eyes on the prize (sophia)

Ce soir, n'était pas un soir comme les autres. Ton mari avait découvert le pot aux roses, ta double vie, celle de strip-teaseuse de la ville et pourtant, ce dernier n'a pas hésité avant de poser ses mains sur toi. Enfin, ses hommes de main oui. Tu as peur, tu n'as plus envie de remettre les pieds dans la maison familiale, de peur de subir les représailles ce dernier. Tu as intérêt à revenir tôt ce soir, sinon tu le regretteras. Une autre facette de sa personnalité que tu n'as jamais remarqué, celle qui te faisais peur et maintenant tu sais qu'il faudra que tu fasses quelque chose pour l'empêcher de poser les mains sur toi à nouveau. Tu ne dansais pas ce soir, tu as préféré mettre les cartes sur table à ton patron, mentionnant que ta vie conjugale n'était pas des plus roses et que maintenant c'est un truc que tu ne pouvais pas blairer. Il a été résilient, acceptant l'offre que tu lui proposes, celui de venir voir les clients. Tu devais faire quelque chose avant qu'il ne soit trop tard, hors de question que ton mari gagne la partie et pour cela, tu penses de plus en plus à engager un tueur professionnel, tout pour que celui-ci disparaisse et qu'il n'y ait plus rien. Enfilant des sous-vêtements coquins, te voilà remontée en haut pour observer les nombreux clients, déjà présents, ceux qui te faisaient de doux sourire et auxquels tu répondais sans aucune attente. Soudain, ton regard se pose dans ses prunelles, tu te retrouves en face d'un fantôme de ton passé, te demandant comment étais-ce possible. Chez toi, tu possédais toujours cette fameuse lettre, t'informant qu'il avait été déclaré mort au combat et voilà, tu es présente, l'observant. Ta main se positionne contre ton front, tu détournes le regard quelque peu, ne te sentant pas vraiment bien. L'un de ses amis tente une toute autre approche, tentant de te décrocher un sourire séducteur mais toi tu recules, jetant un dernier regard vers Chaz avant de marcher d'un pas rapide jusqu'aux toilettes. Tu allais être malade, l'envie de vomir car le choc était beaucoup trop difficile à digérer. 

désolée, c'est moche je me reprend au prochain  

Le regard ancré dans le sien, pendant une fraction de seconde, il a l’impression d’être transporté des années plus tôt, une vague de souvenirs qu’il croyait avoir mis au rancart refaisant surface, le pétrifiant sur place. Sous le choc, parce qu’il s’attendait à tout sauf la revoir un jour, encore moins ici et maintenant, il ne voyait plus rien qu’elle, n’ayant aucunement conscience des regards que pouvaient lancer ses amis à la blonde. Pendant un moment, c’était comme si le temps s’était arrêté, comme si plus rien n’existait sauf eux. Mais comme rien n’est éternel, il la vit tourner les talons, fuir et sans doute aurait-il du la suivre, mais il ne s’en sentait pas capable. Quand bien même il aurait voulu bouger, il n’y parvenait pas. Après quelques secondes, les voix de ses amis se firent entendre, lui posant mille et une question sur ce qui venait de se passer. Qu’est-ce qui vient de se passer? Demanda Jack. Personne n’avait de réponse, personne ne savait sauf Chaz qui était toujours dans un état second, beaucoup plus troublé qu’il n’était prêt à l’admettre. Tu la connais? Cette question-là ne nécessitait pas de réponse, il le savait. Enfin, il aurait bien pu donner des explications, mais c’était là des choses qu’il préférait taire. Monter ce stratagème avait été déjà assez difficile, devoir s’éloigner d’elle une des décisions les plus douloureuses qu’il ait eu à prendre, mais d’expliquer les raisons qui l’avait poussé à faire ce qu’il avait fait, à lui briser le cœur – et le sien par la même occasion – il n’en était pas capable. Chaz? Il jeta un coup d’œil aux autres hommes autour de la table, puis dans la direction ou s’était dirigée Sophia. Finalement, sortant enfin de sa torpeur, il se leva et suivi le même chemin que venait de prendre Sophia, s’arrêtant devant la porte qu’elle avait franchi plus tôt. Sophia? Qu’il demanda, l’incertitude facilement décelable dans sa voix. Il ne savait pas quoi dire ni quoi faire. Il y avait cette petite voix, sa conscience sans doute, qui lui dirait de s’excuser pour ce qu’il avait fait, mais en réalité, il n’était pas désolé. Il l’avait fait pour la protéger, quand bien même elle ne voyait pas les choses ainsi.

