you don't get lucky twice (grace)

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i can live without but
without i'll be miserable at best
lina-lynn/ tumblr ✰ mayday parade.

Un soupire passa les lèvres d’Asher lorsqu’il essuya un énième refus. Incapable de garder un boulot plus de six mois, les gens connaissaient sa réputation. Il avait espéré que, dans une époque ou les médias sociaux sont maitres et que les nouvelles affluent à la seconde, on aurait bien vite oublié ses écarts de conduite, que d’autres nouvelles bien plus importantes auraient pris la place de sa descente aux enfers dans la tête des gens, mais force était de constater qu’une image comme celle-là marquait les esprits bien plus que tout autre scandale. « Vous avez occuper quatre emplois au cours de la dernière année? »  Qu’on lui avait demandé en entrevue. Résolument honnête, il avait acquiescé. « Je suis désolé, mais nous nous devons d’avoir du personnel fiable. Et puis, nous ne pouvons nous permettre que notre marque soit associée à votre comportement. » Ce genre de phrase le faisait rager. Parce qu’il avait fait des efforts, Asher. Il n’avait pas suivi cette cure simplement par plaisir. Il voulait y voir là des résultats, voir quelque chose de concret. Parce que c’était bien beau que d’être capable de se retenir lorsque l’envie se faisait sentir, d’être capable de dire non au petit dealer qui l’avait reconnu, lui offrant ce qu’il n’aurait pas hésiter à prendre quelques années plus tôt. Il avait changé maintenant, en voie de redevenir l’homme qu’il était à une époque. Mais à quoi servaient ces changements si tout le monde vivait dans le passé, accroché à cette image de lui, véritable loque humaine qu’il avait pu être, humain de piètre qualité, vermine des bas-fonds? Il se le demandait bien.  Pourtant, il ne laissa rien paraitre, remercia la personne chargée de son entrevue, lui serra la main avant de lui tourner le dos et de quitter le bâtiment, les poings serrés, l’envie de frapper quelque chose. Ou quelqu’un. C’était sans doute ce qui était le plus difficile depuis sa sortie du centre. Quand bien même les mois s’étaient écoulés, se transformant en années, il avait toujours ces sautes d’humeur qu’il parvenait difficilement à contrôler, ces excès de colère lorsque la vie semblait décidée à s’acharner sur lui, à lui mettre des bâtons dans les roues. Poussant la porte, il se mélangea de nouveau à la foule qui s’activait sur Time Square, errant dans les rues de la ville sans trop savoir ou aller.

C’est lorsque son ventre réclama nourriture, une demi-heure plus tard que ses pas le guidèrent vers cette pâtisserie dont on lui avait parlé quelques jours plus tôt, ventant la qualité des produits et le service hors pairs qu’on y recevait. Il sauta dans le premier train direction Brooklyn. La tête appuyée contre la fenêtre, il regarda la ville qui défilait devant lui, l’East River qui s’étendait jusqu’à l’horizon, rêvant d’une époque ou la vie était beaucoup plus facile, ou il n’avait pas à se soucier de tous ces petits tracas qui venaient hanter son quotidien. Lorsque la voix lui annonça que sa station était la prochaine, il se leva, attendant sagement l’ouverture des portes avant de retrouver la vie un peu plus calme du quartier. Ça faisait un bien fou de se retrouver ici, de ne pas être en plein cœur de la ville, là ou elle fourmille d’activités. Suivant le GPS sur son téléphone, il ne venait que très rarement à Brooklyn, il finit par trouver l’endroit qu’il cherchait, entrant sans hésiter dans la boutique, se dirigeant directement vers les présentoirs, indécis quant à son choix. Tout semblait tellement bon.

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lina-lynn/ tumblr ✰ mayday parade.

