amitiés ou amours estivales (kara)

t’es rouillé. plus d’un mois sans entrainement et voilà que t’es plus capable de synchroniser jeux de jambes et contres. un sentiment de frustration grandit en toi tandis que tu perds une nouvelle fois la cadence. bordel t’es asher king. le mec sorti de nulle part. le p’tit joueur sur qui personne ne misait. et pourtant t’en as fais du chemin. c’est toi le dieu maintenant. toi qui joues dans la cour des grands. comment la roue a t-elle pu tourner aussi tragiquement ? t’as à peine profité de ton heure de gloire. à peine commencé à te faire un nom parmi les étoiles. tu t’en fous de l’avis médical, s’il le faut tu crèveras sur ce ring mais tu comptes bien te faire une place au soleil. en attendant ce jour béni tu te retrouves à boxer dans le garage de ton frère. t’y as installé un sac de frappe suspendu depuis le plafond. toni t’a bien proposé meilleur endroit pour exposer la bête mais tu préfères t’entrainer là. ça te rappelle l’ambiance terne et humide du ring. cette odeur de renfermé qui t'es si chère aujourd'hui. entre deux attaques, tu ne peux ignorer ce foie qui se rappelle chaque instant à toi. il se languit d'un peu de tranquillité. t'es désolé pour lui car tu ne craqueras pas. une heure passe avant que tu ne lui octroies la première pause de la session. t'aurais bien continué mais il insiste, alors tu n'as plus le coeur à lui refuser. tu te baisses pour ramasser la bouteille d'eau préalablement posée sur le sol lorsqu'une voix fluette résonne à tes oreilles. tu relèves la tête et là dans l'encadrement de la porte de garage, laissée ouverte dans un souci de régulation thermique, se trouve cette fille. la fille. celle qui t'a ensorcelé tu ne sais comment, tu ne sais quand. kara ? tu te mords la langue, t'es pas censé te rappeler son prénom mais la surprise est trop grande. tu ne l'as pas revu depuis ta blessure. t'es l'unique responsable. c'est toi qui a brusquement mis fin à vos échanges. t'étais pas censé t'attacher, pauvre minet que tu es. c'est pas dans tes habitudes. tu te la joues stalkeuse ? t'as aucune idée de ce qu'elle fout là. t'as bien envie de te montrer farouche mais juste à la voir t'as mémoire de vos ébats. à chaque fois plus charnels, plus entrainants, plus endiablés. de ses mains à des endroits stratégiques de ta personne. de son déhanché affolant. l'envie soudaine d'elle te pique.

Spoiler:

il est presque onze heures et tu te demandes encore ce que tu fous à ce brunch insipide. il y a trop de monde, les gens parlent trop fort et il ne se passe pas vraiment grand-chose. tu as exhibé ta nouvelle robe bleue, tes bottines camel et ton plus beau sourire de circonstance. ton père est en pleine campagne de communication, vous devez montrer à quel point la famille macpherson est une famille soudée, qui se sert les coudes pour pouvoir passer outre le dramatique accident qui a eu raison de ta mère. il est évident que comme à chaque rassemblement similaire, tu a encore eu droit aux câlins pour dire bonjour, aux « ma chérie » venant d’une fille qui ne sait pas épeler ton prénom, aux émotions un peu exagérées et aux compliments qui sonnent faux. clara papillonne, fait des bises et papote. lara et toi la regardez à moitié amusées par son manège auquel vous avez joué bien souvent. tu es en plein échange de texto avec toni. tu dois passé récupérer de la marchandise chez lui pour ce soir, histoire de te plonger encore une fois dans un éphémère plus ou moins précaire mais qui a l’immense avantage de te faire tourner la tête et noyer tes angoisses. tu intimes à ton double de dire aux autres que tu avais légèrement mal à la tête et quittes les lieux au plus vite. tu montes dans ta voiture et te mets en route. tu essaies de te frayer un chemin entre les embouteillages, la pollution et les klaxons. tu as un bon quart d'heure d'avance, mais ça ne t'empêche pas d'aller voir si il est chez lui. plus vite la transaction sera faite, plus tu seras tranquille. contre toute attente, tu découvres que le garage de la maison de ton dealer est ouvert, tu l'aperçois même en train d'assener des coups à un sac. tu écarquilles des yeux lorsque tu vois que ce n'est pas de toni qu'il s'agit. je... il est là. ton apollon des temps modernes. fatalement, tu t'emmêles un peu les pinceaux. tes mains se dirigent machinalement vers la sangle de ton sac pour la triturer - foutu tic nerveux. ash? un murmure qui te rappelle toutes les fois où tu as prononcé la première syllabe de son prénom lors de vos étreintes. tu es à la fois étonnée et embarrassée de le revoir là. à cet instant précis. mais surtout tu lui en veux. il t'a fait beaucoup de peine en disparaissant brusquement de ta vie. sans jamais te donner d'explications. tu as trouvé son comportement presque humiliant. où est toni? après tout, c'est pour le voir que tu es là. tu ne savais même pas qu'ils étaient amis, ou même qu'ils se connaissaient. tu ignores la question - quasi rhétorique, qu'il t'a adressée. comme si tu n'avais que ça à faire, courir après des gens qui n'veulent pas de toi. et bien que tu aies - toi aussi, un tas de questions à lui poser, tes lèvres restent sellées, ta fierté étant bien trop ébranlée pour te permettre de lui taper la discussion.

