our nightmare (di)

Debout au milieu de la salle, Matthew présidait l’une de ses réunions barbantes que son rôle de codirigeant lui imposé, empli d’ennuie il jouait malgré tout le jeu avec une aisance déconcertante jusqu’à ce que son téléphone se mit à sonner. Il jeta un bref coup d’œil et le retourna contre la table, il la rappellerait plus tard, lorsqu’il serait seul mais quand il vit le prénom de Di apparaitre pour la seconde fois, il décrocha, elle n’insistait jamais surtout lorsqu’elle connaissait son emploi du temps. Il fit un signe de la main à l’assemblé afin de s’excuser avant de se tourner vers l’immense baie vitrée de la salle de réunion « Tout va bien ? » demanda-t’il d’une voix basse. Pendant une seconde, le monde ainsi que son cœur semblait s’être arrêté comme mis en pause pour une durée indéterminée. Son téléphone à demi posé contre son oreille, Matthew resté immobile, le regard perdu dans le vide entendant sans cesse la voix de Diana répéter c’est kate, viens, vite. Il lui fallut presque une minute pour comprendre la gravité de la situation et pour sortir de son bureau tel une fusée. Le brun abandonna ses associés sans un mot et quitta le building à vive allure. La route vers le centre aquatique ne lui avait jamais semblé si longue, il se remémora en chemin sa dernière visite avec Kate dans l’espoir que tout ceci ne soit qu’une plaisanterie, une mauvaise blague, un simple cauchemar. Devant le bâtiment aux nuances bleus se trouvait un nombre incalculable de voitures de police, des chiens policiers et des membres du personnels discutaient si sérieusement qu’il eut pendant un instant l’impression de voir les images du journal télévisé. Matthew prit une profonde inspiration pour se donner du courage avant de sortir de sa voiture, il glissa ses clés dans sa poche avant de marcher d’un pas déterminé vers l’intérieur. Il passa les barrières de sécurité sans trop de difficulté, il n’accordait son attention à personne cherchant la seule personne dont il avait besoin en ce moment. Elle était là, près du bassin tortue, il la connaissait suffisamment bien pour savoir qu’elle était en train de mourir intérieurement, chaque parcelle de sa peau exprimait sa douleur « Di… » lança-t-il à son attention alors qu’un policier tentait de lui bloquer le passage. Il cessa de se débattre un instant pour lui lancer un regard si sombre qu’il aurait fait fuir n’importe qui « Si vous tenez à la vie, bougez-vous de mon chemin » murmura-t-il alors qu’il entendit quelqu’un le désignait comme le père de l’enfant. Il se dégagea de derrière les barrières et attrapa Diana dans ses bras, il la serra contre lui pendant un bon moment dans l’espoir que cet étreinte si futile soit-elle puisse apaiser sa peine « Qu’est-ce-qui s’est passé ?…  » demanda-t-il calmement alors qu’il était sur le point d’exploser intérieurement.

