entre deux soupirs.

ça va pas. il l'sait. il sent qu'sa respiration est saccadée, il sent la douleur qui lui brûle la cage thoracique. lucius dort, contre lui, et azra est incapable d'le réveiller. ça va passer. qu'il se murmure depuis presque trente minutes. et il essaye, ouais, il essaye d's'occuper l'esprit. caressant le dos nu d'son amant,
comptant les moutons en espérant qu'cette connerie va l'aider à vraiment s'endormir,
gardant les yeux fermés dans l'espoir que morphée va vraiment finir par l'kidnapper dans la nuit.
mais non ça passe pas. la douleur est là, alors il souffle. il essaye du moins. d's'aider avec la respiration d'son amant complètement endormi dans ses bras.
sa ventoline est trop loin, et il n'a pas vraiment le courage de se lever. pas par manque d'envie, c'est qu'il est persuadé qu's'il se lève, c'est fini pour lui.
puis la douleur fini par diminuer,
l'temps d'un instant, et putain, c'est presque trop agréable.

sauf qu'c'est juste le calme avant la tempête.
il est pris qu'un quinte de toux trop incontrôlable qui l'force à se relever sans plus faire attention à lucius. tant pis.
c'est comme son nez qui s'met soudainement à saigner, la différence, c'est qu'azra a cru qu'il avait gérer la situation tout seul comme un grand et qu'il a lamentablement échoué.

ça lui brûle de partout,
il en oublie où il est, il en oublie l'heure, ni même c'qu'il essayait d'faire pour n'plus rien sentir.
ça va pas, et il n'arrive même pas à aligner un mot ou deux pour demander à l'aide.

c'est paisible. il est paisible. jamais il n'avait pu dormir ainsi. jamais aussi longtemps. jamais bercé dans des bras rassurants, capables de chasser ses pires cauchemars. jamais. paisible. c'était bien la première fois qu'il ressentait cela. bien la première fois que son sommeil était doux et sans encombres. et c'est dans ces bras, qu'il trouve ça, lucius. dans les bras d'un frère qui n'est plus.
alors il vole, il nage dans les songes chantés par morphee. couvés par azra. il vole dans un monde qu'il n'a pu visiter depuis bien des années. assombrit par des morceaux d'un passé qui n'avaient de cessent de frapper son inconscient. ce soir, ils sont inexistant. ce soir, tout n'est que paisible.

paisible.

jusqu'à ce que la tempête gronde. jusqu'à ce que le rêve se brise et la réalité le fouette au visage. azra plongé dans une détresse qui fait naître chez le blond une certaine panique. merde ! c'est sans discrétion. sans voile. sans filtre. ça sort tout seul. dans la panique. il se redresse assez tôt. peu importe ce qu'il risque. il quitte le lit, comprenant bien vite ce qu'il se passe et fouille la chambre. le désordre s'installe, mais au diable ce détail.
puis il la trouve enfin. sa ventoline.
et il revient, lucius, aussi rapidement qu'il fut parti,
il revient vers lui et lui tend l'objet. ça va aller.. calme toi.. c'est compliqué, de le calmer, azra. compliqué de gérer quelqu'un d'autre, alors qu'il est incapable de se gérer lui-même. mais il essaie. parce que c'est lui.

et qu'il est inquiet.
si inquiet que son coeur n'en devient que plus violent.
et ça fait presque mal. alors sans main, elle glisse dans les cheveux de l'autre. parce que parfois, un simple geste, c'est toujours mieux que des mots.
parfois, lucius, il a pas envie de parler. surtout quand il a peur. parce qu'il sait qu'il pourrait facilement chialer. alors il se contente de ça. il attend que ça passe. il espère que ça passe. dans le silence.
ou presque.
espérant également que les parents n'aient rien entendu.
ne viennent pas à les surprendre, car dieu seul sait ce qu'il pourrait arriver.
à lui. à azra. à eux.

