juste pour oublier. (lucaël)

est-ce qu'il s'est vraiment remis de tous ses émotions ? bordel que non. pourtant, ça fait plusieurs semaines que tout a dérapé. est-ce que c'est encore plus étrange entre eux ? bordel, qu'oui. le pire, c'est qu'azra a encore plus envie de le provoquer. azra a encore plus envie d'être avec lui. contre lui. en lui. azra est toujours autant frustré et il n'arrive pas à calmer ses pulsions.
puis elle aussi, elle est toujours là. il a beau la repousser, il a beau être méchant envers elle, elle résiste. et il sait pas comment faire pour s'en débarrasser. le pire, dans l'histoire, c'est qu'elle s'est invitée pour manger en famille. et ça l'a soulé, quand son père est venu dans sa chambre pour le prévenir qu'elle était en bas, et qu'sa mère lui avait déjà proposé d'rester.
mais elle va pas rester cette nuit, parce qu'il veut pas. parce qu'il l'supporterait pas. parce que de toute manière, à chaque fois qu'il s'couche, il s'fait violence pour par r'tourner l'voir. pour pas s'endormir dans ses bras.
la soirée est longue. forcément. le repas a été un mélange de froid et de bordel, parce qu'leur père a sûrement dû trop boire sans s'en rendre compte et qu'il a vu lucius s'en prendre dans la gueule sans en voir la fin. il s'est lui-même senti gêné, pire, il a voulu le défendre. l'ouvrir. mais l'faire c'est prendre la peine d'être démasquer. c'est avoir peur qu'ils crament la chose, parce qu'à ses souvenirs, azra n'a jamais vraiment été sympa avec lui.
quand elle est partie, il a évité d'l'embrasser. il est déjà tard, même trop. tout l'monde dort parce qu'il a mis du temps à lui faire comprendre qu'elle devait partir. elle a cru qu'elle allait resté dormir, pauvre d'elle.
il souffle un bon coup, il a envie d'fumer.
mais il a surtout b'soin d'prendre sa dose de ventoline.
est-ce qu'il le fait malgré tout ? absolument pas.
parce qu'au moment où il passe devant sa chambre, il peut pas s'empêcher d'l'ouvrir. il dort vraiment, et ça l'étonne un peu. et comme si c'était normal, azra retire son pantalon et son tee-shirt, et sans faire trop d'bruit il s'allonge à ses côtés. mieux, il l'attire contre ses bras.
il en a b'soin. ça lui a trop manqué. et il s'en veut d'pas avoir eu les couilles de prendre sa défense. il culpabilise qu'elle soit restée parmi-eux alors qu'elle n'était même pas la bienvenue.

il a juste b'soin d'être avec lui,
c'est tout.

il aurait pu resté bercé par des souvenirs issus d'un péché. délicieux péché. mais non. pas ce soir. ce soir, le regard est noir. ce soir, il a le pire des démons qui consume le fin fond de son être. et elle. elle, elle est là, dans ces bras. ceux qu'il convoite en silence. il pourrait passer outre. se jouer d'elle. provoquer son semblant de frère, sous ses yeux à elle. mais non.
non parce que le père. le patriarche, il a décidé de s'en prendre au blond ce soir. encore. éternel bon à rien à ses yeux. et encore une fois, lucius encaisse sans broncher. durant un temps du moins. la rébellion vient à pointer son nez bien assez tôt, faisant de lui un être nauséabond aux yeux du paternel. les cris fusent autant que les insultes. aucun respect n'est présent et ainsi s'instaure une aura désagréable.
puis lucius abandonne parce qu'il est fatigué. fatigué d'encaisser des insultes. fatigué de se battre, seul face à un homme qu'il ne supporte plus. fatigué de payer pour les autres. le repas n'est qu'un amas de conneries. un tas d'hypocrisie. le blond peine à remplir son estomac, trop nauséeux pour ça. alors il quitte la table plus tôt que les autres et s’éclipse pour le reste de la soirée.

le temps passe.
lentement.
trop.

lucius retrouve la paix au milieu de sa pauvre chambre pourtant quasi royale. attrapant sa guitare sur son chemin, il vient à se hisser sur son lit pour jouer quelques notes. mais rien y fait. la colère est constante. contre un père. un frère. une mère. elle. puis la haine l'envahit et l'instrument, aussi innocente que puisse être sa guitare, traverse la pièce pour exploser une fois le sol atteint.
puis le soupir, lourd soupir, s'échappe et le voilà qu'il tente à calmer ses émotions. sa haine. sa colère. sa douleur. cherchant à rejoindre morphee. se glissant alors sous les amas de draps et couvertures, éternel frileux, il fait appel aux rêves pour bercer son âme en peine et en quelques minutes à peine, il sombre. lucius s'envole pour un autre monde, en espérant qu'il soit meilleur.
relativité. le blond a l'impression d'avoir sombré dans ce monde depuis presque une éternité, mais finalement arraché violemment à travers un contact, il ouvre les yeux. il tente d'ouvrir les yeux.
chaleur soudaine en cause. il semble perdu durant quelques secondes avant de finalement voir se dessiner une silhouette familière. sa silhouette. sourcil froncé, cette vision le pousse à avoir un réveil des plus brutal. repoussant violemment ce frère. quittant ses bras sans ménagement. dégage d'ici. c'est froid. saillant. rancunier au possible.
rancunier car il a été abandonné. lâché. au beau milieu d'une bataille.
puis nargué. provoqué par la présence de cette fille. cette même fille qui pourtant, est censé être l'une de ses amies. envie de détruire chacun d'entre eux.

aussi doux que puisse être lucius,
il en devenait que plus dangereux,
une fois son âme blessée.

