et ils vécurent heureux.

on y est. son chauffeur lui annonce. il souffle un bon coup, regarde la maison qu'il y a face à lui. au moment où il sort de cette voiture, toute cette histoire va être réelle. il s'apprête vraiment à rencontrer sa futur femme. il s'apprête vraiment à se plier aux cordes royales, à faire c'qu'on lui force. parce que cette fois-ci, il a perdu la partie. il s'oblige à faire c'qu'on lui a demandé parce qu'il n'a vraiment pas eu le choix.
il souffle un bon coup, et fini par ouvrir cette portière.
putain.

sans trop d'étonnement, ses gardes du corps sortent avec lui. la règle est très simple, non seulement il doit se marier avec cette femme, mais il doit aussi se coltiner les gardes que papa et maman ont pris soin à engager. mais camille, il impose aussi ses règles ; ils restent dehors. hors de question qu'il fasse peur à cette femme en plus de toute cette histoire de merde. puis il ne sait même pas son prénom, il ne sait même pas à quoi elle ressemble.
il fait juste c'qu'on lui a demandé. comme un p'tit con, bordel.

il marche lentement, en plus, il fait froid à new york. et il n'a pas encore pris toute ses affaires. il n'a pas non plus eu le temps d'aller voir la villa qu'ses parents lui ont acheté pour sa nouvelle vie. à peine son avion a posé ses roues en amérique qu'il doit suivre le protocole à la lettre. sans exception, bordel.

il toque.
attend.
trop longtemps.

puis la porte s'ouvre.
c'moi, ton mari. voix froide.
il s'tient à l'écart, presque.

crève d'envie d'être partout, sauf ici.

Depuis plusieurs jours, tu n'avais guère fermer les yeux, sans doute à cause de cet homme rôdant autour de ta boutique ou de ce drame qu'avait frappé Claio. Il est à l'hôpital, dans une fâcheuse position et toi, impuissante, tu ne pouvais rien faire à part attendre qu'il n'ouvre les yeux, tentant de reprendre conscience de cette réalité qui l'entourait. Les malheurs s'abattaient les uns après les autres, foudroyant ton moral, maquillage contre ton visage, cachant les traits piteux de ton être. Ton coeur se retrouvait meurtri, pressé comme un citron jaune que l'on s'amusait à serrer de toutes nos forces pour en extraire le jus. Voilà comment tu te sentais et malheureusement pour toi, rien n'allait faire en sorte que tu redeviennes cette femme enjouée, celle qu'on avait l'habitude de côtoyer. Assise contre ton canapé, telle prise dans cette carapace dorée qui te servait de couverture, tu observais les nombreuses chaînes, sans trouver la chaussure à ton pied. Il se faisait tard, cette envie de dormir dans les moindres secondes à venir, envie de te laisser détendue dans les bras de Morphée. Aussitôt la télévision fermée, tes pieds touchant le sol, quelques coups contre la porte rompaient le silence, te faisant quelque peu sursauter, palpitations cardiaques venant à battre contre ta cage thoracique. Qui pouvait se rendre jusqu'à la porte de ton appartement ? Étais-ce cet homme, ne voulant pas ton bien ? Une inspiration, te voilà marchant, voguant jusqu'au bois, posant tes doigts contre la poignée, refoulant tout agissement corrompue. Tu ouvres lentement, observant l'inconnu de haut en bas, presque aux aguets. Ne te laissant aucune chance de répondre, il te lance cette nouvelle, bombe atomique, prunelles s'ouvrant à leur pleine grandeur. Non, vous vous êtes trompés de numéro. Au revoir Tu claques la porte, posant ton dos contre cette dernière, fermant les yeux, impossible. Non, cela ne pouvait pas être vrai, ça n'existe que dans les vieux pays, mariage forcé entre deux personnes. Tu te recules finalement, te disant qu'il risquait de partir si tu le laissais en plan.