plus il tousse, plus il cherche sa respiration. et ça d'vient clairement difficile. c'est pas qu'une crise d'asthme, parce qu'en temps normal il arrive à les gérer sans trop d'problèmes. c'est l'genre d'crises qui arrivent après un semblant de calme, pour être bien plus foudroyante.
c'est rare, malgré tout. quand il était gosse, il en f'sait beaucoup mais plus il a grandi, plus il en a oublié l'asthme. il en a oublié la maladie. puis d'toute manière, il se sentait trop bien en ce moment, ses pensées n'tournent qu'pour une seule et unique personne. ils dorment tous les deux tous les soirs, sans exception. attendent que les parents dorment pour qu'ce soit sois azra, soit lu' qui r'joint l'autre dans la chambre.
il n'sait pas l'heure qu'il est.
il sait juste, azra, qu'à l'heure qu'il est, la douleur est insupportable.

lu' s'est réveillé, mais encore une fois, tout lui semble trop lointain. quand il arrive à arrêter de tousser, il cherche sa respiration et putain, il n'y arrive même pas. alors ça repart, alors il tousse encore, et il a l'impression qu'on est en train d'lui broyer l'corps tout entier. mais faut qu'il arrive à s'calmer. parce que sinon, les parents vont se réveiller et ça risque de devenir très vite délicat. même si l'hypothèse la plus possible est qu'lu aurait pu entendre azra s’étouffer et qu'il s'est levé pour l'aider. mais non, non ça semble impossible une telle déduction, et faut qu'il arrive à s'calmer putain.

calme-toi. il essaye bordel. il ferme les yeux, inspire quand l'air de la ventoline pénètre ses poumons. il place ses mains sur celle de lu', pour l'forcer à appuyer directement à nouveau, sans attendre, dans l'espoir et dans l'envie qu'il arrive à s'calmer.
il y a sa main dans ses cheveux,
et c'est con, mais ça l'aide, juste un peu.

il ferme les yeux, azra. essaye de souffler doucement.
il a presque envie de chialer parce que même si la douleur commence à se diminuer, elle est toujours là.

il attend un peu, r'prend un dernier coup de ventoline,
et soudainement, il a la sensation que ses poumons se remplissent d'air.
ça l'fait tousser un peu, encore, mais ça lui fait d'un seul coup beaucoup d'bien.
et la tempête s'éloigne, d'un coup.

ça passe pas et ça l'énerve, à lucius. ça l'énerve tellement qu'il vient à violenter sa lèvre inférieure. il l’abîme. ça fait mal. mais pas autant que cette vision. alors il garde le silence. il réfléchit tout en laissant ses doigts dans la chevelure de l'autre. il réfléchi à en avoir presque mal au crâne, mais il abandonne pas.
parce que ça l'inquiète. parce que c'est nouveau et qu'il sait pas gérer ça. mais il abandonne pas. il veut pas.
alors il réfléchi, encore et encore.

puis sa main quitte les cheveux d'azra et finalement, lucius, il l'attire. le prend dans ses bras et à nouveau, l'une de ses mains se glisse dans les cheveux de l'autre. et son autre main, elle le serre malgré le manque évident d'oxygène. mais lucius il comprend que c'est tout sauf une simple crise d'asthme.
alors il fait ce qui lui semble être le mieux.
il fait ce qu'il en envie et qu'il pense que ça pensera cette douleur qui ronge l'autre.
et toujours en silence, il dépose ses lèvres sur le haut du crâne d'azra.
et toujours en silence, il le berce, sans rien dire.

il attend que ça passe. il attend qu'il aille mieux. et peu à peu, l'orage s'éloigne. et la douceur revient. mais pas trop vite. car il tousse encore. et ça, lucius, ça lui plait pas. mais il a pas le choix. ni lui. ni azra. alors il attend. il le berce. le câline. et puis finalement, il ose. est-ce que ça va ? c'est à peine audible, parce qu'il a peur, lucius. que même en parlant. ça revienne de plus belle. alors il chuchote comme un enfant qui aurait peur d'être grondé. qu'est-ce qu'il c'est passé azra' ? moue au visage, il reste inquiet. les gestes tendres perdurent. l'inquiétude aussi. la peur aussi. tout. t'as encore fait ta pucelle. c'est moqueur. c'est enfantin. mais il veut. il a besoin de l'entendre rire. ou même râler. parce que sans sa voix. sans ses mots, il a du mal à calmer le tourbillon de sentiment horrible qui le ronge.