il y croit, hein ? oui, il est persuadé qu'ce soir encore, il va pouvoir lui montrer ses promesses. le soucis, c'est qu'elle a tout gâché sans qu'elle ne le veuille vraiment. et puis, il y a son père aussi. il y a encore les cris. d'habitude, il s'en foutrait, littéralement.
l'problème, c'est que depuis qu'ils se sont embrassés, depuis qu'ils ont commencé à se toucher, même azra ne sait plus comment il doit agir. pas alors qu'il crève d'envie de recommencer. pas alors qu'il ne réclame qu'une seule chose, c'est d'être avec lui. d'le soutenir.
ça lui fout presque les jetons. parce qu'il sait qu'il va pas s'faire accueillir les bras grands ouverts. bien qu'il l'espère, au fond.
elle est partie, tout l'monde dort et lui, lui il a besoin d'être avec lu. y'a rien d'mal, dans tout ça, si ?
il dormait, alors forcément azra a cru qu'ça allait bien s'passer. mais au moment où il l'attire contre lui, il se sent projeter du lit et il sent la totalité d'son dos s'mettre à craquer. il fait une grimace. il était pas préparé à une chute comme ça.
il pensait qu'il allait être repousser par des mots, par des cris, pas par un geste physique bordel. mais c'est le ton de sa voix qui lui brise les tripes. azra s'relève même pas, il est figé au sol, a encore un peu mal. peut-être qu'il a un peu peur, aussi. et il sait que dans sa colère, il y a un peu d'elle. je savais pas qu'elle allait v'nir ! qu'il jure. je snobe ses messages et j'réponds même pas à ses appels ! peut-être qu'il aurait dû la larguer. l'truc c'est qu'elle va pleurer, et qu'il aime pas vraiment du mal aux autres. alors c'est la seule chose qui le retient. il souffle un bon coup. un pied sur le sol, il se redresse sans oser s'allonger à nouveau. puis j'suis désolé pour papa. toute manière il puait l'alcool. mais on est pas censé prendre la défense d'l'un, d'l'autre. ça a toujours été comme ça, on peut pas changer le cours des choses par prétexte qu'on s'est embrassé. il murmure, mais il parle tellement fort qu'il a l'impression qu'ça raisonne dans toute la maison.

âme en peine. pas même sa mère avait osée l'ouvrir ce soir face à cet être imbibé d'alcool. elle, qui habituelle n'a d'yeux que pour lucius. elle, qui constamment, couve le blond car, bien fragile il est. trop fragile. et ce soir, le silence fut. le silence qui venait presque sonner tel une trahison. personne. personne n'avait levé le petit doigt et ça frustrait le blond, parce qu'au fond, il savait que le vieux père, un jour, il lèvera la main sur lui. et il sait, lucius que ce jour là, il s'en ira. un point de non-retour. et personne ne fait rien.
pas même lui.
alors non, ce soir, il veut pas de lui. pas après avoir gardé le silence, tel un lâche. pas après tout ça. pas après ce baiser qui au fond, aurait pu aller bien plus loin si les parents n'avaient pas pointés le bout de leurs nez. non. ce soir, lucius voulait être seul et tant pis si les cauchemars venaient à le punir.
tant pis si à nouveau, son sang venait à couler de son nez.
tant pis si le manque de lui, se fait sentir.

alors il fixe, lucius. il fixe azrael avec tous les démons de son monde.
il le brûlerait vif si il le pouvait tant sa colère était grande.
puis les excuses remplissent la pièce.
encore et toujours les mêmes.

au diable cette maudite fille.
au diable ces excuses minables.

je m'en branle qu'il dit. amer. froid.il en devient vulgaire, laissant les douces paroles et mots raffinés au placard. il déloge alors son regard de l'autre. la nausée qui l'avait quitté lui revient à chacun des mots prononcés par azraël. insupportable. je m'en branle il surenchérit. n'en démord pas. alors il s’assoit au beau milieu du lit, observe la pièce. observe la guitare au loin. puis les mots fusent encore. et plus azraël parle. plus lucius s'enfonce dans un tourment certain. puis les mots fatidiques sortent. un peu trop fort à son gout. il se jette alors jusqu'à l'autre, lucius, traversant le lit pour plaquer sa main sur la bouche du brun. ferme-la un peu tu veux ! ça chuchote. ça tente de noyer des mots alors que la lumière du couloir s'allume. tête penché, le blond fixe le reflet sous sa porte. quelques secondes et l'obscurité revient avant que lui-même, ne hôte sa main de la bouche de son semblable. moi je l'aurais fait. mais je suppose que toi et moi, on a pas le même courage.
il hausse les épaules et tourne le dos à ce frère qui n'est plus, pour son plus grand malheur. retournant se faufiler sous les couvertures, il va jusqu'à recouvrir sa tête, enfant boudeur, fuyant ainsi l'autre.

peut-être qu'avant il ne supportait pas vraiment la présence de lucius. juste parce que les provocations, juste parce que les mots durs le f'sait partir. presque. parce qu'il était pas vraiment capable de gérer la situation, pas capable d'affronter c'qu'il s'passait vraiment dans son bide. s'il prenait de l'importance à ses mots, c'est qu'il mettrait de l'importance dans ses sentiments et ça lui a semblé trop impossible pour se laisser tomber dans le vide.
ce soir c'est trop différent. ce qu'il s'est passé au chalet lui a fait briser tous les murs qu'il avait mis du temps à construire. un simple baiser, une pulsion et ça a suffit pour que les masques tombent. et ce soir, ce soir il s'en veut. il s'en veut qu'elle soit venue parce qu'elle n'a plus sa place chez eux. elle ne l'a jamais eu, pour tout dire. il le savait, mais ça aussi il voulait pas l'accepter. ça fait un an qu'il essaye de se battre avec sa propre conscience pour forcer son destin a changé.
en vain.

et il se fait pousser, sans trop comprendre.
enfin, si, il comprend.
mais ça lui fait tellement mal au coeur, il a même la sensation que tous ses os sont en train de se briser.
il ne supporte pas la froideur de lucius, c'est pas ce qu'il veut putain. il veut juste être dans ses bras, il veut juste lui montrer qu'il l'aime. parce que c'est ça le mot exact.
il veut juste lui montrer qu'il tient à lui comme à la prunelle de ses yeux, parce que malgré tout, ça a toujours été comme ça. il n'a jamais levé la main sur lui. il n'a jamais hurlé trop fort.
bordel, les signes étaient là. c'est tout.