Il apparaît, tel un vieux démons dans ta vie, tu as l'impression de rêver. Pourquoi se tenait-il là, devant toi, son regard encré dans le tien, cette nouvelle attirance, celle qui ne s'était jamais vraiment essouflée et qui durait encore. Tu ne sais pas comment réagir face à tout ça, toi qui possédait cette grandeure d'âme, celle qui savait comment réagir dans diverses situations, maintenant tu te retrouvais paumée sans savoir comment tu devais agir face à ça. Tes prunelles se retournent vers une direction opposée, voulant à tout prix chasser son visage de ta tête, affirmant même à 100% qu'il était réellement mort et qu'il ne reviendrait jamais. Marchant d'un pas rapide, tes talons hauts claquants contre le sol de l'immeuble et tu pousses automatiquement la porte sur ton chemin, soupirant, tentant de faire comme si tu ne l'as pas vu et pourtant, t'entends une présence derrière toi. Peut-être étais-ce un de ces hommes qui voulait une danse privée, ça pouvait même te changer les idées, quand on y pensait bien. Restant de dos à la porte, ta main s'est aussitôt posée contre le meuble. Sa voix se fait entendre dans tes oreilles, un long frisson parcourut ton corps entier et tes yeux se sont fermés à nouveau. Est-ce que tu rêvais, pouvais-tu te pincer afin de tout oublier ça et te réveiller ? Si c'est une blague que tu me fais, tu peux partir Cet homme avait été ton premier amour, celui que l'on oublie pas. Tu avais pourtant fait une croix contre son prénom, surtout en sachant qu'on t'avais prévenu par lettre que Chaz était bel et bien décédé, qu'il ne reviendrait jamais. Il n'allait pas lâcher le morceau, tu en avais conscience et c'est pourquoi tu te retournes afin de lui faire face, croisant tes bras contre ta poitrine, regard sérieux. Qu'est-ce que tu fais ici, c'est pas commun de voir un mort revenir dans le commun des mortels Tu avais besoin d'explications, car cette situation ne te faisait pas rire. Si depuis tout ce temps, il était bel et bien vivant, pourquoi t'avoir mentit ? Peut-être que ta vie ne serait pas aussi glamour qu'elle ne l'était, mais tu serais heureuse dans ses bras, au lieu d'être une femme battue, qui devait retourner chez elle avant une certaine heure. Tu as vécu l'enfer ces dernières années, bien que tu gardais les yeux fermés, sans ouvrir ta bouche lorsque quelque chose ne te plaisait pas...