Son regard balayait les présentoirs, l’eau à la bouche. Son ventre se faisait de plus en plus bruyant au fur et  à mesure que ses yeux scannaient les différents produits disponibles. Tout lui faisait envie. Entendant les bruits de pas, il releva le regard, pour le poser sur la personne qu’on lui avait dit être la propriétaire. Son cœur rata quelques battements lorsqu’il posa ses yeux sur ce visage familier. Incapable de dire quoi que ce soit, il ouvrit la bouche, mais aucun son n’en sorti, la refermant après quelques secondes à rester immobile. Personne ne lui avait dit le nom de la propriétaire, il n’avait pas cherché à savoir non plus, mais il aurait bien aimé avoir un peu de temps pour se préparer, pouvoir faire un peu d’ordre dans sa tête parce que, malgré qu’ils ne semble pas vouloir franchir ses lèvres, les mots se bousculaient dans sa tête. Il y avait tellement de choses qu’il voulait lui dire, il avait tellement à se faire pardonner, mais il était incapable de faire quoi que ce soit. Impuissant, il regarda le gâteau s’effondrer au sol, déglutissant difficilement, un nœud se formant tranquillement au creux de sa gorge. Les mains dans ses poches, Asher regarda Grace s’afférer à nettoyer le dégât, se sentant soudainement très petit. Il avait l’envie de tourner les talons, de quitter la pâtisserie, de s’enfuir loin, désir contrastant avec cette envie de rester, de se confondre en excuse, de tomber à genoux et lui demander pardon. Les remords le rongeaient depuis des mois, des années même. Il avait souvent pris son téléphone depuis sa sortie de cure, ouvrait son application téléphone, commençait à composer son numéro – parce qu’il n’était jamais sorti de sa mémoire, quand bien même elle avait bloqué le sien – avant de l’effacer. Déjà un moment qu’elle lui avait dit ne plus vouloir de lui, de cette vie qu’ils étaient venus à vivre. Pourtant, ni le temps qui passait, ni la drogue, l’alcool ou les femmes n’avaient su apaiser ce mal être qui tranquillement s’était fait un nid en son sein. Rien ni personne n’avait pu l’effacer de sa mémoire. Il avait bien tenté de se perdre dans d’autres bras, de se tenir au chaud dans d’autres draps, mais c’était toujours son image qui venait le hanter, toujours elle qu’il imaginait être en sa compagnie, son nom qu’il finissait par murmurer, le souffle court. Je conseille toujours celle-ci. Son regard suivit son doigt. Je vais suivre ton conseil alors. Le tutoiement lui échappait sans qu'il n'y puisse quoi que ce soit. Elle était une étrangère maintenant, mais il fut un temps ou elle était tout pour lui et il ne pouvait pas faire comme s'ils n'avaient jamais été existés.

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Il la regarda mettre sa pâtisserie dans la boîte, fronçant légèrement les sourcils. Le message était clair. Elle ne voulait pas le voir rester. Ça lui faisait mal, à Asher, de la voir comme ça, aussi distante, mais il se devait de comprendre. Il ne pouvait pas lui en vouloir. Il en vint même à souhaiter ne jamais avoir mis les pieds dans l’établissement. S’il avait su… Non, il se mentait en disant ça. S’il avait su, il aurait sans doute rappliqué beaucoup plus tôt parce qu’elle lui manquait. Les mois n’avaient rien effacés des sentiments qu’il éprouvait pour elle et chaque jour, la culpabilité le rongeait un peu plus. Il avait passé tout ce temps à tenter de se convaincre qu’elle ne l’aimait plus, parce qu’il se disait que ça ferait moins mal que de continuer à vivre en espérant la voir revenir un jour, mais là, en voyant ses mains qui tremblait – ses yeux ne les ayant pas quitté encore – il y avait cette petite part de lui qui n’avait cessé d’espérer qui grandissait encore un peu plus. Peut-être qu’elle non plus n’avait jamais cessé de l’aimer. Puis, sa voix le ramène à l’ordre. Elle est calme, trop calme. Il attendait les cris, les coups, une quelconque réaction autre que celle qu’elle lui offrait maintenant. Tout aurait été moins pire que ça. Je suis désolé. Les mots sortent faiblement tandis qu’il baisse la tête, visiblement honteux. C’était déjà un bon début, non? Son psy lui disait, il devait au moins faire ses excuses à ceux qu’il avait blessé. S’ils n’acceptaient pas de lui pardonner son comportement lorsqu’il était sous influence, il n’y pouvait rien, mais au moins, il aurait essayé. Désolé de t’avoir fait subir tout ça, de t’avoir traité comme je l’ai fait. Tu méritais tellement mieux. Et cette réflexion, il l’a souvent faite, son côté rationnel lui rappelant qu’elle méritait beaucoup mieux que lui, espérant qu’elle avait réussi à trouver le bonheur ailleurs. Parce qu’au final, tout ce qu’il voulait, c’était qu’elle soit heureuse. J’ai arrêté la musique, mis fin à cette vie. Avec la question qu’elle lui avait posé, il était bien conscient qu’elle ne savait pas. Il essaie de faire comme si ça ne l’atteint pas, mais de savoir qu’elle a sans doute rayé toute trace de lui de sa vie, ça lui brise le cœur encore plus. T’en as probablement rien à faire, mais je voulais que tu saches. Il pose ses mains sur la boîte, prêt à partir. De toute façon, il n’est pas le bienvenue ici.