il parle, et d'un coup, il y a sa main sur sa bouche. azra devient muet, mais il est pas con non plus. il voit la lumière sous la porte, il entend le bruit des pas. il ferme les yeux très fort et prie de tout son coeur pour ne pas qu'un de leurs parents ouvrent cette porte.

puis la lumière s'éteint, il n'y a plus de bruit. mais son coeur bat fort, cogne vite. il le sait, il sait que lucius aurait ouvert sa gueule mais ils n'ont pas le même caractère. ils ne sont pas pareil. je sais. qu'est-ce qu'il peut répondre d'autre, hein ? ça lui fait mal de le voir lui tourner le dos, de le voir s'allonger, se cacher, juste parce qu'il veut pas d'azra dans sa chambre. son corps se met presque à trembler.

je partirais pas, lu. il prévient. son regard se pose sur sa guitare brisée et ça aussi, ça lui fait mal au bide. c'est d'sa faute tout ça. azra lui a fait mal. il peut pas le nier. j'suis désolé, d'accord ? mais je partirais pas. parce que j'ai besoin de toi. son dos glisse contre le mur, il s'assoit sur le sol. et t'es trop fier, trop blessé, pour accepte qu'toi aussi, t'as b'soin de moi. non, il va pas bouger. et peut-être qu'à trop attendre, il s'endormira dans cette position, mais tant pis. s'il faut faire ça pour lui prouver des choses, il le fait et c'est tout.
et tant pis s'il a froid,
tant pis s'il doit s'foutre en quatre.

pour lui, il est prêt à faire n'importe quoi.

azraël. être causant bien des faiblesses dans une âme déjà bien tourmenté comme celle de lucius. jeune tête faussement blonde au sourire d'innocence, se voit sombrer dans les abysses de sentiments qu'il n'a jamais réellement connu. et dieu seul sait, combien au fond, lucius est rongé par l'amour qu'il éprouve pour son frère. dieu seul sait ô combien cela sonne comme l'un des pires péché de ce monde et pourtant, lucius, il abandonne pas. longtemps il lui a fallut pour comprendre. longtemps il lui a fallut pour rassembler une once de courage et osé le provoquer plus que de raison. le provoquer autrement que le ferait un véritable frère.

et tout se plonge dans un secret. un secret qui est lourd à porter. à entretenir tant la jalousie de lucius se montre bien destructrice. puis cette possessivité éternelle. cette même possessivité qu'il n'avait jamais caché envers azraël. celle que les autres, vu de l'extérieur, la pense innocente alors qu'au fond, il n'en est rien. seulement de l'amour.
tout se bouscule dans la tête du blond. ça lui file le tournis. la nausée. et même les mots d'azraël ne l'aident pas. loin de là. ça ne fait que l'énerver d’avantage. le blessé d'avantage. parce que lucius, c'est la rancune avant tout. le pardon est absent. ou alors bien difficile à acquérir. et même si au fond, il sait que l'autre n'est pas entièrement coupable de cet état de faiblesse, il ne peut s'empêcher de tout lui mettre sur le dos. absolument tout. y compris ces foutus sentiments qui le rongent. t'as besoin de moi ?le frisson qui parcours l'échine. le mauvais frisson.
frisson bien différent de celui qu'il avait ressenti ce jour là, au chalet.
bien trop différent.

tu faisais quoi ce soir az' ? quand moi j'avais besoin toi, tu faisais quoi ? la tête qui ressort de la couverture, le blond se retourne finalement et rampe jusqu'au bord du lit, faisant face à son semblable. je préfère être une merde à ce niveau, plutôt qu'être une merde comme toi tu l'as été ce soir. c'est venimeux. terriblement venimeux. ça n'a rien de doux. rien de beau. seulement rongé par une haine certaine. plus que tout le reste.
venant d'une autre, lucius, il aurait rien dit. absolument rien.
il se serait contenté de passer outre. parce qu'il est un peu trop je m'en-foutiste pour empoisonner sa vie de ce genre de détail. mais azraël. c'était pas quelqu'un d'autre. c'était le siens. c'était sa propriété. celui qui était censé le protéger de la même façon que le blond lui même, l'aurait protégé. c'était vraiment pas quelqu'un d'autre. et ça, ça ne faisait que bouffer lucius de l'intérieur. j'aurai toujours besoin de toi. c'est un fait. mais la différence entre toi et moi, c'est que moi j'hésiterai pas à me faire planter pour ta pauvre petite gueule. peu lui importe que cela fasse un jour comme six mois. le blond hésiterait pas un seul instant. voilà quel genre de merde t'es azra. le genre à s'défiler pour un détail insignifiant. toujours à cracher son venin. parce que lucius avait du mal à se retenir.
lucius, c'est pas le genre de gars à ravaler ses mots, à agir comme un être faux et infâme. honnêteté destructrice. pour lui. comme pour les autres.

il entend la voix, mais ne voit pas son visage. il ferme les yeux azra, se sent complètement minable pour tout dire. il réalise vraiment qu'il a tout gâché ce soir. qu'il a préféré être lâche. qu'il a préféré garder des convictions. c'est pas lui le plus fort entre eux deux, malgré sa grande gueule, malgré sa corpulence. azra est incapable de prendre des décisions pour lui ; il prend des décisions pour protéger trop d'mondes. il a toujours pas quitté sa copine parce que ça va lui briser le coeur, il est allé à la faculté pour faire plaisir à leur père. il a pas osé prendre la défense de lu au repas parce qu'il savait que ça allait mal se finir. il est peureux azra, et il peut pas, il y arrive pas à s'imposer comme son frère sait l'faire.