ça a duré quoi, cinq, dix minutes ? la grosse crise. mais ça lui a semblé une éternité. parce que la douleur, il a l'impression qu'elle s'est ancré en lui d'puis trop longtemps. et wow, putain, ça faisait longtemps et ça lui avait absolument pas marqué, cette merde.

lucius le prend contre lui, et malgré tout, malgré la douleur, malgré la toux, ça lui fait un bien énorme. ça lui donne la sensation d'être protégé, malgré tout. c'est trop agréable qu'ça arrive définitivement à achever cette foutue crise. il laisse les yeux clos, il tremble dans ses bras, mais la douleur s'évanouie peu à peu. c'est d'un coup bien loin, comme si rien n's'était passé. il se force, malgré tout, à laisser ses bras encercler la taille de son copain, et de le serrer fort. il en a besoin. de le sentir là, proche. sa tête contre son torse, il en vient presque à attendre que son parfum nage dans ses narines pour vraiment se repérer, savoir où il est.

il attend un peu, malgré tout. avant de répondre. il attend que la toux s'arrête vraiment. ta gueule. qu'il râle, c'est du tac-o-tac. sa voix est cassée, et il prend la bouteille d'eau qui traîne sur sa table de chevet pour boire un peu. ça aussi, ça lui fait du bien. ça va. un peu mieux. la crise est partie, c'est déjà une bonne chose. désolé d't'avoir réveiller. j'ai essayé de la calmer tout seul.
puis il se redresse un peu, juste pour laisser sa tête tomber dans son cou. j'sais pas, j'ai eu très mal d'un coup, j'arrivais pas à respirer mais j'ai essayé. j'ai vraiment essayé. puis après, voilà quoi, tu t'es réveillé et j'ai cru que j'allais tourné de l'oeil. ça peut paraître dramatique, mais c'est la pure vérité. l'oxygène lui a vraiment manqué à un moment qu'il a cru qu'il allait perdre pied. et il a eu peur. peur de devoir aller à l'hôpital, peur d'alerte ses parents et qu'ils entrent dans sa chambre.

mais il est contre lui, et c'est le plus important. azra crèverait pour être ailleurs, parce que si cette crise n'a pas pris une trop grande ampleur, c'est entièrement grâce à lui.
merci, mon coeur.

léger. il soupire longtemps, le poid s'envolant alors qu'il resserre temporairement sa prise autour de l'autre. précieux. il le conserve dans ses bras et rit à ses premiers mots. c'est presque violent. il pourrait se vexer, mais non. lucius sourit. il sourit parce que se sent désormais heureux et apaisé. il le retrouve enfin et ça fait du bien. alors il ne dit rien. se plonge à nouveau dans un silence, pour le laisser récupérer. le laisser s'échapper pour s'hydrater.
mais il le rattrape bien vite. il le veut contre lui. il veut plus lâcher azra, lucius.

la peur s'envole, mais pourtant, l'inquiétude persiste. elle est là. toujours là. malgré les mots de l'autre, elle reste là. tais-toi. il en veut pas de ses excuses, lucius. il en veut vraiment pas. parce que pour la première fois depuis bien longtemps, il avait ressenti de la peur. il avait ressenti ce qu'il ne voulait plus ressentir. et même si cette fois, c'était différent. ça restait effrayant. plus que la première fois. parce qu'elle cette peur, elle était alimenté par azra, malgré lui. pourquoi tu m'as pas réveillé ? t'es vraiment idiot dans ton genre azra, putain. et la colère monte.
parce qu'il y a toujours cette inquiétude.
parce qu'il y a eu cette peur.

la colère le démange.
le provoque.

il tire alors sur quelques mèches pour avoir accès à son visage. et ses lèvres. ses lèvres se posent sur les siennes. c'est léger. chaste. mais c'était plus qu'un besoin vital. t'es pas un super héro. la prochaine fois, si il y en a une, reste pas comme ça. il en voulait pas, lucius, de cette prochaine fois.
vraiment pas.
il voulait juste le voir sourire, se pavaner, l'énerver. tout sauf ça.

déstabilisant à souhait. il peinait à exprimer ses sentiments, toujours dans le brouillard car la peur avait eu raison de lui. je t'aime. qu'il dit. comme si tout allait s'envoler. comme si tout allait s'échapper lorsque le soleil viendra pointer le bout de son nez. mais même ça, crois-moi, ça suffirait pas à arrêter mon envie de te castrer si tu refais une telle connerie, c'est clair ? détermination acquise depuis bien des années. bien malheureux ont finis ceux qui on doutés des paroles du blond.

