migraine (callahan & matthews)

we are all broken, that’s how the light gets in.
@bella callahan @delya callahan @balthazar matthews

Tenant d'une main le volant, de l'autre une cigarette, la voix de Jack White rageant dans la carcasse métallique, Basil file dans la rue de Manhattan. Il monte le son de la radio mais les questions continuent de taire tous les bruits du monde, qu'importe le liquide, dans un verre ou une seringue, qu'importe l'ivresse, qu'importe la manière dont il retourne les choses, rien n'a de sens. Roi de la franchise, lui qui déteste les mensonges, sent se nouer dans sa gorge la terrible réalisation que l'être qui lui est le plus cher, sa moitié, n'a pas été entièrement honnête avec lui. Une part de lui espère, bêtement, qu'il y a une autre raison derrière sa découverte. Peut-être qu'il se fait des idées, peut-être qu'il cherche une excuse à sa propre trahison, son terrible manque de loyauté. Peut-être que son instinct est truqué, qu'il se concentre sur l'impossible virginité de Juliette plutôt que ses propres actes. Pourtant, peau contre peau, dans la rare intimité qui permet aux souffles de se confondre et de s'oublier dans l'autre, il se rappelle des gestes hésitants de la jeune femme, de ses doutes tus, de son visage au moment de l'extase, des tâches sur les draps immaculés. Il se gare en vrac dans la rue bondée, jette son mégot sur le bitume, grimpe les escaliers deux par deux et une fois sur le palier, donne de grands coups secs sur la porte. Dix, vingt, trente secondes, une, deux minutes. Ses lèvres mimiquent une injure et alors qu'il s'apprête encore à frapper, les charnières craquent sous le poids du bois et dans l'entrée se révèle la figure de jeune femme. Juliette, il faut qu'on parle.

do you ever get the fear that you can't shift the tide
@bella callahan @basil matthews @balthazar matthews

Les cordes du guitariste d’Arctic Monkeys, un de ses groupes préférés, fait vibrer les murs de son atelier dans lequel elle s’est enfermée pour boucler une commande qu’elle a reçu sur son compte instagram. Un petit havre de paix rien qu’à elle, qu’elle a fait insonoriser afin de préserver le bien-être de ses colocataires. Enivrée par la voix rétro du chanteur, Delya survole la toile de son coup de pinceau, faisant interagir les couleurs entre elles, créant d’innombrables dégradés à l’eau et aux pigments multiples. Elle s’affaire au travail depuis bientôt trois heures, et la soif commence à se faire sentir. Vêtue dans une tenue décontractée, spécialement prévue pour subir les taches de sa peinture aquarelle, elle s’éponge le visage d’un revers de la main. Une ligne de couleur rouge se trace sur son front, mais elle n’y porte pas grande attention, il n’est pas rare de voir Delya couverte de couleurs de la tête aux pieds, et cela même jusqu’à dans sa chevelure blonde qu’elle a pourtant monté en chignon désordonné maintenu à l’aide d’un pinceau, qui fait office de maintien. Dans un soupir las, la petite blonde décide de s’octroyer une pause en allant se désaltérer dans la cuisine. Elle descend cul sec un grand verre d’eau qu’elle repose sur le buffet, quand soudainement elle entend de grands coups contre la porte. Surprise par la force donnée à chacun des coups, elle ouvre brusquement la porte, gratifiant un jeune homme d’un air blasé en gage d’accueil. Son regard polaire le fusille droit dans les yeux avant de l’observer de haut en bas. Elle arque un sourcil interrogateur alors que la dégaine, l’attitude et les tatouages du brun lui révèlent sans grand mal qu’il s’agit de Basil Matthews, un des jumeaux qui gravitent autour de sa jumelle depuis l’enfance. Elle soupire avant de crier par-dessus son épaule : « JULIETTE, BASIL EST VENU POUR TE PARLER! ». Puis elle se pousse de l’entrebâillement afin de lui laisser de l’espace pour le laisser rentrer.  

the worst nightmares are experienced with eyes wide awake.
@delya callahan @basil matthews @balthazar matthews

