look like a stupid girl (ava)

Grand Central Terminal. Je revenais d’un week end à Philadelphie, puisque j’avais rendu visite à mes grands parents. Par chance, New York n’était pas bien loin et quelques heures en train suffisait pour les rejoindre. Mais il était temps de regagner New York et surtout les bancs de l’université. J’adorais mes études, mais le repos et surtout voir la famille faisait du bien de temps en temps. Sortant du train, je faisais rouler ma petite valise dans la gare, me faufilant entre les gens. C’était dingue comme cette gare pouvait être bondée. Et là, le drame. J’entends un bruit, et je sens ma valise soudainement moins lourde à tirer. Je tourne la tête et la honte me submerge : par je ne sais quel miracle, elle avait cassé. Et quelques uns de mes vêtements se retrouvaient là, éparpillés à même le sol. Rouge de honte, j’attrapais les sous-vêtements en premier pour les cacher dans mon sac à main. Mon dieu, faites que personne que je ne connaisse ne soit là et n’ait assisté à cette scène…

Tu te retrouves là, au grand central terminal. Tu as cette envie de partir loin. De tout quitter. Depuis que tu as appris que tu étais enceinte, plus rien ne vas dans ta vie. Ta famille te tourne le dos. Tes amis, n’en parlons pas. Seule ta cousine est réellement présente pour toi et t’accompagne à chaque examen. Elle a limite un rôle de père pour le bébé. Tu sais que désormais, tu veux le faire adopter. Mais tu ne peux plus vivre à New-York. Tu ne supportes plus cette vie. Ce rythme de vie. Et ton boulot, n’en parlons pas. Tu n’en peux vraiment plus, tu veux en finir avec tout ça, alors tu t’es rendu à la gare, demandant à la personne se trouvant un guichet, un billet pour le prochain départ, peu importe où il t’emmène. Soudain, tu vois une jeune femme complètement paniqué, par terre, à essayer tant bien que mal à ranger sa valise qui s’est malencontreusement ouverte. Tu te précipites vers elle pour l’aider, te mettant à sa place et comprenant sa détresse. « Laissez-moi vous aidez ! » Tu prends quelques vêtements et les replaces dans la valise en prenant même soin de les replier correctement. Tu ne supportes pas le linge mal plié, c’est plus fort que toi.

Pourquoi ce genre de malchance tombait toujours sur moi ? Je sentais déjà quelques regards indiscrets, presque moqueurs se poser sur moi et mes affaires en vrac. Heureusement, aucun idiot n’avait osé sortir son téléphone pour me foutre sur snapchat. Je sentis mon coeur se serrer, surprise qu’une jeune femme me vienne en aide. Il faudrait plus de personnes comme ça sur terre. « Oh merci beaucoup ! » En plus, elle faisait ça avec soin. Je lui lançais un sourire, sincère. « Mais je ne voudrais surtout pas vous retarder si vous avez un train à prendre ou quelque chose à faire… » Après tout, tout le monde ici était là soit pour monter dans un train, soit pour sortir de la gare.

Tu aides cette jeune femme, parce que tu aimerais que l’on t’aide. Tu aides cette jeune femme, parce que tu sais que de nos jours, aidez son prochain est devenu tellement rare. Tu aides cette jeune femme, parce que c’est comme ça que l’on t’a élevé, à tendre la main vers ton prochain, à aider ton prochain, à ne jamais juger ton prochain. C’est à ce moment là que tu sais, qu’une part de te religion vit toujours en toi et que tu n’arriveras pas à t’en défaire de si tôt. « Oh, ne vous inquiétez pas pour moi, je ne sais même pas encore où partir… » Tu ne t’es même pas renseigné sur le prochain départ. Que tu partes maintenant ou dans une heure, ne changera rien à ta vie, puisque tu ne sais pas où tu vas partir, ni même ce que tu vas faire une fois partit d’ici. Tu ne sais plus quoi faire de ta vie. Tu es complètement perdue. Tu as juste envie de tout abandonner. De tout recommencer. Mais tu sais que n’importe où tu iras, ta grossesse te hantera et t’empêchera de vivre sereinement.

Elle ne savait pas ou partir. Un instant, je m’arrêtais de ranger pour l’observer. Une femme perdue, incertaine, voulant certainement repartir de zéro. Je trouvais ça un peu bouleversant dans un sens. « Oh… » Murmurais-je en finissant de ramasser les derniers vêtements. Je refermais la valise. « Je vous remercie en tout cas. » Je baissais les yeux quelques instants, essayant de chercher mes mots. Je voulais la remercier mieux que ça. « Vous… Vous allez bien ? » Parce qu’après ce qu’elle venait de me révéler, je n’en étais pas réellement sure. « Je sais que l’on ne se connait pas mais… Parfois, ça fait du bien d’avoir quelqu’un d’extérieur pour nous écouter, sans juger. » Si elle ne voulait pas se confier, elle était tout à fait libre de ne pas le faire. Mais je la sentais perdue. Et je ne voulais pas la laisser comme ça.

La jeune femme referme sa valise. Elle te regarde. T’observe. Elle sent que tu as besoin d’aide. Que tu as besoin que l’on t’écoute. Elle a l’air douce. Elle a l’air gentille. Toujours est-il, qu’elle est attentive. Elle ne te connait pas. Elle te propose de t’aider. « Oh, c’est gentil, mais je ne voudrais pas vous faire perdre votre temps. » Tu lui souris, tu t’en va t’asseoir sur un banc. Tu poses une main sur ton ventre. Tu lèves les yeux sur la télévision qui annonce les départs. Aucune ville ne te donne réellement envie de partir. Aucune ville ne t’appelle. Tu ne sais pas quoi faire. Tu ne réfléchis même plus. Ces derniers jours, tu vis complètement sur l’improvisation. Tes yeux commencent à se remplir d’eau. Tu sais que tu vas te mettre à pleurer. Mais ce n’est pas vraiment l’endroit, ni le moment pour te mettre à pleurer. Tu le sais. Mais ta vie en ce moment, ne se résume qu’à un seul mot. Catastrophe.  

Elle ne voulait pas me faire perdre mon temps. J’avais cours en fin d’après midi. Rien à faire d’urgent là tout de suite. J’étais destinée à l’aider, je le sentais. Elle n’était pas arrivée sur mon chemin par hasard, c’était évident. Elle était partie s’assoir sur un banc. Et je l’avais rejoint. « Vous ne me faites pas perdre mon temps. Je n’ai rien à faire dans l’immédiat, vraiment. » Je lui offrais un sourire sincère. Elle avait posé une main sur son ventre et je devinais la suite. « Vous êtes enceinte ? » Je ne voulais pas paraître indiscrète ou quoi que ce soit. Elle me confierait ce qu’elle voudrait. Je ne la jugerais pas. Ses yeux semblaient se remplir de larmes. « Qu’est ce qui ne va pas ? » Mon sourire s’était évaporé et j’affichais un air triste, triste de voir une aussi jolie jeune femme dans cet état.

HJ : je ne sais pas de combien de mois Ava est enceinte du coup je sais pas si c’est visible à l’oeil ou non