antonia… Eh bien Antonia avait en quelques sortes un enfant, sa petite-soeur à charge, mais pour tout le reste, niet. Et autant dire qu’être une femme seule avec un enfant à charge n’aidait pas à résoudre le premier problème : les hommes n’étaient pas particulièrement attirés par le profil de la « mère célibataire ». Antonia en faisait d’ailleurs les frais.

Mais ce soir, oh miracle, elle avait un rendez-vous. Et, motivée par ses amis qui lui avaient fait promettre de ne pas s’y soustraire… Eh bien, non seulement elle n’allait pas annuler au dernier moment pour aller se mettre devant sa télé comme elle avait bien trop tendance à le faire, mais en plus elle était déjà quasiment prête, presque en avance, et allée partir directement du poste de police pour gagner encore plus de temps. Du moins, elle avait prévu au départ, de gagner du temps… Devant le miroir, à mettre la dernière touche maquillage… Jusqu’à voir Mason, son sourire narquois, paniquer, manquer de se crever un oeil avec le mascara, tout faire tomber, et râler. « Mase ! T’abuses ! Tu l’as fait exprès j’suis sûr, maintenant j’ai tout fait tomber ! » Elle afficha une petite moue, se baissant pour ramasser ses affaires, avant de poser le tout sur le banc et de reporter son regard sur lui. « Personne, personne, juste… Quelqu’un. C’est rien d’important, c’est qu’un petit rendez-vous de rien du tout, même pas un rendez-vous rendez-vous, juste un truc banal ! C’est tout ! … » En fait, la petite Antonia, c’est qu’elle était mal à l’aise, essayant de noyer le poisson comme elle le pouvait, espérant convaincre Mason et qu’il ne lui pose pas d’autres questions sur le sujet - même si c’était très peu probable. « Je devrais te coffrer pour atteinte à la pudeur, t’en as pas marre de nous montrer tes abdos comme ça ? » Elle sourit, amusée, faisant allusion à sa simple serviette autour du corps. La preuve ultime qu’un duo fonctionnait bien, c’était lorsque l’un et l’autre parvenaient à être à l’aise même lorsque l’un des deux était presque dans le plus simple appareil.

@Mason Martins

Mason pouffe et passe une main dans ses cheveux. Désolée Tonia, j’pensais que tu m’avais entendu arriver. Avant qu’il n’ait le temps de bouger pour aller l’aider à ramasser son maquillage, elle a déjà tout posé sur le banc. Il y a tout un tas de produits devant elle et ça lui donne limite la nausée à Mason. Il comprend pourquoi les femmes ne sont jamais à l’heure quand il voit tout ce qu’elle doive étaler sur leur visage avant de se considérer comme prête. Quand Babi se maquille, Mace ne voit jamais vraiment la différence, peut-être que son regard semble un peu plus profond et brillant et que ses lèvres ont l’air plus pulpeuses, pourtant, elle ressemble toujours à la femme qu’il aime. Il la trouve aussi jolie avec que sans maquillage, mais elle n’aime pas quand il lui dit ce genre de choses, elle dit toujours qu’il n’est pas objectif. Lui se trouve très objectifs au contraire. Antonia se confond en excuses bidon et tente de faire passer le rendez-vous galant pour lequel elle se prépare pour une rencontre banale et sans intérêt à ses yeux et ça le fait rire, Mace. Hm hm, personne. Il fait la moue avant de sourire. Personne, mais qui mérite que tu te crèves presqu’un œil en te maquillant. Et cette robe, non non Tonia, tu me la feras pas à moi. Le jour où Babi met une robe de ce genre quand on sort, j’la prends dans l’ascenseur avant même qu’on soit sortie de notre immeuble. Mason n’a pas honte de raconter ce genre de choses à sa coéquipière, elle en sait tellement sur lui et sur sa vie. Pourtant, c’est pas le genre à se confier le brun, mais passer trois ans de votre vie à partager le quotidien d’une personne, forcément ça créer des liens. Puis combien de fois ils se sont retrouvés en planque, à attendre plus de six heures dans une voiture sans pouvoir bouger, fallait bien combler les blancs. La brune sait son amour pour le sexe, mais surtout son amour pour Babi, il ne s’en est jamais caché, parce qu’il n’en a pas honte. Allez dis-moi, qui est ce mystérieux inconnu ? Mason réfléchit un moment puis forme un « o » parfait avec sa bouche. Je le connais, c’est pour ça que tu veux rien me dire ? Il bosse ici, c’est ça ? Il la regarde sourire et se pincer les lèvres, visiblement gênée mais il s’en fiche. Pas de gêne entre eux, la preuve.. Il hausse les épaules et roule des hanches jusqu’à elle pour l’amuser. Tu pourras me coffrer quand j’aurais malencontreusement fait tomber cette serviette, ma grande. Il lui fait un clin d’œil et fait le tour de la rangée de casier pour aller se changer tout en continuant de discuter.