Assise à ton bureau, les yeux rivés sur ton écran d'ordinateur, tu évalues et décortiques depuis plusieurs heures déjà les cas qui sont passés aux urgences ces derniers mois, tu veux en faire une synthèse, en tirer des statistiques et peut-être trouver quelque chose d'assez intéressant pour écrire un article médical. Tu es collé à ta chaise depuis ce matin, tu sais que Beauty risque de passer voir si tu es encore vivante avec sans aucun doute une pâtisserie pour te récompenser de ton dur labeur de la journée. C'est un système que vous avez développé à la fac, quand les partiels arrivaient vous vous encouragiez en mangeant un truc bien sucré à la fin d'une journée enfermé dans vos chambres à réviser. Une tradition qui tient encore aujourd'hui. Quand Balt travaille sur un projet conséquent, tu es aux petits soins, toujours là le soir, chez lui, avec à la main un repas et un dessert pour lui donner du courage, même après une journée dingue à l'hôpital, et il en fait de même pour toi. Tu attends avec impatience de le voir, le prendre dans tes bras, profiter de la chaleur de son corps pour quelques câlins histoire d'oublier que tu as dévoilé un point clef de la relation qui vous lie, du secret que vous gardez scellé, à son jumeau. Tu te secoues la tête, chassant Basil de tes pensées aussi prestement qu'il est apparu. Il est temps pour toi de tourner la page, passer à quelque chose d'autre, quelque chose de plus réel, fiable et quelque chose de mutuelle. Basil sera toujours ton premier amour, l'homme qui te fait littéralement perdre la tête au point de laisser tomber toutes tes inhibitions. Et la nuit où vous étiez ensemble restera à jamais gravée au fer rouge, un moment que tu chéries autant que tu haïs. Il est temps pour toi de grandir. Tu te remets au boulot, ramassant tes longs cheveux en un chignon à l'aide un crayon, souffle un bon coup et te replonges dans la folie étalée sur ton écran. Tu sursautes littéralement hors de ta chaise en entendant Delya s'époumoner. Ton palpitant galopant. La peur, l'appréhension et la honte qui s'accumulent alors que tu estimes tes chances de t'en sortir vivante si tu décides de sauter par la fenêtre pour éviter la confrontation qui t'attends. Tu avais réussi à l'éviter toute la semaine, ses appels, ses messages, tu n'étais sortie que pour aller à l'hôpital et ensuite, c'était retour chez toi, pas de passage au bar du coin après le boulot et surtout pas de boîte de nuit. Et pourtant, le voilà, Basil, tu te demandes ce qu'il te veut et si tu survivras à ce qu'il a à te dire. Tu déglutis bruyamment avant de te lever et t'avancer vers l'entrée aussi lentement que silencieusement. L'image frappante de Basil, ahuri, furieux te glace sur place, stoppant nette ta progression. Tu jettes un rapide coup d'œil à ta jumelle, son visage et ses bras tachés de peinture, ses cheveux ramassés à l'arrache comme les tiens et sa moue de dédain quand elle regarde l'homme qui ne quitte pas tes pensées. Le tableau est horrifiant, un cauchemar devenu réalité qui bloque le souffle dans tes poumons. Tu ouvres la bouche pour dire quelque chose, n'importe quoi pour briser le combat de regards entre les deux personnes que tu aimes le plus au monde puis la refermes sans même sortir un son. Passant la langue sur tes lèvres, tu essayes de calmer les sueurs froides fourmillants le long de ton dos et tu t'éclaircis la gorge signalant ta présence. Leurs regards se tournent soudainement vers toi et tu te demandes s'il n'est pas trop tard pour battre en retraite dans l'antre sereine de ta chambre. Tu ouvres encore une fois tes lèvres et chuchotes avec plus de conviction et de froideur dans ta voix que tu ne t'en pensais capable. " Qu'est-ce que tu fais là Basil ? "

we are all broken, that’s how the light gets in.
@bella callahan @delya callahan @balthazar matthews

S'il n'avait pas déjà une gueule de bois, Basil se retrouverait avec un sacré mal de crâne. Son regard va d'une soeur à l'autre, et il passe une main sur son front, hagard, bouche bée. Un fait assez rare chez lui pour ne pas être remarqué. Chacun trait, chacun ombre, il observe chacun détail, à la recherche d'une différence. Deux clones se tiennent en face de lui. Il ricane, il se dit que c'est une farce, l'alcool qui joue toujours avec ses sens. S'était tellement désintéressé de Juliette pendant toutes ces années pour ne même pas se rendre compte que, elle aussi, avait un double. Il ne bouge pas du palier, ses jambes plantées dans le sol sous l'effet du choc. - Qu'est-ce que je fais là ? ricane-t-il, mauvais. - Qu'est-ce que je fais là ? Répète-t-il, la voix cassée par la colère qui boue au creux de ventre. - Je veux comprendre tu vois, je veux la putain de vérité pour une fois. Soudain, une voix résonne derrière lui qui le ferait sourire, s'il n'avait pas compris que cette même voix n'a jamais prononcé quelque secret que son frère a décidé de lui cacher. Il balance sa tête en arrière, dépité par l'absurdité de la situation. Deux paires qui se font face, drôle de jeu de miroir, et les émotions sur leurs visages comme seule différence. Basil se retourne, capture le regard de son autre, ne cachant rien de la déception qui brûle dans ses pupilles. - Beauty, best timing ever. lance-t-il, sardonique, prêt à la confrontation qui s'annonce sans lui laisser une chance de lui mentir.