les tortues de mer nagent tranquillement dans leur immense bassin, loin de se douter qu'un événement tragique vient de se dérouler sous leurs yeux. seules témoins de l'enlèvement de kate, apparemment. kate qui est si intriguée par ses animaux aquatiques à carapaces, et qui demandait à en acheter une en peluche dans la boutique de souvenirs à la sortie de l'aquarium. kate qui les regardait sagement derrière la baie vitrée avant de s'évaporer. il aura fallut à peine quelques secondes d'inattention à diana pour que sa vie bascule, juste le temps de regarder dans son sac à main pour y trouver son téléphone portable. elle voulait juste prendre la fillette en photo. elle n'en a pas eu le temps. elle a cru que sa fille avait juste décidé d'aller voir d'autres poissons. mais elle est restée introuvable, malgré l'aide des salariés de l'aquarium et de quelques autres visiteurs. malgré la fouille minutieuse par la police. plus de kate. introuvable. les minutes qui sont devenues des heures. un interrogatoire par un flic, qu'elle a eu envie de baffer et de secouer pour qu'il retrouve kate au plus vite. et puis l'attente durant laquelle elle a appelé matthew. elle n'a pas réussi à lui expliquer. quelques mots entre deux crises de larmes. des explications trop floues, parce que la situation est elle-même floue. incapable de mettre des mots sur ce qui s'est passé. et maintenant elle attend, di. debout devant le bassin des tortues. les yeux fixant le vide. les larmes roulant sur ses joues trempées depuis longtemps maintenant. elle ne ressent plus rien, ou trop de choses en même temps. bug du système nerveux. silence, comme une pause dans sa vie, comme si tout s'était arrêté autour d'elle malgré le brouhaha ambiant. et puis une voix qu'elle reconnaît parmi toutes les autres. matthew qui l'appelle. la vie reprend. elle tourne la tête vers lui tandis qu'il se dégage d'un agent de police qui le retenait. et en moins de deux secondes elle se retrouve encerclée de ses bras forts. son endroit préféré dans lequel elle se sent en sécurité. elle pose sa joue humide contre la chemise blanche de celui qu'elle aime tandis que les sanglots reprennent de plus belle. « elle a disparu... kate a disparu. » c'est la seule chose qu'elle est capable de dire depuis tout à l'heure. « quelqu'un a pris mon bébé. » électrochoc, parce que c'est la première fois en une heure qu'elle se l'admet. quelqu'un a pris sa fille. c'est un enlèvement. et ça fait mal. elle a l'impression que chacun de ses membres est endolori. mal invisible mais destructeur. « elle regardait les tortues... je l'ai quitté des yeux pour chercher mon portable. je voulais juste la prendre en photo, matt. et elle a disparu. »

C’est un cauchemar, une torture, la douleur qu’il ressent est si intense qu’il a l’impression d’effleurer la mort. Comment peut-on faire ça ? Il se pose et repose cette question sans cesse jusqu’à arriver devant le barrage installé pour éviter le regard des trop curieux. Pour le bien de tous, ils les oublient, ces gens avide d’informations qui scrutent et prennent en photos le malheur des autres. Il inspire a de nombreuses reprises pour ne pas exploser, car malgré l’attitude calme qu’il tente d’aborder il est aussi dangereux qu’un volcan en éruption. Son regard se balade dans la foule, quelques membres des personnels sont interrogés, un type de la sécurité parle avec ce qui semble être un inspecteur mais pour le moment, la seule personne qui l’intéresse se trouve plus loin, le regard vide, assise seule. Ses bras l’entourent avec une force et un amour incommensurable, ils sont tous les deux pendant une fraction de seconde avant que la dure réalité ne les rattrape. Lentement, il se détache d’elle plantant son regard dans le sien « Elle a disparue… Kate a disparu » ces mots, ces paroles, sa voix tremblante lui glace le sang « … Quelqu’un a pris mon bébé » c’est donc réel, il avait espérait pendant un moment que tout ceci n’était qu’un mauvais rêve, que la lumière du matin le tirerait de son sommeil mais non. « Elle regardait les tortues... je l'ai quitté des yeux pour chercher mon portable. Je voulais juste la prendre en photo, Matt et elle a disparu. » sa main caresse son visage, essuie le larme qui roule le long de sa joue rosie « Je t’interdis de te sentir coupable ne serait-ce qu’une seconde d’accord ? Ce n’est pas ta faute » il n’est pas dupe, la moitié des personnes ici le pense, des parents indignent, il peut presque le lire dans leurs regards mais personne n’a d’importance, personne ne compte, aucun avis, aucune opinion en dehors de ce qu’ils pensent l’un de l’autre. Les bras et les mots de Matthew se veulent rassurant même s’il lutte intérieurement pour ne pas s’effondrer à même le sol, son cœur se serre, la douleur est vive comme du fer chauffé à blanc mais elle n’est pas assez forte pour l’abattre et le mettre à terre « Je la retrouverais, je te jure sur ma vie » dit-il d’une voix déterminé même s’il sait qu’elle le sait déjà. Sa main glisse dans la sienne, serrant un peu plus ses mains froides « Qui est courant ? Et qu’qu’ il-t-on dit pour le moment ? » il le voit venir à des kilomètres et l’idée qu’ils ont pu la laisser seule sans aucunes informations le tue un peu plus.