Si c’est une blague que tu me fais, tu peux partir. Si seulement tout ça n’avait été qu’une vilaine blague, un truc qu’on pouvait balayer du revers de la main, mais c’était beaucoup plus complexe que ça. Ils étaient peu à savoir le fond des choses, peu de personnes à être dans le secret, mais ceux qui savaient comprenaient pourquoi il avait agit de la sorte. Sans doute qu’ils auraient tous fait de même. Il ne voulait pas la voir porter ce fardeau qui pesait sur ses épaules. Il ne voulait pas qu’elle se retrouve à sa famille, qu’elle risque de devenir un dommage collatéral. Il ne supportait pas l’idée de la perdre, aussi contradictoire ça puisse être, et c’était pour cette raison qu’il avait préféré s’éloigner d’elle. Il ne s’était seulement pas attendu à la revoir, et encore moins dans ces circonstances. Tu crois vraiment que je suis d’humeur à rire? Il n’y avait là pas matière à rire. Non, c’était plutôt une situation à pleurer. La seule consolation que Chaz trouvait à toute cette histoire, c’était qu’il ne décelait dans son ton pas la hargne à laquelle il s’était attendu en faisant les quelques pas qui séparaient sa table de l’endroit ou il se trouvait maintenant. Il l’attendait, la gifle, redoutait le moment ou elle lui cracherait presqu’au visage en lui disant qu’elle le haïssait. Sans doute que ça viendrait éventuellement. Il se doutait bien qu’elle avait des questions à lui poser, questions auxquelles il ne pouvait pas répondre. Il n’en avait pas la force ni l’envie.  Qu’est-ce que tu fais ici? Ce n’est pas commun de voir un mort revenir dans le commun des mortels. Une petite pique qu’il avait mérité. Il méritait bien plus d’ailleurs. Sa furie, sa hargne, sa rage, il méritait une tempête d’émotion, clairement pas ce à quoi il faisait face maintenant. On a décidé de sortir avec des amis. D’un mouvement de tête, il désigna son groupe d’amis qui semblaient avoir oublié de ce qui venait tout juste de se passer, qui ne semblaient pas se soucier de son absence. Il savait pertinemment que ce n’était pas là l’intention de sa question, pas la réponse qu’il cherchait, mais il ne pouvait pas lui avouer la vérité. Pas ici. Et certainement pas maintenant qu’il avait commencé à tremper dans les magouilles de son paternel. Aujourd’hui plus que jamais, s’il s’attachait à nouveau à elle, c’était sa vie qui était en jeu. Comme s’il avait un jour cessé de l’aimer. Et toi, qu’est-ce que tu fais ici? Il laissa un battement avant d’enchainer. Enfin, je vois bien que tu travailles… Mais qu’est-ce que tu fais dans un endroit comme ça? Habillée comme ça. La dernière phrase lancée avec presqu'un dégout quant à ce que sa tenue impliquait. Ce n’était pas l’image qu’il avait gardé d’elle et certainement pas celle qu’il s’était plu à imaginer, de temps à autre, d’une possible réunion entre eux. Il avait souvent espéré, même s’il n’osait le dire de vive voix, la retrouver. Elle lui manquait, mais il savait que c’était pour le mieux, qu’il n’était pas l’homme qu’il lui fallait, qu’elle méritait mieux, quand bien même il l’aimait de tout son être.

Volcan pouvant éclater à tout moment, l'envie de hurler de tout ton être contre Chaz, éternel menteur, lâche. Tous les mots pour le décrire, pouvaient exister. Teint pâle, ayant disparu, faisant place à cette frustration tout au fond de ton âme. Cette boule dans la gorge, celle qui s'était terrassée dans ton ventre depuis toutes ces années, faisait son entrée une nouvelle fois. Tu te tenais donc en face de lui, le fantôme du passé, l'homme de tes cauchemars, celui qui t'as laissée tombée alors que tu en étais amoureuse, sentiment qui te dégoûtait maintenant, ce qui t'avais berné. Le mariage n'avait rien signifié pour toi, tu avais agis comme ça, sur un coup de tête, mentant sur tes objectifs de vie et maintenant, tu restais de marbre face à celui que tu avais déjà aimé, un peu trop. Petit sourire mesquin, regard levant vers le ciel. Tu avais envie de lui rire en pleine figure, envie de lui cracher dessus, l'envie de le frapper de toutes tes forces, mais est-ce que cela servirait à quelque chose ? Pourtant c'est ce que tu as fais, tu t'es moqué de moi pendant toutes ces années en te faisant passer pour mort. Il t'avait pris pour une conne, la pauvre fille de service que l'on pouvait jeter comme bon lui semble, celle qu'on balaie du revers de la main. Ces larmes coulées pour lui, pensant que tu ne le reverrais peut-être jamais et pourtant, il revenait comme une fleur dans ta vie. Loin d'être dupe, tu n'allais pas te laisser avoir une seconde fois. Tu ne peux t'empêcher de lui lancer cette pique, celle qui lui ferait comprendre que tu n'as plus envie de jouer avec lui, de perdre ton temps. Passionnant, j'allais rester dans le néant pendant combien de temps encore ? Une, dix ou vingt années ? Plongeant tes prunelles dans les siennes, tu faisais donc quelques pas en sa direction, fronçant le regard, le coeur battant à l'unisson contre ta cage. Ses réflexions, qui te faisait sourire encore plus, triomphe, sans doute vengeance depuis ces années... Chaz n'aurait pas dut te quitter de la sorte, de te laisser toute seule alors que toi tu faisais face à un mari violent, celui qui était impliqué dans trop de violentes choses. Je gagne ma vie Parole en l'air, histoire de remuer le couteau dans la plaie. Arrivant à sa hauteur, tu fronces le regard, remontant ton menton. Si tu es venu me rejoindre pour me faire la morale, c'est pas la peine de continuer. Va t'amuser avec tes supposés amis, j'dois rejoindre mon mari Tu voulais le voir jaloux, jaloux d'avoir tout perdu avec toi... Ces moments heureux, malheureux et même, ce futur qu'il t'avait jadis promis.