puis lucius sort la tête de la couverture. il s'impose, face à lui et azra se sent encore plus minable. pour l'coup, il a même envie de pleurer alors qu'c'est pas son genre bordel. mais il y a sa gorge qui lui fait mal, il y a son ventre qui lui donne l'impression qu'il s'fait bouffer à l'intérieur de lui.
et les mots sont tellement douloureux.
ses yeux se remplissent de larmes, mais il arrive à les retenir. par contre, il n'retient pas les tremblements de son corps. il r'tient presque plus rien, pour tout dire. il a envie d'se barrer. d'retourner dans sa chambre, mais cette voix dans sa tête lui hurle que c'est impossible alors comme un con, il reste.
il reste, il entend et il hoche la tête, parce qu'il peut faire quoi d'autre hein ? il a raison l'blond. c'est qu'une merde qui a fui parce qu'il avait peur qu'on voit un changement. mais prendre la défense de quelqu'un, de son frère/amant, c'était c'qu'il devait faire. parce qu'il doit le protéger. contre tout l'monde.

il doit être là pour lui. et pas que quand ça l'enchante. il peut pas s'permettre aussi qu'elle revienne elle aussi.
alors il s'lève. il s'lève mais il a la sensation que ses jambes peuvent lâcher à tout moment. je t'aime. qu'il souffle. et ça peut paraître con, parce qu'on s'est embrassé qu'une seule et unique fois. parce qu'on joue avec le diable depuis trop longtemps. c'est peut-être rapide, mais c'est comme ça qu'ça se passe dans ma tête. je t'aime, et ça m'fait peur. peur, parce que j'me rends compte que j'l'ai jamais vraiment aimé elle, parce que je me rends compte que j'supportais vraiment pas le comportement de papa avec toi. il murmure, mais il est épuisé. physiquement, moralement. j'sais que j'ai merdé. mais je t'aime bordel, et c'est pour ça qu'j'rends les choses encore plus difficiles. parce que j'suis lâche bordel.

et sans attendre, il sort azra. parce qu'il sent qu'il est en train d'chialer et ça va pas du tout. il essaye d'pas faire de bruits, mais au moment où il entre dans sa chambre et qu'il s'allonge dans son lit, il explose en sanglots.

il l'aime,
mais il gâche tout c'qu'il touche azra.

la colère gronde. dévastatrice. elle ronge lucius. et lucius la crache au visage d'azra. l'amour envolé. disparu. du moins jusqu'à l'entente de ces paroles. il cherche une réaction. une véritable réaction, lucius. celle qu'aurait eu azra dans d'autres circonstances. sans cet amour. sans ce merdier. une flamme. un brasier. et au lieu de ça, il se retrouve face à un ras de marée de faiblesse absolue. le frère déstabilisé par la fureur du blond. ce dernier le suit de son regard. observant sa silhouette se relever, puis s'éloigner. les mots sont doux. presque beau. et pourtant, lucius ne faiblit pas. lucius n'est fait que de colère.
encore et toujours.

puis l'autre quitte la pièce. l'abandonne. lâche à nouveau. et le soupir de lucius est lourd de sens. au fond, il attend le retour de l'autre. une minute. puis cinq. puis vingt. et la patience s'envole. il se redresse, s'enveloppe dans sa couverture, parce qu'il est frileux. fragile. et quitte alors sa propre chambre.
la boule au ventre à l'idée de traverser le couloir dans l'obscurité. la boule au ventre à l'idée de se faire attraper par l'un des parents. même si au fond, il sait, lucius, que sa mère est bien plus conciliante. plus compréhensive que le père. alors il tente, lucius, de traverser sans attirer l'attention pour finalement rejoindre la chambre de son frère.
il se glisse alors à l'intérieur, sans réelle conviction. sans savoir pourquoi. toujours cette colère. et pourtant. il est guidé par cette dépendance. cette foutue dépendance qui se mêle à ses sentiments.

la tête blonde traine alors des pieds jusqu'au lit, sa couverture encore sur le dos. moue presque boudeuse, il se hisse sur le lit, sans un mot, ni bruit avant de s'approcher de l'autre. encore une fois, sans savoir pourquoi. puis il se laisse tomber près de lui, le recouvrant de sa propre couverture. c'est à moi de pleurer normalement, pas à toi qu'il vient à chuchoter. tu te compliques bien trop la vie, alors qu'elle peut être bien plus simple. tu es bien idiot, azra. tu l'as toujours été de toute façon. incapable de faire les choses de toi même. toujours à attendre le moment propice. toujours à attendre le calme plutôt que foncer droit dans la tempête. tu te compliques la vie en choisissant pourtant la facilité et voilà ce que tu gagnes. nuit noire, et pourtant, lucius arrive à contempler le visage d'azraël partiellement éclairé par l'éclat de lune. pucelle. la pique qui se veut douce.
lucius abandonne. trop usé. trop fatigué pour déverser à nouveau sa colère sur l'autre. je t'aime. un souffle.
presque inaudible pour des murs qui pourraient se montrer curieux. mais assez pour arriver aux oreilles de l'autre enfant de cette famille. des mots doux pour étouffer toute la peine et la colère du monde. mais bien loin de pardonner au frère. le blond noie seulement une part de fierté pour soulager la peine qu'il a causé.

il est en train d'trop se perdre azra. fait n'importe quoi. et ce soir, ce soir il est vraiment trop épuisé pour se battre, pour tenir tête. parce que supporter sa copine a suffit pour l'user de toutes ses forces. parce qu'il essaye trop d'plaire à tout l'monde alors qu'il s'en fout d'tout ce monde. il n'y a qu'lui, qu'le môme qui mérite toute son attention.