the worst nightmares are experienced with eyes wide awake.
@delya callahan @basil matthews @balthazar matthews

L'orage gronde, la voix rauque de Basil résonne dans le couloir, son ton incrédule, son sarcasme presque irritant face à l'ironie de la situation. Il découvre Delya. Il découvre petit à petit tout ce que tu avais caché. Des années de secrets, de non-dits, des années à se côtoyer sans vraiment le laisser te connaître de peur que même s'il voyait ton véritable visage, il ne t'accorderait que des regards noirs et des sourires mordant de mauvaise foi. Tu as une boule au ventre et te rapproches soudainement de Delya, un besoin d'un contact humain, de contact familier pour te rassurer que tout ira bien, tu finis par prendre sa main et la serrer le plus fort possible alors que Balthazar apparaît à l'angle du couloir. Tu es de glace. Une statue immobile figée par la tournure de la situation. Un jeu du sort. Le destin se moque littéralement de toi en cet instant. La seule chose que tu as envie de faire, c'est de te réfugier dans un endroit sombre, clos et seule pour pouvoir éviter ce qui se prépare. L'orage se transforme en tempête, les yeux de Basil brillent. Il a bu, tu le sais, il a même sans doute de la drogue dans le sang. Et devant lui se joue une scène qui le déroute. Une scène que tu espérais pouvoir éviter à tout jamais. Tu as peur. Les larmes te montent aux yeux et tu les réprimes, facilement, une habitude. Une façon de garder un masque composé pour ne pas plus t'exposer. Pour ne pas lui donner plus de choses à vous reprocher. À toi et à son frère. Logiquement, tu sais que tu es une sorte de victime dans cette situation. Amoureuse de l'un et tenant trop à l'autre pour le laisser tomber et lui faire affronter ce qu'il se tue à nier au monde. " Au lieu de t'égosiller sur le pallier comme l'idiot à moitié saoul que tu es, entre dans l'appartement ! " Ta voix est froide et fait écho à celle qu'utilise ton père lorsqu'il te parle. Un ton qui suinte de déception, de sarcasme et de fermeté. Tu imites à la perfection une assurance que tu ne possèdes pas, utilisant la main de ta jumelle pour passer tes nerfs, ta poigne plus ferme sur sa paume. Tu te tournes vers Balthazar, un sourire triste aux lèvres, et entonnes plus douce " Mon chéri, entre toi aussi, ça ne sert plus à rien de se défiler maintenant. "

do you ever get the fear that you can't shift the tide
@bella callahan @basil matthews @balthazar matthews

Sa patience est testée, mise à rude épreuve. L’enchaînement des événements échappe totalement à Delya qui observe en silence. L’incompréhension se lit aisément dans le regard de Basil, comme s’il venait de voir un fantôme. Et l’arrivée timide de sa jumelle ne fait que confirmer le doute qui commence à s’installer dans son esprit. Elle avait caché son existence au jeune homme tatoué, et indirectement, elle lui faisait vivre le prix d’un mensonge vieux d’une dizaine d’années. Delya a l’impression d’être prise pour le dindon de la farce dans toute cette histoire, et au fond, elle lui en veut à Bella. Elle lui en veut de la mettre dans une position d’inconfort face à ses histoires d’amour, sexe et mensonge. Et surtout, l’avait-elle renié à ce point pour ne pas dire à son Basil qu’elle existe dans sa vie ? Tout se brouille dans son esprit, et lorsque sa sœur cherche réconfort dans sa main, elle se surprend à vouloir la repousser violemment. Mais ce lien immuable, inexplicable entre elles sera toujours plus fort que tout, toujours plus fort que la colère naissante en elle. Parce que pour rien au monde, elle ne veut la blesser, elle est prête à enterrer sa déception pour préserver Bella de sa rancune. Elle est déjà suffisamment dans de beaux draps, alors inutile d’en rajouter. Et l’arrivée de l’autre Matthews ne fait que sonner le glas de cette putain d’ironie. Et le mélodrame commence. Delya lance un regard furibond à sa sœur, comme pour lui dire silencieusement qu’elle n’a pas signé pour cela. Elle repose son regard égaré sur la scène où les deux jeunes hommes se fritent la barbichette. Elle écarquille les yeux avant de soupirer. « Oh pitié, mais tuez moi ... » chuchote-t-elle au bord du suicide cérébral. Elle ouvre complètement la porte, comme pour les inciter à rentrer au lieu de s’afficher sur le perron.   