Il méritait ses accusations, il les attendait presque même, mais ça n’empêchait en rien le fait qu’elles lui faisaient mal parce que jamais il n’avait fait ça avec l’intention de la blesser, de se moquer d’elle. Chaz ne put se retenir de secouer vivement la tête de gauche à droite et d’objecter alors qu’elle venait tout juste de terminer sa phrase, de lui rappeler ce qu’il lui avait fait subir, comme s’il avait besoin d’un rappel. Non, ce n’était pas nécessaire parce que chaque jour qui avait passé, une part de lui-même s’en était voulu d’avoir agit de la sorte. Je ne me suis pas moqué de toi. Qu’il rétorqua, visiblement vexé par cette accusation. Si j'ai fait ça, c'était pour te protéger. Qu’il ajouta d’un ton qui se rapprochait d’un murmure, peu convaincu qu’elle l’entendrait avec le brouhaha des lieux. De toute façon, il n’était pas certain de vouloir qu’elle l’entende parce que ça impliquerait des explications qu’il n’était pas prêt à lui fournir. Il ne voulait pas lui parler de son père et de ses activités illégales, activités auxquelles il participait maintenant de façon sporadique. Il ne voulait pas qu’elle sache que sa famille était, à ce niveau, un peu dysfonctionnelle, qu’elle ne lui amènerait rien de bon. Il avait toujours été si concentré sur le négatif, sur les conséquences des choses qu’il en oubliait parfois ce qui pouvait ressortir de bon. Comme la vie qu’il aurait pu avoir avec elle s’il était resté, s’il avait osé lui parler de tout ça, s’éloigner de son paternel pour un moment. Mais la famille était plus importante que tout et papa lui avait bien appris que les sentiments ne menaient à rien de bon. Belle façon de parler de son mariage. Il était vrai qu’avec sa femme, quand bien même ils avaient réussi à se découvrir de nombreux points et intérêts communs, au départ, il s’agissait plutôt d’une histoire de convenances. L’amour est apparu par la suite, alors qu’ils étaient tous deux d’accord quant à ce qui était la priorité dans leur vie. À sa question, il haussa les épaules, détournant le regard lorsqu’elle plongea ses prunelles dans les siennes. Il était tout bonnement incapable de soutenir son regard, lui qui avait pourtant été entrainé à supporter les pires interrogatoires. Là, c’était un scénario tout à fait différent. Lorsqu’il se battait pour son pays, il était dans un tout autre état d’esprit. Sur le terrain, il était un tout autre homme, caché sous une carapace impénétrable. Là, c’était une autre histoire. Il voyait maintenant les failles de son plan, avait vu, même en une fraction de secondes, dans ses prunelles qu’il l’avait blessé au plus haut point, qu’elle ne lui pardonnerait pas aussi facilement, quand bien même il viendrait à s’expliquer sur la nature de ses agissements. Aussi longtemps que nécessaire, qu’il avait envie de lui dire, mais sans doute que ça lui aurait attiré les foudres de la blondes et vu comment elle était déjà remontée, il valait peut-être mieux pour lui qu’il se taise. Lui qui avait toujours le mot pour répliquer, voilà que Chaz était impuissant, incapable de rétorquer quoi que ce soit, figé sur place en l’entendant parler de son mari. T’es mariée? Les mots quittèrent sa bouche après quelques secondes, le sortant de son mutisme et de sa torpeur. Comme si c’était la seule chose qu’il avait retenue de la conversation. En fait, c’était la seule chose que son cerveau avait enregistrée. Sa mâchoire se crispa, sa main se serra en un poing et, quand bien même il savait qu’il n’avait plus le droit de réagir ainsi, il ne pouvait faire autrement. Il ne voulait pas s’imaginer un autre homme l’aimant comme il avait pu le faire. Il ne voulait pas l’imaginer heureuse avec un autre, ne voulait pas penser à tout ce qu’il avait perdu le jour ou il avait décidé de mettre son plan à exécution et se faire passer pour mort. Il n’avait plus aucun droit sur elle.