Tout ça n'est rien d'autre qu'un cauchemar. Elle va forcément se réveiller, diana. Et kate sera dans son lit. Elle ne peut pas avoir disparu. On ne peut pas l'avoir enlevé. Le déni, deuxième étape après un événement traumatisant. Juste après le choc, qui est la première. Le refus d'y croire, le cerveau qui se bloque, qui refuse d'accepter la situation. Pourtant tout est bien réel, l'agitation autour d'elle est là pour le lui rappeler. Le personnel de l'aquarium qui s'est réuni en groupe et qui chuchote à un bout de la salle, les flics qui s'affairent à l'autre. Et puis il y a monsieur et madame Collins, les parents de di, qui discutent avec des hommes en costards-cravates. Elle sait pertinemment qu'ils vont faire bouger toute la ville pour retrouver leur petite fille, et elle leur en est reconnaissante. Mais elle sait aussi qu'ils la blâment pour la disparition. Elle n'a pas été parfaite, elle a commis une faute, et ça ils ne le tolèrent pas. Un Collins se doit de ne jamais fauter. D'ailleurs, sa mère ne s'est pas gênée pour l'accuser d'avoir lâcher Kate des yeux un peu plus tôt, quand ils sont arrivés sur place. Ils ne lui pardonneront pas si on ne la retrouve pas. Mais ils vont la retrouver, il le faut. Parce qu'elle ne supportera pas de perdre sa fille, Diana. Elle ne supportera pas une douleur plus intense que celle qu'elle ressent déjà maintenant. Celle qui lui broie le cœur, qui l'empêche de respirer, qui fait flageoler ses jambes. Les bras de Matthew qui se referment sur elle l'apaise un peu, parce qu'elle se sent soudainement moins seule. Pourtant la douleur ne fait qu'empirer à cause de la culpabilité. C'est de sa faute si Kate n'est plus là, malgré ce qu'il dit. « Si c'est de ma faute, je n'aurais pas dû la quitter des yeux. J'aurais dû mieux la surveiller. » et elle fond en larmes une nouvelle fois contre le torse de l'homme qu'elle aime autant qu'elle déteste. Elle s'agrippe à lui comme si sa vie en dépendait, parce que s'il venait à la lâcher elle s'écroulerait, au sens propre comme au sens figuré. À ce moment précis, elle a besoin de lui plus que jamais. Ils vont traverser cette épreuve ensemble. Je la retrouverais, je te jure sur ma vie. Elle lâche un râle de douleur, de désespoir. Elle sait qu'il tiendra parole. Pourtant elle se doute que retrouver leur fille ne va pas être une tâche facile. S'ils la retrouvent un jour. « La police, j'ai été interrogée par l'un d'entre eux avant que tu arrives. Et puis mes parents... » elle fait un signe de tête en direction du couple un peu plus loin. Ils ne sont même pas venu soutenir Matthew, pas un geste, pas un regard. Ils ne l'apprécient pas. À cause de la grossesse avant le mariage, à cause de cette histoire de tromperie, à cause des premières pages dans les magasines people qui ternissent l'image de la famille. Elle leur en veut, Di, de faire passer leur fierté avant leur famille. « J'ai envoyé un message à Lula et Cece aussi. Et puis certains journalistes doivent être au courant aussi, il y avait des photographes tout à l'heure. La police les ont fait sortir. » demain, cette histoire fera la une de tous les journaux. Et elle ne sent pas prête à affronter la déferlante médiatique qui va s'abattre sur eux. « Pour le moment ils vont déclencher une alerte enlèvement. Et ils fouillent le secteur. J'ai juste envie qu'ils nous la ramène saine et sauve... »