t'as rencontré asher en soirée. le feeling est tout de suite passé entre vous. ce soir là, t'avais remarqué un visage que tu n’avais jamais vu. effet de nouveauté ou réelle attirance ? un petit jeu de regard s'en est suivi. et fatalement, t'as atterrit dans son lit. au début, c'était censé être l'histoire d'un soir. t'es le genre de fille qui se jettes dans des bras sans le moindre émoi, juste pour combler son indicible vide. des bras qui te désirent autant qu’ils te rassurent. mais justement, les bras d'asher, ils étaient trop rassurants et ses oreilles un peu trop attentives. t'as commencé à l'apprécier. un peu. beaucoup. jusqu'à ce qu'il s'évapore. une chose est sure, c'est qu'il t'a marqué au point de te mettre légèrement mal à l’aise dans la maison de ton dealer où tu pensais trouver de tout à part un soupçon d’émotion. tu t'adresses à lui avec cette froideur que s’imposent les gens qui n’assument pas d’avoir partagé une intimité. tu vois ses yeux s'assombrir lorsque tu prononces le nom de toni. tu détestes le ton qu'il emploie pour te parler. tu t'apprêtes à lui répondre que ça ne le concerne pas, mais il te coupe dans ta lancée supposant que tu es la pour de la drogue... ou du sex. et là, y a ta main qui atterrit sur sa joue. impulsive, t'agis sans réfléchir - comme d'habitude. parce qu'il est blessant. beaucoup trop. parce qu'en plus d'avoir amoché ton ego en te laissant sur la touche, il ose te parler comme on parlerait à une fille de joie. on est pas amis asher, alors, évite de trop prendre la confiance. tu sais que ce n'est pas fini. tu sais qu'il n'acceptera pas le fait que tu lèves la main sur lui, mais ce n'était pas démérité. en plus, il n'a absolument pas le droit de te demander de lui rendre des comptes - même si quelque part, ça prouve qu'il est jaloux. mais pourquoi le serait-il? c'est lui qui t'as lâché du jour au lendemain. surement pour une autre, d'ailleurs.  