@bella callahan @delya callahan @balthazar matthews

Ses opales colériques rencontrent celles, incrédules, de son autre, et la déception se lit sur chacun de ses traits. Mensonge. Toujours des mensonges. Toujours à se défiler, à refuser d'affronter la vie. Presque trente ans d'existence et la crainte de vivre. Qu'y a-t-il de si terrible que sa propre moitié ne peut lui avouer? La froideur de son regard, lorsqu'il se retourne vers Juliette, n'a d'égal que le ton hostile qui vibre dans la voix de la jeune femme. Il a envie de lui dire qu'il avait compris l'invitation silencieuse de sa soeur jumelle - soeur jumelle, une étrange réalité qu'il parvient à peine à concevoir - et qu'il pouvait s'égosiller autant qu'il voulait, si l'envie lui prenait. Mais le moment n'est pas à la provocation, non, il est temps de lever les rideaux sur une farce longue de douze ans. Il saisit l'agacement dans le regard du double blond, ça le fait ricaner, sardonique. Il remarque aussi la manière dont Bella s'abrite derrière elle, et ça le fait serrer le poing, de frustration, d'incompréhension.  Alors, c'est réunion de famille, c'est ça ? Si Batl n'était pas Balt, son ironie lui aurait coûté un coup sur la gueule, Basil n'aurait pas essayé de se retenir, les effluves d'alcool rageant dans ses veines. Alors, lance-t-il en accompagnant des mots d'un geste envers son frère et Juliette, l'quel d'entre vous va avoir assez d'couilles pour être franc, au moins une fois dans vos putains d'vies. Il voudrait les secouer, tous les deux, les ramener au niveau du sol, leur rappeler qu'il y a une vie ici, des gens qui vont et qui viennent et ceux qui restent, ceux qui sont là, qui méritent au moins la franchise, à défaut d'autre chose, des êtres auxquels ils tiennent le plus.

do you ever get the fear that you can't shift the tide
@bella callahan @basil matthews @balthazar matthews

C’est de pire en pire. Delya ignore ce qu’elle fait là, face à ces deux jumeaux qu’elle ne porte pas dans son cœur. C’est incroyable de voir les relations aux antipodes qui les relient avec sa jumelle, deux relations aussi malsaine l’une que l’autre. Elle en a conscience la petite blonde, et elle les hait pour infliger cela à Bella. Comment cela aurait-il pu en être autrement de sa part ? Comment pourrait-elle les regarder autrement qu’avec du dégoût. Ils profitent de l’innocence de sa sœur, elle qui n’a jamais su gérer les choses la concernant. Et ici la voilà, égarée au milieu d’un ouragan de colère et de déception. Le Basil se fâche, s’agace et gesticule en débitant un dialogue digne du théâtre absurde. Elle croit halluciner en l’entendant parler, elle croit rêver. Il ne peut pas avoir dit ça ? Il ne peut pas avoir fait appel à la franchise ? Pas lui, pas après ce qu’il a fait. Et comme pour s’en convaincre, Delya décide de remettre les choses dans le bon contexte en prenant le taureau par les cornes. « Non mais je rêve, arrêtes-toi s’il te plaît ! ». Un rire nerveux s’échappe de ses lèvres alors qu’elle pose son regard sur Bella, puis sur Balthazar. Leur regard égaré ne fait qu’accentuer le fou rire naissant de la blonde qui s’appuie sur l’épaule de sa jumelle, espérant se soulager de la crampe qui étreint son abdomen. « Le mec qui se tape sans pression la nana de son jumeau demande de la franchise ! Parce que ... sérieusement, tu penses être en mesure de la ramener après ça ? Tu vas me faire croire que tu es partis te confesser auprès de Dieu ou de ton frère pour faire amende honorable ? Bien sûr que non, cela ne s’applique pas à Basil Matthews évidemment. » ; Des larmes coulent de ses yeux polaires qu’elle essuie d’un revers de main. Elle est ainsi Delya, elle dit les choses comme il faut le dire et elle ne se préoccupe pas de froisser les gens. « Euuuh je suis tatoué et je fume, je suis trop d4rk -grimace en mimant le geste de fumer-. Balayes devant ta propre porte avant d'exiger des autres d'appliquer un principe que tu ne respectes pas toi-même ... Ça me fera des vacances. » Qu’ils assument tous leur responsabilité, elle n'en a rien à faire de l'embarras dans lequel elle pourra plonger Basil ou son frère. Ils ont merdé avec Bella, c'est un fait.