Matthew ne l’avait jamais vu ainsi, si désemparée, si brisée, si peinée, cette simple image réveillait en lui une haine si sombre qu’il aurait pu infliger les pires tortures à la personne responsable de la disparition de leur fille. Mais il ne fit rien, il se montra le plus humble et le plus fort possible dans l’espoir de pouvoir apaisé un peu sa peine. Ses bras la serre pendant plusieurs secondes, durant un moment qu’il souhaiterait arrêté pour toujours mais la réalité, le bruit et le claquement du matériel policier le tire de ses pensées. A cet instant, des centaines de choses traverses l’esprit de Matthew qui ne pense plus en homme mais en avocat, son regard se balade un peu partout, accroche les détails les plus insignifiants avant de se poser sur les caméras. Elles ne sont pas à la pointe de la technologie mais ne sont pas non plus vieilles, elles ont vu quelques choses, c’est une certitude. Il cherche du coin de l’œil l’inspecteur, l’homme qui dirigera cet enquête mais avant, il se tourne vers sa brune, celle dont la main tremble dans la sienne. « Si c'est de ma faute, je n'aurais pas dû la quitter des yeux. J'aurais dû mieux la surveiller » il secoue la tête d’un geste vif et plante un regard qui se veut déterminer dans le sien « Arrête de penser ça, pour elle, pour moi… » dit-il d’une voix plus douce qu’auparavant « S’il te plait crois-moi quand je te dis que tu n’y es pour rien » lentement, ses lèvres déposent un tendre baiser sur son front. Peu à peu, elle semble se calmer, sa respiration stressée se fait plus régulière alors il profite de ce bref moment de repris pour l’interroger, savoir ce qu’il ignore encore et connaitre chaque détail des dernières heures. « La police, j'ai été interrogée par l'un d'entre eux avant que tu arrives. Et puis mes parents... » son regard suit le sien, il ne les aurait pas remarqué si Diana ne les avaient pas désignés, l’avocat leur accorde un bref regard avant de se tourner vers la jeune femme « J'ai envoyé un message à Lula et Cece aussi. Et puis certains journalistes doivent être au courant aussi, il y avait des photographes tout à l'heure. La police les ont fait sortir » il hoche la tête, ils les a vu en arrivant, ses vautours près à n’importe quoi pour une photo du couple phare, il image aisément les couvertures des différents torchons de la presse people qui paraîtrons demain « Ne t’inquiète pas pour les journalistes, je m’en occupe » quitte à débourser une fortune pour qu’aucune photo, qu’aucun article réellement utile ne paraisse. « Pour le moment ils vont déclencher une alerte enlèvement. Et ils fouillent le secteur. J'ai juste envie qu’il nous la ramène saine et sauve... » elle rentrera, promis » il le pense si fort qu’il est persuadé qu’elle pourra lire cette information dans ses yeux « J’ai appelé un ami pendant le trajet, il enquête en privé… il va voir ce qu’il peut faire pour nous aider » à cet instant, il se fiche de la police ou de leur opinion tant que Kate rentre à la maison. « Viens… » sa main toujours dans la sienne l’entraine vers une immense tale rempli d’ordinateur et de matériel informatique installé par les policiers « Ce sont les vidéos de surveillances ? » il laisse un bref moment de silence pour que l’inspecteur puisse lui répondre « Laisse-nous y jeter un œil » son ton ferme ne lui laisse guère le choix, il se décale laissant la chaise libre pour que Diana puisse s’y installer « Regarde, tu te rappelleras peut-être d’un visage, d’un regard, d’une voix… » le kidnappeur, elle est la seule capable de l’identifier.