rares sont ceux à avoir jamais osé lever la main sur toi. on le sait, à la musculature de tes épaules, aux vibrantes veines agrémentant tes bras, que t'es pas un mec à emmerder. quand on apprend à te connaître on le devine également par ce goût de la violence qui t'anime bien trop souvent. né les mains dans le sang. tu t'en délectes, sur un ring comme au détour du premier abruti rencontré dans la rue. la plus simplette des opportunités est prétexte à voguer sur le carrefour de l'agressivité. tu t'y déchaines jusqu'à plus soif. alors non, personne n'est assez fou pour te défier. personne sauf elle. elle en tient une belle paire. tes crochets ont leurs limites. à cet instant c'est son genre qui prévaut. t'es pas un enfoiré, tu bats pas les femmes. tu te contentes de te mordre la langue, assez fort pour sentir un goût de fer s'étendre dans ta bouche. la douleur par la douleur. tu conjures le mauvais sort. t'esquisses un sourire arrogant. parfois, t'es le parfait connard de ton père. tu enjambes le mètre et demi qui vous sépare et approche son visage du sien. vos nez à seulement quelques centimètres l'un de l'autre. tu dépasses de dangereuses limites, princesse. le ton est rude, froid. jeu auquel tu as l'habitude de jouer. vos regards se fixent. ceux hier si sensuels ne sont plus que colère pour l'un et amertume pour l'autre. l'égo est blessé mais elle oubliera vite cette mésaventure. tu seras pas le dernier connard à croiser son lit. elle s'y fera. vos deux corps perdus dans l'instant du moment, tu finis par t'éloigner. non sans admirer une dernière fois la sensualité de ses lèvres. ta langue salive les tiennes d'envie. mon frère est dans le salon. essaye de pas être bruyante. ses cris de plaisir qui t'ont été réservés. tu pourras pas supporter les entendre pour un autre. tu lui accordes un dernier regard avant de reconcentrer ton attention sur le sac de frappe. ou d'essayer. kara dans la pièce, ton attention ne pourra se focaliser sur autre chose. tu fais mine. histoire de sauver les apparences.   

t'as grandit dans un milieu plutôt sain. sans violence. tu ne sais donc pas vraiment faire la distinction entre les personnes agressives et celles qui ne le sont pas. la petite princesse que tu es, n'a donc aucunement l'impression d'avoir franchit une quelconque limite. cette gifle est partie, comme ça, parce qu'il t'a manqué de respect. t'aurais très bien pu l'insulter à la place, ça n'aurait absolument rien changé. t'es convaincue de ne pas être capable de faire mal à un homme de sa carrure. et lui faire physiquement mal n'était pas réellement le but. t'as juste eu ce besoin d'extérioriser ta colère. et quand s'approche de toi, effaçant la distance qui vous sépare, y a ton rythme cardiaque qui s'accélère. c'était pas prévu, ça. votre proximité fait monter ta chaleur corporelle. t'as beau lui en vouloir, t'as beau avoir envie de le haïr - de tout ton coeur, ton corps le réclame. l'atmosphère est électrisante. tu te pinces l'intérieur de la joue un peu trop fort pour t'obliger à froncer les sourcils. il est hors de question que tu lui donnes la satisfaction de savoir à quel point il te trouble. t'as beau avoir réussi à rester stoïque lorsqu'il n'était qu'à quelque millimètres de toi, tu n'arrives pas à cacher ton étonnement lorsque tu apprends que toni est son frère - alors qu'en soit cela aurait pu te paraitre évident. tu lèves les yeux au ciel en réponse à sa petite allusion. l'ignorance est le meilleur des mépris. il peut se les garder ses commentaires impertinent. tu ressors quelques minutes après avoir effectué ta transaction avec son frère, un petit sachet de poudre blanche et quelques cachets en plus dans le sac. tu peux arrêter de fantasmer maintenant, j'suis juste venue chercher de l'herbe. tu lui lâches sans t'arrêter. pour le piquer. pas besoin de préciser que tu as menti au sujet du type de marchandise que tu es venue chercher. tu ne sais pas vraiment pourquoi tu fais ça. tu n'as pas à te justifier, même si tu connais son rapport à la drogue. l'une des nombreuses confidences qu'il t'a faites sur l'oreiller.