@Antonia De Barros

Antonia n’était pas du genre très féminine, bien au contraire. Jean, t-shirt, veste… Tel était son uniforme quotidien. Elle accordait très peu d’importance à son apparence et préférait concentrer toute son énergie et sa force sur autre chose. Autre chose, c’est-à-dire… Sa petite-soeur, son métier, les courses, le ménage à faire, le rangement, sa vieille voiture qu’il allait falloir retaper. Tant de choses, plus urgentes, plus importantes, et pour lesquelles la jeune femme préférait garder son énergie.
Mais, il lui arrivait, en de très rares occasions, de s’apprêter. Comme là. Elle avait un rendez-vous, elle avait envie de plaire, elle avait envie de faire de l’effet… Elle voulait séduire, tout simplement, et essayait de s’en donner les moyens. Elle n’était pas une professionnelle du maquillage ni du stylisme, mais… Mais elle essayait. Un peu de mascara par-ci, un peu de rouge à lèvres par là. En réalité, elle avait surtout ressorti tout le maquillage qu’elle avait pu amasser au fil de ces années, en espérant atteindre un résultat correct avec tout ça. Enfin, si Mason décidait d’arrêter de la déconcentrer un jour, bien entendu. Elle avait beau noyer le poisson avec un tas d’excuses, pour nier le fait qu’il s’agissait d’un rendez-vous galant… Son coéquipier la connaissait beaucoup trop bien pour se faire avoir. « … T’insinues que ma robe est pas mal du tout là ? J’ai bien choisi alors ? » Elle fit un tour sur elle-même, plutôt motivée par ce qu’elle venait d’entendre. Bah, s’il prenait sa petite-amie dans l’ascenseur illico lorsqu’elle portait une robe pareille, c’est qu’Antonia avait bien choisi. … Avant de finalement se reprendre, se rendant compte qu’elle était en train de se griller elle-même là. « Mais ehem j’ai dit que ce n’était pas un rendez-vous galant. Donc de toute manière, ce genre de truc, voilà, c’est pas important, c’est pas si important que la robe me rende bombesque, je demandais ça juste pour moi-même, pour savoir. » Et la palme de la pire menteuse de l’histoire revient fièrement à Antonia. « … Okay, okay, je vais te dire. Rah, tu lâches jamais l’affaire. Allez, va t’habiller au lieu de rouler du cul ou tu vas finir par prendre froid, Apollon. » Elle finissait toujours par se faire avoir. Elle roula des yeux, avant de finalement s’asseoir sur un banc. « Il ne travaille pas ici, je l’ai rencontré un peu par hasard… Je sais pas trop ce qu’il fait comme travail, mais il a l’air clean. On en est encore à l’étape où on apprend à se connaître, alors j’ai pas des tas d’informations… Il est beau. Ca, c’est important. Très beau ! Et… Galant. Je le trouve pas mal pour l’instant, à voir ce que ça va donner. Tu me connais, ma chambre et moi avec les mecs… » Elle soupira. « Ça n’a même pas commencé que j’ai peur que ça prenne fin aussitôt. »

@Mason Martins