come back to me (jula)

« je ne veux pas plus de vingt journaliste dans la salle. et s'ils n'ont pas leur carte vous les refoulés à l'entrée ! » tu as ton bloc note dans les bras, ton laisser passer accroché à la poitrine au niveau de ta petite veste de tailleur beige. Tu parles avec l'un des membres de la sécurité, parce que tu sais qu'il est ici. pas loin, tu l'as croisé, tu l'as vu, t'as même croisé son regard. tu ne veux pas le voir, pas maintenant. tu ne veux pas le voir et perdre tout tes moyens. tu ne veux pas le voir, partir dans une colère noir. t'es rancunière comme fille, mais surtout, tu es blessée, brisée par l'homme qui disait il y a quelque semaine encore qu'il t'aimait. Alors tu l'ignores, parlant avec l'agent et lui donnant les instructions. Tu es l'attachée de presse du gouverneur, ton père, et en ce moment il n'a pas la vie facile avec la mort de ta mère. ton père, il aimait sa femme comme au premier jour, et leur couple était un véritable modèle pour toi. toi aussi, tu souffres de son absence, parce qu'elle était normalement avec toi dans ces moments là, parce qu'il y a tellement de chose que tu voudrais lui dire, des conseils qu'elle aurait du te donner pour ce qui se passe dans ta vie. Mais pour le moment tu fais comme si tout allait bien, comme si tu avais toujours le sourire sur tes lèvres, comme si dans ta vie il n'y avait aucun nuage. Pourtant c'est difficile, mais tu grande la tête haute. pour ton père, tes frères et sœurs. Tu souris a l'agent et tu reprends ton chemin, t'éclipsant alors pour rejoindre ton père et lui rappeler les choses qu'il doit dire. tu embrasses sa joue et tu le laisse faire son discours. Tu regardes autour de toi depuis cette place qui est la tienne. et tu le vois a nouveau. ton regard ne montre que la colère et le mépris que tu as pour cet homme et pourtant, ton coeur loupe un battement, ton corps réclame le sien. mais hors de question. Tu ne dis rien, l'ignorant un peu plus. La conférence de presse finit par se terminer, ton père s'est débrouiller comme un chef et tu lui dis de rentrer, qu'il peut partir et que tu régleras les détails. Tu finis par reprendre du service, remerciant les journalistes pour leur calme et leur compréhension au vu de la situation. la mort de ta mère a fait la une des journaux, et tu veilles à ce que ces gens ne brisent pas les défenses de ton père consternant la femme qui a partagé sa vie depuis près de trente ans. Tu remercies les techniciens aussi alors que tu vas pour partir, allant chercher ton sac et rangeant tes papiers dedans. Mais c'est en repartant que tu tombes de nouveau sur lui. Sa voix, ton prénom dans sa bouche, t'interpelle, te fait frissonner. « Qu'est-ce que tu fais ici, Jules. c'est pas vraiment ton job la sécurité des lieux. » tu n'es pas idiote. Dans ta voix, froide, glaciale, tu ne veux pas montrer que sa présence te déstabilise. tu ne voulais pas lui parler, parce que tu ne sais pas comment, ni même si tu dois lui dire, que tu es enceinte. Pour le moment tu gardes le secret.