tu laisses ton regard s'échouer sur sa silhouette quand elle quitte le garage pour l'intérieur de la villa. tu demeures un instant aux aguets, prêt à discerner toutes exclamations de plaisir sexuel. mais rien. une part de toi se sent con. si idiot d'avoir cru en sa petite vertu. ça te rassurerait presque que toni soit son dealer. presque. car tu bouillonnes d'une toute autre furie. la jalousie repassée et rangée, tu t'aventures sur des émotions périlleuses. à te sentir responsable d'une gamine que tu connais à peine. une gamine qui t'a aujourd'hui en horreur. tu laisses une partie de ta colère s'évacuer à travers tes poings. le ballet des coups a repris. plus intensément qu'au préalable. toi qui mise tant sur ta force pour te protéger. tu en es dépourvu auprès d'elle. incapable de toute violence. sauf celle des mots. c'est ta deuxième arme. t'en uses aussi facilement que tes u-percuts. quand tu penses ne plus la revoir, kara fait une nouvelle apparition. tu te fais la remarque qu'elle a délibérément choisi de quitter les lieux par le garage et non la porte d'entrée. ça t'fait chaud au coeur. puis tu rembobines tout. pourquoi ce sentiment de satisfaction ? pourquoi cette impression de t'attacher à elle ? c'est pas toi ash'. tu t'attaches pas bordel. tu la trouves tout de même mignonne quand elle prend ses grands airs et te lâche ce que tu savais déjà. sa consommation de drogue. tu frôles le cliché d'la gosse de riche. c'en est pathétique. t'attends une réaction. tu pries pour une réaction. soyons honnête, tu connais rien d'elle mais t'es assez confiant pour affirmer qu'il n'y a rien dans sa vie qui puisse "justifier" sa consommation. juste venue chercher de l'herbe qu'elle te dit. t'en as trop vu des gamins détruire leur avenir pour minimiser la chose. tu soupçonnes son goût pour la drogue plus prononcé mais tu ne dis rien. qu'elle se sente jugée. tant mieux, ça lui fera les pieds. car tu la juges. t'as pas envie de la voir s'enfoncer là-dedans. là encore c'est pas tes affaires mais ton coeur parle pour toi. tu le laisses s'exprimer comme on accorde au condamné à mort son dernier repas. tu fais mine de continuer ton combat solitaire, sans jamais t'arrêter, sans jamais la regarder. tu lui tournes le dos et tu pries pour une réaction. n'importe laquelle.  

tu quittes la maison de toni en passant inconsciemment par la porte du garage. tu n'sais pas vraiment si c'est parce que t'as envie d'lui balancer une désobligeance ou parce que t'as ce besoin viscéral de le revoir avant de partir. quitte à choisir, tu préfères la première option. malheureusement, tu ne peux pas contrôler ton coeur. ni tes envies. asher, lui, ne peux apparement pas contrôler son animosité à ton égard. animosité que tu juges complètement infondée. tu ne lui as absolument jamais rien fait. tu ne lui en as même pas vraiment voulu de t'avoir mis sur la touche, parce qu'en soit, il n'a jamais été question d'engagement entre vous. t'avais naïvement imaginé que votre relation aurait pu évoluer... mais don juan s'est tiré trop vite pour que tu puisses vraiment y croire. ça semblait pas vraiment te déranger quand tu me faisais les yeux doux... tu l'observes se déchainer sur son sac de frappe. t'as du mal à le comprendre et c'est frustrant. n'importe quel mec qui aurait été à sa place se serait contenté de t'ignorer. pathétique, comme il dit. tu te sens conne. tu n’avais qu’à pas te laisser embobiner aussi facilement. tu n’avais qu’à ne te jeter dans les bras d'un inconnu. mais tu es une fille, alors tu t’es fait berner facilement. c’est toi qui te sens conne alors que c’est lui le salaud. mais il faudrait croire que la virilité et l’impunité vont de pair. tu n'arrives pas à comprendre ce qu'il pourrait bien te reprocher. tu refuses de croire que c'est simplement un connard. tu sais asher, j'aurais jamais perdu mon temps avec toi, si j'savais que t'étais le genre de mec à changer du tout au tout après avoir eu ce qu'il voulait. tu lui lâches alors que tu étais sur le point de partir. idéalement, ça le fera réagir. t'agis comme un collégien. j'me demande bien qui est le plus pathétique de nous deux... tu parles sans doute dans le vide, mais t'aurais mal dormi la nuit si tu ne lui avais pas balancé ses quatre vérité. tu ne sais vraiment pas ce qu'il cherche en se comportant de manière si puérile, mais tu estimes mériter des explications. parce que, on ne t'a jamais encore manqué de respect à ce point - gratuitement qui plus est.