il se tait immédiatement, n'a plus envie de dire une simple connerie parce qu'il comprend à quel point lu' est en colère. il se mord doucement la lèvre n'osant rien dire parce qu'il s'connait. azra est capable d'lui sortir l'excuse du 'tu dormais' et ça passera jamais. pourtant, c'est l'cas. il voulait pas l'déranger, il voulait pas l'réveiller parce qu'il dormait vraiment bien dans ses bras. il s'rait capable de dire encore une fois qu'il est désolé, mais il le f'rait pas. parce qu'il a appris à le connaître. être amoureux de lui, c'est le voir d'un autre angle. c'est vraiment d'apprendre à le connaître, c'est savoir ce qu'il doit dire, ou ce qu'il ne doit justement pas dire.

je te réveillerais, promis. il est honnête. il n'hésitera pas. mais il espère que la prochaine fois sera très lointaine parce qu'il n'est pas prêt, bordel, à souffrir à nouveau. mais j'veux pas d'une prochaine fois. lui aussi, il a eu peur. parce qu'il a cru qu'à un moment, il n'allait vraiment plus avoir d'oxygène. la ventoline toujours dans sa main, contre lui, il prend un nouveau coup. juste au cas où. pour sentir ses poumons prendre un peu l'air. encore.

mais sa bouffée d'oxygène, aussi niais que ça puisse être, c'est vraiment lucius. s'il n'était pas là, même avec des coups de ventoline, il est certain qu'ça n'aurait pas fonctionné. je t'aime. pas de aussi. juste un 'je t'aime'. juste eux.

il pouffe doucement de rire, parce qu'il a besoin de rire, de dédramatiser la situation. il relève son visage pour embrasser ses lèvres. plus longtemps, malgré l'oxygène faible. j'en ai marre qu'on s'aime qu'dans la nuit. qu'il murmure. j'veux qu'on se barre. il frotte son nez contre le sien, passe sa main sur sa joue.

l'aimer à en crever,
loin, très loin d'tout ça.

il replonge dans cette aura si paisible. celle qui l'avait bercé il y a quelques heures. et pourtant, malgré cette dite paix. il a cette peur de sombrer dans le sommeil. ce noeux à l'estomac qui lui rappelle que ce qu'il vient d'arriver, peut se reproduire. alors lucius, il veut lutter contre son sommeil et veiller sur azra. après tout, il est habitué à garder les yeux ouverts.
avant de lover dans les bras du frère, toutes ses nuits étaient faites d'insomnies. absolument toutes. puis il y a eu le baiser. et s'est enflammé. lui. eux. cette relation. alors malgré la fierté, malgré la force de caractère du blond, il n'en reste pas moins sensible et soucieux de l'autre.

plus que de raison.

le sourire est alors bien doux lorsque les premiers mots chatouille l'audition de lucius. il cède. embrasse le front du brun tout en ne cessant de lui offrir quelques tendresses. puis il y a la réponse à ce je t'aime. c'est direct. c'est clair.
mais surtout plaisant, mais il garde le silence, lucius. parce qu'il pourra pas gagner un combat contre le frère. parce qu'il a pas envie. parce qu'il veut pas l'énerver. fallait pas être mon frère, az. qu'il lui dit. et le rire revient, parce qu'il se moque de lui. d'eux. car il y a de quoi se moquer. cette relation n'a ni queue, ni tête et pourtant, ils en sont là, tous deux. je crois pas que tu sois capable de bouger actuellement, donc laisse ça pour plus tard. et le sourire qui suit la tendresse du brun. le nez qui se fronce contre celui de l'autre. pucelle. il attaque.

un peu.
beaucoup.

passionnément, à la folie. parce que l'amour lui donne envie de l'attaquer. même si il ne cherche pas à l'énerver. il veut le voir, l'entendre râler. ça fait peur tout ça. les crises. l'amour. les parents. eux. tout. tout fait peur. et pourtant, il reste là lucius, à l'aimer malgré tout. à le couver. parce qu'il sait faire que ça désormais. l'aimer plus que de raison. l'aimer à en perdre la raison.