Tu pouvais très bien lui sauter dans les bras, contente ou même heureuse de le revoir en chair et en os, malheureusement pour lui, il était hors de question que tu cèdes sous l'impulsion, ce volcan toujours en irruption. Chaz s'est moqué de toi, comme une vulgaire chose que l'on balaie du doigt, que l'on veut surtout oublier le plus rapidement possible, ces larmes jetées contre tes joues, marre de pleurer ou de te faire passer pour la petite fille de service. Rire sortant de ta bouche, comme de vulgaires lames de rasoir, écorchant tout sur son passage... Tu veux rire de moi là ? Me protéger... Il est au courant que tu allais vouloir avoir des réponses, franches et non des mensonges. Me protéger de quoi, allez met cartes sur table une bonne fois pour toute Crawford Vipère dans tes paroles, tu en as marre que l'on s'amuse derrière ton dos. Malgré les fortes paroles se trouvant derrière la porte, tes pas te guidaient donc jusqu'à lui, faisant face une bonne fois pour toute à l'ex-militaire. Divulguant la nouvelle de ton mariage, pas très doré avec ton cher mari violent, le visage de Chaz vient à changer en un claquement de doigt. Tu le sens, il allait sans doute craquer, violence masculine et prête à tout écraser sur son passage. Prunelles bleutés dans les siennes, faisant les quelques pas de plus afin de te retrouver à proximité de celui-ci, l'homme que tu as aimé de tout ton être, que tu n'as pas encore oublié et que ta mémoire te jouait des tours. Tu as bien entendu, mariée Reprenant le même mot, histoire de l'emmerder un peu plus, vengeance qui se mangeait dans un plat froid. On te l'avait souvent dit et c'est ce que tu semblais avoir retenu depuis ces nombreuses années déjà, tu ne voulais pas le laisser t'avoir dans ses filets, une seconde fois. Le blond se demandait sans doute, ce que tu faisais dans ce genre d'endroit, pourquoi dansais-tu pour ces hommes, ceux qui bavaient devant le corps d'une jeune fleur, celle qui avait maintenant la trentaine dépassée, pas d'enfant et mariée à un homme qui est dans un réseau assez difficile pour tous. La vie continue, peu importe ce qui se passe. T'ignores ce qui va se passer dans les prochaines semaines, tu ne reconnais plus ton mari, celui qui est devenu violent et qui se refuse à ce que tu saches dans quels problèmes il est confronté. Tu voudrais t'enfuir le plus loin possible, avoir de bonnes raisons pour un divorce qui pourrait t'aider à avoir une bonne partie de sa fortune, nouvelle vengeance pour lui aussi. Ces rêves que tu as fais il y a quelques jours de cela, maintenant ils restaient gravés dans ta mémoire, ils sont présents et toi seule pouvait faire quelque chose pour que ça arrive. Tu ne portais pas de bague au doigt, surtout lorsque tu dansais et bien que ce soir tu n'étais pas au top de ta forme, on pouvait te demander de te reposer chez toi sauf que tu n'as pas envie de voir personne... Tu devrais peut-être retourner voir tes amis Chaz, je crois que c'est le mieux que tu puisses faire pour nous deux.