c'est douloureux, ouais. d'prendre conscience de tout ça par force, à cause de lui. il lui en veut presque d'lui faire ouvrir les yeux subitement comme ça.
putain.
alors oui, oui il part de cette chambre parce qu'il sent que les larmes commencent à couler. il est lâche, mais ce soir, il est surtout faible. à la minute où il s'est allongé dans son lit, azra retire les poids qui encombrent ses épaules pour se mettre à pleurer. littéralement.
il veut juste que tout s'arrête, que les choses soient moins difficiles. il lui a dit qu'il l'aimait, et il a fuit bordel. c'est à ça que se résume sa vie. il assume pas l'intégralité d'la chose parce qu'il prend peur.
alors qu'il l'aime bordel.
il l'aime au point d'lui avoir dit sans contrôler ses propres mots.

azra d'vrait y retourner, mais il en a pas l'courage. ce soir, il a décidé d'être lâche jusqu'au bout, et de se reprendre en main demain. point.
et la porte de sa chambre s'ouvre. il ne dit rien, mais il n'a pas besoin de regarder pour savoir qui vient de pénétrer. il le sent à son odeur, son coeur s'emballe à nouveau et il s'arrête immédiatement d'chialer. puis lu, lu qui s'met à ses côtés dans son lit, et azra qui s'fait violence pour pas l'attirer dans ses bras.

mais il est là. il est là et c'est le plus important à ses yeux.
yeux brillant de larmes. j'suis fatigué. l'excuse la plus simple, plutôt que d'avouer la vérité. ouais, ouais c'est pas à lui de pleurer, mais bordel, il en peut plus lui non plus. il fini par hocher la tête, se tourner sur le flanc, et se rapprocher de lui. il sourit pas, mais il a les yeux fixés sur son doux visage.
il est beau.
puis il pouffe de rire, faiblement. pucelle. à croire que ça va être quelque chose à eux, ce simple mot.
puis le je t'aime. je t'aime.
des mots qui lui adressent. et azra sait qu'ça rime pas avec un 'je te pardonne' mais c'pas grave. il a juste b'soin d'lui, c'est tout.

alors il tente, tant pis. il laisse sa main se poser sur sa joue, il laisse ses doigts caresser sa peau. je vais la quitter. chaque chose en son temps, non ? alors on va commencer par ça. et on part tout un week-end. juste toi et moi.

ils en ont b'soins.
d'se retrouver.
d's'aimer.

il aurait pu pardonner. comprendre. et continuer à agir dans un silence éternel. mais non. lucius avait besoin de ça. de s'exprimer. d'exprimer ô combien il avait eu besoin de lui. et bien que le calme revenait peu à peu, le blond laissa l'obscurité consommer sa colère, s'envolant avec elle alors que le clair de lune venait à apaiser les âmes et les coeurs en peines. faible sourire qu'il avait eu, lucius, à l'entente des paroles d'azra. puis attendrit par son sourire à lui. sourire qui lui avait forcément manqué. mais ça aussi, il n'en disait rien. ça aussi, il le gardait pour lui.
alors lucius, il se contentait de rester près de lui. même si azraël se rapproche. le blond fuit pas parce que c'est ce qu'il veut. il a ce besoin qui ne cesse de retourner ses tripes. cette envie de trouver le creux de  ses bras et de ne plus en sortir. mais là aussi. il ne dit rien. il se contente d'agir.

encore.

parce qu'il est comme ça lucius. tout dans les gestes plus que dans les mots. alors de lui-même, il quitte sa position pour finalement venir dans les bras de l'autre. proximité évidente.  la facilité, azra. toujours la facilité. la quitter, à ses yeux, c'était une forme de faciliter. et ton idée de week-end, je suis pas sûr que les parents apprécient... légère grimace. loin de lui l'envie de refuser à cette proposition qui avait un semblant d'ordre. loin de lui l'envie de briser ce qui semblait être une preuve d'amour à son égard, mais il restait planté dans une forme de triste réalité.
je t'aime. encore une fois. parce que c'est la vérité. parce qu'il a besoin de se faire comprendre et de faire comprendre à l'autre qu'il a pas gueulé seulement pour le plaisir. besoin de faire comprendre que pour lui, azraël lui-même, c'est pas que passager. c'est une envie constante d'être avec lui.

de l'avoir pour lui.

alors à nouveau, lucius sourit. lucius dépose ses lèvres sur celle du péché. chaste. pur. tendresse absolue. symbole de pardon. puis sa main se glissa dans l'ébène des cheveux de l'autre. les doigts s’animent et deviennent joueurs alors que son regard, lui, il ne quitte pas le siens. tu voulais pas que je parte, mais au final c'est toi qui es parti. piqûre de rappel d'une conversation désormais lointaine. pique légère que lucius se fait une joie d'offrir à l'autre, le punissant presque par ses mots. et pire encore. t'avais dis que tu partirais pas. et t'es parti. lâche. pas très loin. certes. mais parti quand même plutôt que se battre. de la même façon qu'il s'était tus ce soir.
aucune rancoeur au fond. seulement une façon de piquer azraël, comme le blond avait l'habitude de le faire. tester sa patience. encore et encore. piquer et fusiller sa fierté. pour son bon plaisir.

il vient dans ses bras. bordel. azra n'attend pas plus d'une seconde avant de le serrer très fort contre lui, embrassant sa tempe. il ne perd pas non plus une seconde de plus avant de se mettre à caresser son dos, et puis sa main remonte le long de sa nuque, pour finir dans ses cheveux. c'est tellement surhumain ce qui est en train d'se passer entre eux. c'est loin d'être normal dans de nombreux points de vues des autres, d'ceux qui jugent et d'ceux qui comprennent pas. mais à ses yeux, azra en a besoin. il a b'soin d'lucius parce qu'il l'aime. c'est fort, et il peut pas contrôler c'qu'il ressent. on peut pas lui empêcher d'ressentir ça parce que lui-même ne l'a pas senti arriver. c'est comme ça. d'la façon la plus naturelle au monde, et s'il devait changer l'histoire pour en refaire une autre, il ne changerait rien.
il est dans ses bras, il est contre lui, et c'est tout ce qui compte.