Il t'a menti. Il s'est moquait de toi, il te disait des mots doux avant de quoi, rentrer chez lui voir sa femme ? Non, tu ne peux pas lui pardonner ces moments de tendresse et de bonheur que tu as eu avec lui, parce que ces moments n'étaient que du vent, qu'un tissu de mensonge qui aujourd'hui te met dans une mauvaise position. Non, tu refuses de lui pardonner et dans tes yeux tout est perceptible à la première seconde. tu l'aimes, certes, encore malgré tout, mais ta colère n'est en rien accru par les hormones de grossesse et les sautes d'humeur. cette colère là c'est bien la tienne et tu lui balances a la fichu, dans une voix froide, une grimace de dégoût déformant presque ton si doux visage. Tu lui poses la question, parce que tu veux savoir ce qu'il veut, ce qu'il fait ici, ce qu'il cherche à tout prix à avoir devant toi. ton pardon ? jamais. tu vis dans un monde ou la politique t'as appris énormément durant des années. tu connais les hypocrites, les faux semblant et tu sais que tu vas bientôt devoir faire pareil pour protéger ton père et ton bébé à naître. Mais le pardon, c'est bon pour les croyants et toi, tu ne sais plus en quel dieu croire. Quand il finit par te répondre, tu écoutes, le coeur battant, le coeur saignant. Ca te fait mal d’être face à lui, de ne pas pouvoir le toucher, de ne pas pouvoir te blottir dans ses bras comme tu le faisais auparavant. Tu voulais que votre relation reste secrète, parce que ton père est le gouverneur, parce que tu sais que les journaux font tout un bordel pour rien du tout, pour pouvoir vivre pleinement votre relation a l'abris de tout cela. mais finalement tu te dis que ça a bien du l'aider, pas de risque que sa femme ne l'apprenne. Ça te dégoûte. Il dit qu'il est venue de voir, ça tu t'en doutais, mais ce qui te rend furieuse c'est de l'entendre parler d'un "nous". Et là, c'est plus fort que toi, la main se lève et la gifle retentit. Sa claque, violence non contrôlé, rage défoulée. tu le fusilles du regard. Durant la gifle, il a surement pu sentir cet anneau autour de ton doigt, anneau en or, une alliance, une bague de fiançailles possiblement. Pourtant tu n'es rien de tout cela, mais l'idée de ton père n'était pas mauvaise, utiliser la bague de ta mère pour éloigner les journalistes, surtout quand ton ventre commencera à se voir. « nous ? y'a plus de nous. fallait pas me prendre pour une idiote. pas me mentir. » que tu dis, mais t'es prête à tourner les talons, pour partir loin. sans même lui dire qu'au creux de ton ventre grandit son enfant. t'es pas encore prête à lui dire, pas encore prête pour l'avouer. plus tard, et puis le lieu n'est pas propice à tout cela. « si vous voulez bien m'excusez, commissaire-adjoint Bennet, j'ai des choses à gérer. » tu tournes les talons, le coeur lourd et serrer, la boule au ventre, les larmes menaçant de perler sur tes joues pales.

Tu veux partir, fuir. tu veux être loin de lui, ne plus l'avoir devant toi et ne plus avoir son visage devant le tient. parce que tu ne peux pas fuir, il te rattrape. ces mots, qu'il pensait ses déclarations, qu'il pensait ses je t'aime, qu'il était sincère. t'as juste envie de le giffler une fois de plus, envie de lui mettre la trace rouge de ta main sur l'autre joue. Tu serres les dents, non tu ne lui diras pas pour le bébé aujourd'hui, parce que t'es vraiment pas en état pour ça. Ses mains sur tes joues, glissant pour sécher tes larmes comme lorsque tu as perdu ta mère, quand il etait là pour toi à te réconforter avant que tu ne redeviennes forte pour tes proches. il n'y avait qu'avec lui que tu pouvais lâcher prise, qu'avec lui durant tes nuits ou tu pouvais sangloter sans avoir peur. Tu recules, son visage trop proche du tient, et s'il ne veut pas une seconde baffe il vaut mieux que tu recules c'est sur. il continue de parler, mais s'en est de trop pour toi. « stop ! arrête tes conneries ! tu m'as menti ! pendant des mois tu m'as menti ! alors ne vient pas me dire que tu étais sincère ! tu mens comme tu respires ! » c'est peut-être dur ce que tu dis mais voilà que la colère parle et heureusement il ne semble y avoir personne dans le coin. il ment, il continue de te mentir en affirmant qu'il etait sincère alors qu'il est comme tous ces hommes qui t'ont fréquenté, voulant de l'avancement ou juste passer du bons temps sans même penser a tes sentiments. et toi, encore une fois, t'as cru qu'entre vous c'était sérieux, que c’était fort et que ça pouvait durer toute une vie. tu pensais déjà au moment ou tu l'annoncerais à ta famille, ou tu le présenterais à tes sœurs et a ton père, ou vous annonceriez vos fiançailles. parce que t'es une fille qui rêve toi. une fille qui veut se marier, qui veut mettre une jolie robe et avoir une belle pièce montée. mais tout ca, c'est partie en fumée en quelques secondes seulement. tu recules de lui, un pas en arrière. t'as faillit poser une main sur ton ventre, par réflexe. mais tu glisses tes mains dans tes cheveux, les passant en arrière alors que tu grognes. « casse toi oui c'est ça ! retourne voir ta femme ! » et toc ! tu finis par tourner les talons pour partir, les larmes sur tes yeux toujours. Tu passes une main sur tes joues pour les sécher, faisant quelques pas vers la sortie. il faut que tu quittes cet endroit, que tu t'éloignes de lui, que tu prennes ta voiture pour repartir au bureau, que tu bosses, encore et encore, surtout depuis votre rupture. ça te permet de ne pas réfléchir, de ne pas pleurer. ça te permet d’être forte et de garder la tête haute.