Il avait vraiment espéré qu’elle n’entende pas les dernières paroles qu’il avait prononcé, mais évidemment, elle ne rata pas un seul mot de ce qu’il avait dit. Il entendait le venin qu’elle crachait à travers ses paroles, il voyait le volcan qu’elle était, prête à exploser à tout moment. Son anxiété pris le dessus tandis qu’il s’imaginait déjà la scène, les deux hurlant l’un après l’autre, les regards des clients tournés sur eux, l’attention de la foule portée sur la scène qu’il créeraient. Non, ce n’était ni le lieu, ni le moment pour des expications. Je... Je ne peux pas t’expliquer. Il savait que s’il s’arrêtait là, elle deviendrait une furie et sans doute qu’il risquerait de se faire virer de l’endroit s’il provoquait sa colère. Pas ici. Pas maintenant. Il laissait entrevoir la possibilité qu’il puisse un jour lui donner les véritables raison qui l’avaient poussé à montrer ce stratagème, mais il doutait être un jour capable de tout lui dire. Il ne voulait pas la mêler à tout ça. Si seulement il savait la situation dans laquelle il était, sans doute qu’il aurait joué franc jeu. Tout ce qu’il avait toujours voulu, c’était, comme il venait de lui dire, la protéger. Jamais il n’aurait pu imaginer qu’elle se retrouve à mener la vie qu’elle menait, à endurer les coups. En lui envoyant cette lettre, il l’avait imaginée se trouvant un homme bien, droit, qui pourrait subvenir à tous ses besoins. C’était d’ailleurs ce qu’il avait en tête lorsqu’elle lui répétait à nouveau qu’elle était mariée. Il avait souhaité qu’elle passe à autre choses et voilà qu’elle lui annonçait l’avoir fait alors pourquoi ça lui donnait l’impression qu’on lui enfonçait un couteau en plein coeur de l’entendre prononcer ces mots? Pourquoi tout à coup, il avait envie de frapper, un excès de violence montant en lui comme la lave remonte à la surface d’un volcan. Il se sentait bouillir de l’intérieur, même si, au fonds, il savait qu’il n’avait plus ce luxe d’être jaloux. J'espère qu'il te rend heureuse. Il essayait vraiment de rationaliser, de se dire qu’il était heureux pour elle si elle avait trouvé le bonheur, mais ce n’était que des mensonges et il ne parvenait pas à s’en convaincre. Il lui fallait faire face à cette réalité qu’il avait tenté de nier pendant toutes ces années, il était encore amoureux. Il n’avait pas le droit, mais le coeur a ses raisons que la raison ignore. Il hocha finalement la tête lorsqu’elle lui dit qu’il devrait retourner voir ses amis. De toute façon, il ne pouvait pas lui apporter les réponses qu’elle voulait et rester en sa compagnie risquait de lui faire plus de mal que de bien. T’as sans doute raison. Je te laisse tranquille maintenant. Qu’il déclara, un ton un peu défaitiste. Il la regarda une dernière fois avant de se diriger de nouveau vers la table ou se trouvaient encore ses amis qui semblaient toujours prendre leur pied. Lui n’avait plus la tête à ça, enfin encore moins que lorsqu’il était arrivé. Ruminant, il poussa un soupire, s’affalant sur son siège avant de prendre sa bière et de la terminer d’un trait. Sophia était une femme heureuse, épanouie, c’était ce qu’il avait toujours espéré qu’elle devienne alors il n’avait pas le droit de s’immiscer dans sa vie à nouveau, faire comme si rien ne s’était passé et qu’ils pouvaient à nouveau être heureux. Il ne pouvait pas lui imposer ça, quand bien même il désirait retrouver une place dans sa vie. Il lui fallait se rendre à l’évidence, elle avait tourné la page et il lui fallait en faire de même.