wow. c'est sa première réaction quand il entend la porte qui claque. déjà qu'ça le gonfle, cette histoire, il espère sincèrement ne pas devoir nager derrière elle. parce qu'il n'a pas le choix. lui non plus n'a jamais voulu ça. lui aussi il préfère r'partir loin, r'tourner en angleterre, l'aimer à lui. mais ce 'lui', il n'sait même pas où il est. il est parti, du jour au lendemain, et camille s'est retrouvé bien trop seul.
et il est là, bordel.
là à attendre comme un con sans trop savoir comment réagir. il ne peut même pas faire demi-tour parce que sinon, on lui coupe tout. et ça lui semble presque inimaginable. alors tant pis. il choisi la manière de la force, entre chez elle sans attendre plus longtemps. il lui tend immédiatement le papier écrit par son père à elle, et signer par la reine elle-même. ça a l'air extrêmement con, mais pourtant, c'est bien cette triste histoire qui leur tombe dessus. moi non plus, j'en ai pas envie. qu'il souffle. il est droit, froid. il connaît pas vraiment new york, connaît encore moins cette fille. et s'il n'était pas autant sur la défensive, il aurait pris le temps de la trouver vraiment jolie. parce que c'est le cas,
cette fameuse fille est vraiment jolie.

lena c'est ça ? moi c'est camille, mais t'as sûrement dû entendre parler d'moi sur tous les réseaux sociaux, sur tous les magasines. y'a des gardes aussi, d'vant chez toi. bienvenue dans la famille royal. il pose son sac à l'entrée, sans rien faire d'autre. il se sent même pas à l'aise.

donc madame armstrong, on attend ou on fait déjà les préliminaires ? autant tester la qualité.

connard,
méchant,
froid.

juste pour s'protéger.

Refermant la porte dans cette figure, cet homme semblant totalement perdu et toi de même, nouvelle dont tu n'as guère envie de connaître, voir un dénouement final à tout ce cirque. Tu penses à Claio, comment allait-il digérer la nouvelle ? Vous qui vous étiez rapprocher pendant ce long moment, protection depuis que tu lui as fais mention d'un homme rôdant autour de ton magasin, tueur à gage peut-être, tu n'en sais rien. Toutes ces idées défilaient dans ta tête, les palpitations cardiaques présentes, ce coeur de fer voulant rompre ta peau, s'évader au galop. Gardant une certaine distance entre la porte et ton corps entier, cet inconnu pénètre à l'intérieur, de force et sans demander ton consentement. Tu restes surprise, prise au dépourvu et ne sachant que faire de cet homme, celui se désignant comme ton mari, dans un futur proche. Il est là, en face de toi, papier en main, vérité éclatant au grand jour. Quoi Tu restes sans bouger, la main attrapant le bout de papier qu'il te présente, avouant la vérité comme une claque en pleine tronche. Tes lobes observent ce qui se présente à toi, lit les grandes lignes, sans prendre le temps de mémoriser tout le paragraphe en entier. Camille de son prénom, reste néanmoins sur la défensive, en désaccord avec ce qui se passe, tout comme toi. Pourquoi devrais-tu sourire en temps de modestie ? Je n'ai jamais entendu parler de toi, désolée Les magazines à potins, n'avaient jamais été tes favoris, ceux que tu détestais lire car tout ce qui sortaient en ces pages, n'étaient qu'un tissu de mensonge. Il était beau, emmerdant mais devait certainement savoir qu'il plaisait à cette gente féminine. Pourtant, tu te demandais si c'était une bonne idée, de lui faire confiance ou non. Il y a d'autres princesses, beaucoup plus narcissiques que moi pour faire ce genre de boulot... Tu restes confiante, peut-être qu'en se battant vous arriveriez à un terrain d'entente. Non je refuse à ce que l'on soit uni tous les deux, ça ne pourra pas se faire... Je ne te connais pas et de ce que je peux voir, nous sommes incompatibles tous les deux.