peut-être que la colère est encore là, certes, mais au moins, les tensions sont apaisés pour ce soir et il le retrouve. et azra n'a b'soin que de ça. son corps ne réclame que lui, et son âme lui crève d'ne plus jamais partir.
même si c'est à cause de lui, toute cette merde.
et il prend des décisions. mais il fronce quand même les sourcils. sans trop comprendre le sens de sa phrase. facilité ? d'prendre une décision comme celle-ci ? il sait pas, comprend pas. tu veux que je reste avec elle ? il est presque déçu, sa voix tremble presque aussi.
il ferme les yeux quelques secondes, souffle, et puis embrasse à nouveau sa tempe. n'arrêtant pas les caresses qu'il lui offre. et pour le week-end, on trouve une excuse. on est pas obligé d'leur dire qu'on sort tous les deux, parce que d'toute manière ils vont trouver ça bizarre. t'as qu'à faire croire qu't'as un truc à la con, j'prends l'excuses de mes études pour un week-end révision et c'est tout. on s'ra juste que tous les deux. et il est persuadé que ça peut leur faire du bien.
les mots lui offrent d'intenses frissons, et le baiser lui apporte une bouffée de chaleur qu'il est presque déçu qu'il soit autant brisé si rapidement. je t'aime fort. un murmure, comme un secret, et s'il savait qu'ils pouvaient respirer sous la couette sans se faire étouffer, il aurait déjà relevé la couverture de lucius pour leur faire une cabane magique. une bulle à eux.
puis d'autres frissons, à cause de ses caresses. et azra plonge sa tête dans le cou de lucius pour humer son odeur. son coeur bat trop fort, mais il est hors de question qu'il s'arrête. parce que c'est trop agréable. parce qu'il a une bouffée d'oxygène. parce qu'il se sent en sécurité putain.
puis une grimace. je sais. il se souvient de l'avoir supplier au chalet d'pas partir. mais encore une fois, c'est à cause de lui tout ce bordel. c'est lui qui a fuit cette chambre, à cause des larmes, à cause de la peur. parce qu'il a pas eu la force de se battre, parce qu'il savait qu'quoi qu'il disait, ça allait jamais s'finir.
mais au final c'est lucius, lucius qui est là dans sa chambre, dans ses bras. et c'est tout ce qui compte. je sais lu. j'suis désolé, ok. j'ai eu peur. j'ai peur, c'est tout. et oui, oui j'suis parti, mais j'suis là. je partirais jamais sans toi si jamais je devais fuir.
il embrasse son cou, des baisers innocents, cette peau bien trop douce.
j'ai... j'suis là. et si j'dois te le prouver tous les jours, je le ferais. t'es à moi, tu vois ?
et cette fois-ci, il relève son regard pour l'embrasser,
avec tout l'amour qu'il ressent.
tout.

il pourrait rester là pour l'éternité, lucius. au creux de ces bras. sous les louanges de ces lèvres. prisonnier de cet être. il l'aime. purement. simplement. il l'aime comme jamais il n'avait pu aimer quelqu'un avant lui. c'est instable. nouveau. et pourtant. excitant et doux. charmé, il peine à résister. et encore, il faiblit le blond. ce soir encore. il avait faiblit, le rejoignant dans cette chambre. dans ce lit. alors qu'il était rongé par la colère. il l'aimait comme un fou.
aimer. aimer comme on peine à aimer aujourd'hui.

la colère toujours présente. flottant au dessus de leurs êtres, le blond la délaisse pour offrir son attention à ce frère qui n'est désormais plus. doux sourires, il viendrait presque à rire sous le plan que chantait le brun. ignorant le sujet de la belle et pauvre demoiselle. surprenant au possible. mais c'est qu'il a tout prévu... et si je veux pas ? si j'ai déjà des choses à faire ? si j'ai un amant à voir ? si j'dois chanter dans un bar ? tu me forces ? tu fais quoi ? tu me kidnappes ? ou tu fuis encore ? retour de cette âme presque enfantine. le coeur léger, il ne cesse de laisser ses doigts vagabonder dans la chevelure de l'autre. puis les gestes cesses. les mots d'azra venant le broyer émotionnellement. pas encore. pas encore. pas même une once de sa personne appartenait à azra. trop occupé et pris par la belle princesse innocente qui ne cesse d'être user pour du faux-semblant. pas encore. pas officiellement. mais bien tenté tout de même. faible sourire. ça cherche du réconfort et ça le trouve contre les lèvres de ce nouvel amant devenu amoureux. baiser bercé par l'amour. les doigts qui agrippent et abîment la chevelure de l'autre. il est bien faible le blond et au fond, il aime ça. il aime se retrouver malmené par les propos, les gestes d'azra. parce que c'est lui. parce qu'il sera bientôt à lui. parce qu'il l'aime.

baiser envolé. lucius en devient grognons. chaton mécontent qui happe la lèvre inférieure de son semblable. il était beau. bien trop pour pouvoir résister à cette envie de lui voler une multitude de baiser. peu discret. mais au diable la discrétion. l'envie et l'amour sont bien plus important. j'te demande pas d'la quitter. ou plutôt si. mais faut pas que ce soit à cause de tout ça. elle revient. encore. et malgré ses tentatives, lucius il peine.
il peine à se faire comprendre et à faire comprendre à azra sa façon de voir, faire les choses. frustré.
serre-moi, s'il te plait. et à nouveau, il l'abandonne. elle. car ça le fatigue rien qu'à l'idée de penser.
penser à lui qui la prend dans ses bras.
penser à elle qui embrasse ses lèvres à sa place.
penser à eux.
alors il demande.
il supplie presque d'avoir droit à un étreinte. le genre d'étreinte qui donne envie de mourir tant elle est puissante. le genre d'étreinte où la peur s'envole. car oui, lucius, malgré son air de chaton fou, il avait peur.
peur qu'on lui enlève son frère.
peur qu'on lui enlève son amant.
peur qu'on lui enlève la seule personne qu'il est capable d'aimer.