Ces sourires éphémères, sombrants dans la débauche et les tromperies. Tu en as marre, assez de te faire passer pour la petite femme sans défenses, comme certains semblaient l'affirmer. Déjà, avais-tu ouvert ton coeur à un homme, le premier, le plus fragile et te voilà rattrapée par le passé, celui qui s'essouffle et qui ne sert plus à rien. Chaz revenait en ville comme une fleur, était-il présent en ces rues lugubres depuis un an ? deux ans ? Tu n'as pas envie d'en connaître plus sur sa vie, les femmes qui sont tombées dans ses bras, naïves, tout comme toi, lorsque la jeunesse perlait ton visage. Tu veux hurler, de tes entrailles, lui dire que tu souffres depuis qu'on t'avais annoncer sa mort, ainsi soit-elle, dans une lettre, vulgaire papier qui traîne encore dans tes dossiers. La vie n'avait plus son sens, comme si l'on t'avais attacher cet organe rouge de ta cage thoracique, cet organe qui te maintenait en vie artificiellement, celui que tu te refuses à refaire surgir une seconde fois, la peur beaucoup trop grande. Le militaire ne peut rien te dire, il garde tout au fond de son être, ces secrets enfouis il y a maintenant trop de temps, une attente soldé d'un échec. Trop de temps maintenant, que tu as lâchée les armes, la battante n'étant plus, tu pouvais finalement le balayer du revers de ta main, biffer son nom de ta vie. Si tu ne veux rien dire, alors je ne voudrai plus rien entendre de ta bouche Menaces, pures et dures. N'en demandant que peu, ses prunelles pouvaient parlées à sa place, un danger, une menace planant dans sa vie et pourtant, tu laisses tomber. Hypocrisie se lisant sur tes lippes, regard se détournant vers les toilettes infectes, endroit qui te donnait envie de vomir, l'endroit de prédilection pour ceux et celles voulant un petit moment intime, de répit. La vie n'avait pas que de bons côtés, elle t'engloutissais de ton son être, l'eau monte jusqu'à t'étouffer, t'empêchant de respirer, te débattre. Le mariage est peut-être le plus beau jour d'une vie, qu'une femme puisse se sentir jolie à l'intérieur comme à l'extérieur et pourtant, tu as réagis de la sorte afin de ne pas finir comme une putain, ces femmes faisant le trottoir, à la recherche d'un toit pour se couvrir. Ces détails qu'il n'avait peut-être pas envie de connaître, ces bleus martelants ton corps, ces blessures subies au combat. Une attaque personnelle, un mari loin de se douter que tu as dépenser une bonne somme d'argent pour les services d'un détective privé, pour mieux divorcer, être libre. La liberté, un vent de fraîcheur dans ta vie, celui qui pourrait te délivrer de ce mauvais sort. Tu hurles à l'intérieur, cette envie soudaine de lui dire qu'il n'est pas l'homme dont tu es amoureuse, dont tu n'as jamais été, ce martyre de guerre... Oui, évidemment Mensonge, pure hypocrisie, vengeance toujours en ta tête. Trop fière pour avouer la vérité, lui dire que ces blessures resteront toujours gravées en ta mémoire, tout comme ton père avant lui avait osé te faire subir, enfance perdue, douce et innocence. Regard posé contre le sien, prunelles toujours hypnotisées aux siennes, le voilà rendant aussi les armes, tentant de créer diversion afin de quitter les lieux. Cette envie de vomir, là et maintenant, beaucoup trop tentante. Tes doigts s'immiscent contre ta longue chevelure dorée, jetant un coup d'oeil dans la glace, soupir sortant de ta bouche. C'était inutile de l'empêcher d'aller loin, de revenir auprès de lui, Chaz avait fait un choix qui avait été malsain, le mensonge dans lequel tu plonges depuis de nombreuses années maintenant. Tu ne vas pas bien, l'envie de nicotine te pique le nez et c'est pour cela que tu décides de te rendre vers la salle des danseuses, enfilant une robe par dessus ces sous-vêtements sexy. Patron râlant derrière toi, ne comprenant pas pourquoi tu t'en faisais pour un rien, tu n'as pas envie de te prendre la tête, qu'il te vire. Manteau sur les épaules, sac à main sous ton bras, tu sors tel un vent de marrée, passant devant la table de ton ex, sans aucun regard, filant à vive allure dehors. Clope ouverte entre tes lippes, tu souffles, extirpe cette fumée trop nocive pour tes poumons et pourtant, tu t'en fiches.