la situation s'annonce bien plus difficile que ce qu'il souhaiterait. il ne sait pas comment faire camille, parce qu'il rêve de faire demi-tour. il rêve de r'prendre l'avion et d'repartir en angleterre. il rêve de le retrouver lui, d'entendre à nouveau sa voix. mais il ne le fait pas. parce que malgré tout, c'est important pour sa famille. pour une fois, ils comptent sur lui pour ne pas qu'il fasse mal les choses. et camille, il n'demande que ça, d'voir de la fierté dans leurs yeux. il veut leur montrer qu'ils peuvent lui faire confiance.
alors oui, oui il entre chez elle sans aucune honte parce que de toute manière, on n'peut rien lui refuser. sa classe dans le monde lui vaut tous les droits. il s'présente même plus camille, étant persuadé qu'elle le connaît. alors forcément, il s'sent petit d'un coup. il avale difficilement. il souffle un bon coup. bon. bon, j'm'appelle camille. camille armstrong. il lui tend sa main et lui offre le plus beau sourire qu'il a dans son stock. aimable.
elle proteste, refuse. et il a la bouche qui doit être sur le point de tomber sur le sol. camille ne sait pas comment s'y prendre. il n'a pas l'habitude qu'on lui refuse quelque chose. encore moins un mariage. lui n'est absolument pas content d'ça, mais ... depuis quand une fille se refuse la vie d'une princesse ? j'suis désolé, mais on a pas vraiment le choix. il se montre malgré tout plus doux, loin du petit con qu'il y a eu il y a quelques minutes. moi non plus, j'veux pas. mais malheureusement on a pas l'choix. donc... va falloir que tu apprennes à faire la révérence.

Maudissant ton paternel, ces mensonges dont il t'avait caché, cette envie de quitter New York, de s'enfuir le plus loin possible. Pourquoi avait-il décidé d'unir ta destinée avec un homme dont tu ne connaissais rien ? Une bâtarde, voilà ce que tu étais, loin d'être princesse adorant la vie de château, celle dont tu as souvent lu dans les contes de princes et princesses. Une autre femme pouvant prendre ta place, tu n'en ferais aucun tort, heureuse qu'il ait trouvé chaussure à son pied. Il est ferme, presque ingrat dans ses paroles, ce qui a tendance à te toucher en plein coeur, emmerdée par ce genre de situation, toi qui était déjà perdue avec Claio sur les bras, renflouant les sentiments que tu pouvais posséder envers lui. Jamais n'étais-tu tombée amoureuse d'un homme, cette peur toujours présente de devenir martyrisée par la gente masculine, cette envie de ne pas revivre les plaies du passé, toujours marquées au fer rouge. Tu pouvais pleurer, montrer que tu n'as guère envie de suivre les renseignements inscrits sur ce bout de papier sauf que cela ne changerait pas votre situation. Voyant que tu ne connaissais pas sa petite personne, celle qu'il semblait dire être, tes lobes baissèrent contre sa main, s'offrant à toi. Devais-tu cracher au sol ou baisser les armes, voulant peut-être lui offrir une seconde chance, celle dont il ne devait gaspiller. Lena La première impression n'est jamais la bonne, pourtant tu restes persuadée qu'entre chaque être, se cache quelqu'un de commun. Empoignant sa main, geste relativement poli, tu la relâches aussitôt, ne sachant comment réagir, devais-tu garder cet air désastreux ? Comment allais-tu annoncer la nouvelle à Claio ? Toutes questions laissant planer un doute, coeur battant la chamade en ton fort intérieur, ne sachant guère comment faire. Souffle chaud s'échappant de tes lippes, tournant ton corps, pressant de ta main, ton front. Jamais ne t'étais-tu attendu à te retrouver dans une telle impasse, celle de devenir princesse du jour au lendemain, mariée à un homme qui semblait détenir tout ce que tu n'as jamais eu. Alors, qu'est-ce qu'on doit faire Tournant la tête vers lui, bras croisés contre ta poitrine, cet air sérieux, perdue. Peut-être étais-ce mieux pour Claio, que tu laisses libre cours à ton imagination, que tu n'es pas celle qu'il lui faut. Se pavaner tous les deux, faire croire aux gens que nous sommes heureux alors qu'en réalité, ce n'est pas le cas ?