il parle. il en rêve presque. d'eux deux, dans un endroit lointain, l'temps de peu de jours. l'temps qu'ils soient juste ensembles. sans un père alcoolique prêt à gueuler pour rien du tout sur lucius, sans une mère trop inquiète pour ses deux fils, mais trop discrète pour qu'elle se fasse entendre. sans sa copine qui peut venir à tout moment et briser leur moment à eux en un claquement de doigts.
et lui montrer,
lui montrer à quel point il est beau,
lui montrer à quel point il a besoin de lui, et seulement de lui.
lui montrer à quel point il n'est qu'à lui, et que les choses sont entièrement réciproque.
et lui montrer, oh oui, lui montrer qu'il ne partira pas. qu'il n'va pas reproduire les mêmes erreurs.
l'aimer. le toucher. l'embrasser, et le voir sourire.
sentir son coeur battre fort.
sentir son ventre se contracter à chaque fois que les caresses commencent à être trop intime.

et azra, à l'heure actuel, n'a même pas envie de dormir. il a envie de profiter de chaque moments, du son de sa voix, de sentir son odeur. il a b'soin de l'embrasser, encore et encore, il a besoin de l'avoir avec lui, contre lui, pour toujours bordel.

si tu dois chanter, on partira après. si t'as un amant, il peut aller se faire foutre. si t'as pas envie... j'te crois même pas pour ça. mais si jamais c'est le cas, tant pis. j'te forcerais pas. il est doux. et sa main descend le long de son dos, ses doigts caressent sa peau. parce que j'ferais jamais quelque chose que tu n'as pas envie d'faire. j'te forcerais jamais. j'te détruirais jamais. il parle faiblement, de simples murmures. et je fuirais pas. une promesse silencieuse, qu'il approuve en embrasser tendrement ses lèvres. et il sourit, contre sa peau. il sait qu'au fond, c'est le cas. lucius lui appartient. pas comme un objet, non. pas comme un désir. mais c'est son âme. son coeur. putain, c'est lui, c'est son sourire et ce sont ses lèvres. c'est lui qui lui appartient. c'est des détails comme ça qu'il veut, qu'il crève d'besoin.

et oui, la discussion est à la fois légère, à la fois sérieuse. parce que le problème reste le même, azra est censé avoir une copine. putain, c'est ça l'problème principal alors qu'ils sont censés s'dire à quel point c'est mal, à quel point ils risquent d'se faire niquer si leurs parents les surprennent. mais on emmerde les parents, non ? ils sont assez grand pour prendre leurs propres décisions, c'est tout.

à cause de tout ça ? à cause de tes réactions quand elle est là ? il souffle doucement, mais il lui laisse pas vraiment le temps de répondre. j'en ai jamais eu rien à foutre d'elle. désolé, parce que c'est ta pote, tout ça. il cherche ses mots. et il s'rend compte qu'azra, pour communiquer, il est vraiment pas doué. ce qu'il s'est passé au chalet, ce qu'il se passe actuel, c'est vrai lu'. c'est pas dans ses bras à elle que je veux être, mais dans les tiens. et c'est toi, c'est toi qu'j'veux embrasser à chaque fois qu'on se croise à la maison. c'est toi, qu'j'veux rendre fou, qu'j'veux ancrer mon prénom dans ton crâne. je t'aime toi, je t'aime beaucoup trop tu vois ? question rhétorique. c'est toi. ça a toujours été que toi. il lui sous-entend beaucoup trop d'choses.

demain il se lève, il va la voir, et il la largue.
il aurait dû l'faire d'puis d'jà trop longtemps, de toute manière.
et sa demande, sa plainte. azra réagit directement. il colle son corps contre le sien, attire lucius encore plus contre lui et il le sert, il le sert très fort. la sensation qu'leurs âmes se complètent au même moment.
il n'voit qu'par lui. et bordel il n'aime que lui. il l'aime tellement qu'il est prêt à tout pour lui.
il l'sert tellement fort qu'ça l'émeut presque. qu'à ce moment précis, il s'dit qu'c'est hors de question qu'il lui échappe.
j'ai envie de te faire l'amour. à lui. juste à lui.

lui prouver,
lui promettre,
qu'il est là et qu'il n'partira jamais.

il est beau. bien trop beau pour que le jeune résiste. alors lucius, il écoute azra. il boit ses paroles sans réelle modération parce que ça fait du bien. le fait de l'entendre. le fait de se retrouver dans ses bras. ça lui fait un bien fou. bien des jours à l'éviter, à être dans l'impossibilité de le toucher, l'embrasser. trop de jours. des jours qui parfois, rendaient fou lucius au point de fuir la bicoque familiale.
besoin d'évasion. d'apaiser la douleur constante. d'apaiser cette haine qui naissait à chaque fois qu'elle venait. besoin d'apaiser son esprit. ce même esprit qui lui offrait bien trop de fil à retordre. tortionnaire. c'est qu'il se maudirait presque de l'aimer, à azra, tant c'est compliqué de passer à coter de lui sans céder à cette envie de l'embrasser, le toucher.
puis ouais. ce soir, malgré les mots durs et la colère, il cède parce qu'il lui manque. il lui manque un peu trop alors il veut le retrouver et se plonge dans ses bras, à corps perdu pour combler et apaiser tout ça. et ça marche.
ça marche réellement. et ça lui fait peur à lucius, parce que dans ces bras, il comprend que tout ça, c'est mal. il comprend ô combien il est accro et tout ça, à cause d'un foutu baiser. tout ça à cause de ce qu'il s'est passé au chalet. un seul écart lui a suffit à s'imprégner de l'autre. à devenir fou. fou d'amour pour lui. puis le rire chante encore. parce qu'il y a une once de jalousie dans les mots d'azra. et lucius, il aime ça. puis cette détermination. cette imagination. très bien. c'est simple. c'est direct. ça pourrait s'arrêter là.
mais non. et si je veux juste rester ici, avec toi ? qui dit qu'on a réellement besoin de fuir pour s'aimer ? qui dit qu'on a besoin de s'éloigner d'ici ? peur dissimulée. traumatisme qui persiste, même avec lui. pas l'envie de quitter son confort, sa zone bien trop sûre. cesse de dire que tu fuiras pas alors que tu le feras tôt ou tard ! ça crie dans un murmure. c'est presque enfantin. et pourtant, ça n'a rien de malveillant.
puis les lèvres qui lient à nouveau.
et le sourire du blond qui revient.

puis encore une fois, elle revient. holly.
elle revient pour perturber le tout. pour refiler des nausées à lucius qui s'efforce de la virer de cette conversation. et lucius, malgré les propos d'azra. il dit rien.
il n'en a pas le temps, dans tous les cas.
puis à nouveau, le blond sourit alors que sa main quitte la chevelure de l'autre. il se contente de glisser désormais ses doigts sur les contours, les traits de ce visage si précieux. comment encrer quelque chose qui est déjà présent ? question qui n'est pas. affirmation déguisée. sous entendant ô combien azra avait déjà bien du pouvoir sur l'être qu'était lucius. pourquoi, dans ce cas, tu t'es encombré d'elle ? pourquoi t'as pas juste, tenté d'assumer ? et qui me dit que tu vas assumer tout ça, plus tard ? ouais. plus tard, parce qu'en ce moment. c'est compliqué. pour les parents. les proches.
alors ça reste secret.
ça reste précieux.
comme un trésor.
puis l'étreinte vient. et le sourire s'élargit. caprice bien acquit. et même si il y a cette sensation d'étouffement, lucius aime ça. car lucius, il veut seulement aimer à en crever. l'aimer à en crever. et si ça, il doit se trouver dans ses bras, alors ça n'en devient qu'une mort des plus belles. et les mots viennent le bousculer. cette déclaration qui dessine à nouveau, l'envie et le désir.
ça brûle. c'est beau, mais ça brûle tellement que lucius sait pas réellement quoi répondre. alors il cède. partiellement. alors lucius, il embrasse celui qui est censé être ce frère qu'on lui a imposé. il l'embrasse de façon à ce qu'il ressente ô combien tout son être lui appartient depuis bien longtemps. mais surtout, qu'il ressente ô combien il le désire autant que lui peut désirer le blond.
puis ça s'arrête. et lucius. lucius il garde le silence.
quelques secondes.
c'est pas le moment. parce qu'il y a les parents, pas loin. parce qu'il y a encore cette dispute qui le hante malgré les beaux mots et douces caresses.
puis surtout, parce qu'il veut pas faire ça, avec la peur au ventre.
il veut pas que ce soit fait, seulement pour être fait.
il le veut juste lui.
sans cris de colère.
sans mots empoisonnés.
sans larmes.
sans parents.
sans elle.
seulement lui.
seulement eux.

il souffle légèrement. s'retrouve presque con. alors que c'est ridicule. ridicule de souffler, parce qu'il trouve la situation bien trop amusante, bien trop intense. lucius a toujours quelque chose à dire, et au final, il a pas vraiment tort dans ses mots. c'est vrai ça, qui a dit qu'ils avaient besoins de partir pour s'aimer ? personne. c'est juste, encore une fois, la facilité. mais il pensait à eux, azra. loin de tout le monde, ils peuvent s'aimer librement, sans avoir peur que quelqu'un entre dans la chambre. sans avoir peur qu'un des parents ne toquent pas et qu'ils soient dans les bras de l'un et de l'autre, qu'ils soient en train de s'embrasser ou qu'il soit simplement en train d'dormir. il y a pleins de risques, et forcément qu'il aimerait qu'ils ne se prennent pas la tête tous les jours. il estime qu'à un moment, ils ont le droit de souffler.

souffler, et prêt à affronter le monde, encore.
et puis les mots reviennent. il a toujours cette même peur et azra n'sait même pas comment l'aider à le croire. il se mord la lèvre, doucement. il n'cherche pas ses mots pour une fois, mais il a b'soin d'savoir comment s'faire comprendre. on partira qu'si tu en as envie. il n'sait pas comment vendre son envie de partir autrement. alors voilà, il attendra qu'lucius lui demande qu'ils s'en aillent, et ils s'en iront. je partirais pas. une énième répétition, mais tant pis. s'il doit le lui dire tous les jours, il lui dira tous les jours.

puis encore une fois, leurs lèvres putain. leurs lèvres qui se mouvent ensembles à la perfection.

et c'est fois-ci, les mots sont forts. le coeur d'azra s'arrête un peu, quelques secondes. et ça le fait sourire, à azra. ça lui offre des millions de frissons. ça lui offre des émotions bien trop intenses, qu'il n'a jamais ressenti avant putain. il l'rend dingue, lu. et lui aussi, lui aussi il a sa place dans son âme, dans son coeur.
parce qu'on est pas censé ressentir de l'amour aussi fort pour son frère, tu vois ? elle était là au bon moment, ou au mauvais, j'en sais rien. mais c'est fini maintenant, c'est fini parce que j'me rends compte que ça sert à rien d'essayer de comprendre pourquoi c'est toi que j'aime. c'est le cas, c'est tout. donc il est temps que je lui offre sa liberté. elle va pleurer, il le sait, mais tant pis, il s'en fiche.
et il le sert fort,
et il lui dit qu'il a envie de lui. de l'aimer de la manière la plus belle au monde.
et putain, putain c'est fort. et il hoche la tête azra, comprend. parce qu'c'est certain qu'c'est pas l'moment. puis c'est pas comme s'ils savaient faire, hein ?
et il veut que ce soit beau, il veut que ce soit voulu et désiré. il crève d'envie putain, qu'tout devienne sincère.
t'es beau, lu. qu'il fini par prononcer, après un silence loin d'être pesant, après avoir regarder son visage malgré l'obscurité. il caresse sa peau, toujours sa peau, du bout des doigts. il est doux, aimant.
il est trop d'choses bordel, parce qu'il l'aime bien trop, c'est tout.