Hey, mister policeman I don't want no trouble (ft. Camila)

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don't put the blame on me

Celui qui a dit que les événements de notre vie influencent notre manière de voir les choses avait raison. Il y a encore un mois, Mason était un flic ordinaire et dans les clous –comme on dit, il était honorable, persévérant, borné mais droit. C’était une qualité que beaucoup lui enviait, pouvoir rester droit dans ses pompes afin d’avoir la conscience tranquille. C’était un chic type, prêt à aider son prochain quitte à se foutre dans la merde, le genre « sauveur des plus faibles » quand ses collègues dénigraient les plus démunis. Il avait beau être riche et arrogant, il n’en restait pas moins surprenant dans son travail Mason, comme si une fois l’uniforme enfilé, il devenait un vrai justicier, sans jugements de classes sociales ou d’origines. Et puis il y a quelques semaines, sa petite sœur Lula avait fait une overdose, et c’était la goutte d’eau qui avait fait déborder le vase. De flic intègre, il était passé à flic ripou, le genre qui soudoie et marche au chantage. Il s’en boufferait les doigts un jour, il en avait bien conscience mais il s’en foutait, pour le moment en tous cas. La seule chose qui l’intéressait vraiment, à l’instant présent, était de retrouver pour qui bossait le dealer de Lula afin de s’assurer que ce genre de chose ne se reproduirait pas. Et plutôt que de s’en prendre au petit dealer de bas étage, Mace avait décidé de taper plus haut, de retrouver la reine du nid, de s’en prendre à la tête du groupe, pour couper la tête du serpent comme on disait dans le jargon. En parallèle de ses affaires classiques, qu’il partageait avec ses collègues, le brun menait ses petites enquêtes sur les lieux où il pourrait retrouver le fameux dealer de sa sœur, et pour ça, il n’avait pas hésité à engager des prostitués. Ouais, il en était arrivé là Mace, à payer des putes pour qu’elles surveillent les environs et lui rapportent le plus d’informations possible. Il avait aussi promis de faire admettre quelques camés en centre de désintoxication si leur témoignage aidait à faire avancer son enquête. C’est ainsi que le flic intègre et respectueux qu’il était, était devenu comme la plupart des autres, à utiliser et exploiter les plus faibles.  

Il ne devait pas être loin de deux heures du matin lorsqu’Andrews entra dans son bureau sans frapper. Ah merde, j’dérange ? Sans un coup d’œil vers la femme qui lui faisait face, Mason secoua la tête et répondit d’une voix froide et dégagée. Non, on avait fini. C’était le signal, et elle le savait. Alors la femme aux cheveux auburn qui lui faisait face se leva et sortie de son bureau sans rien dire, sans un regard en arrière. Ils se reverraient, ils le savaient tous les deux. Mason vit son collègue la suivre du regard, un bon mètre soixante-dix, une paire de seins refaits et une robe si courte qu’on se demandait si ce n’était pas plutôt un haut long. T’es pas marié, toi, normalement ? Andrews fit mine de ne pas savoir de quoi lui parlait Mason et haussa les épaules. Oh tu sais, après dix ans de mariage, on s’autorise à regarder ailleurs de temps en temps. Mason fronça les sourcils et se leva, cette conversation tournait au ridicule et il n’avait pas le temps pour ça. Fais gaffe à ce qu’elle pourrait te refiler, alors. Qu’est-ce que tu veux ? Il ne fallait pas se fier aux apparences, Andrews et Martins étaient proches, bons amis même. Mais c’est comme ça qu’ils fonctionnaient tous les deux et ça leur allait parfaitement, pas de faux semblants ni d’hypocrisie, juste eux d’eux, pas d’accolade ni de paroles réconfortantes, juste le strict nécessaire. Pourtant, Mason lui confierait sa vie sans hésiter, et il sait que si un jour il avait besoin, Andrews et sa femme le laisseraient volontiers couché sur leur canapé le temps d’une nuit. Euh ouais, y’a une fille super canon qui demande à te voir, juste là. Il pointa un doigt vers le banc installé juste en face de son bureau et Mason suivit son geste des yeux. Un froncement de sourcils plus tard et des tonnes de questions et d’hypothèses en tête, il jeta un regard à Andrews. Merci, vieux. Puis, alors que son collègue disparaît, il sortit de son bureau et s’avança vers la brune qu’il avait pu reconnaître à travers les stores moitié ouvert de la vitre. Cami, qu’est-ce que tu fais là ? Tout va bien ? Une semaine qu’elle avait découvert pour lui et Babi, une semaine qu’elle était venue visiter leur appartement, une semaine qu’il avait l’impression de la voir s’éloigner un peu plus chaque jour. Il lui avait envoyé plusieurs messages auxquels elle avait répondu vite fait. Viens, entres. Il s’écarta pour la laisser passer la porte de son bureau, qu’il referma doucement derrière eux.


@Camila Corsini   

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Camila était bien la dernière personne que Mason s’attendait à voir débarquer au commissariat à deux heures du matin. Alors quand il l’avait vu attendre dans le couloir, la mine sombre, il en avait un peu voulu à Andrews de l’avoir fait attendre comme une vulgaire personne lambda, ce qu’elle n’était clairement pas à ses yeux. Mais bon, comment était-il censé savoir, lui qui le savait fraîchement installé avec Babi, tout comme Camila désormais. Dire que leur soirée de la semaine dernière avait été un fiasco était un bel euphémisme, car même si personne n’avait quitté l’appartement en larmes ou avait cassé quelques assiettes durant les heures qu’ils avaient passé ensembles, chacun s’était montré sur la réserve et l’ambiance entre les trois protagonistes n’avait jamais été si pesante. Depuis, Mason et Babi filaient le parfait amour, tous deux dans leur tour de verre. Le brun avait essayé d’envoyer des messages à Camila, pour prendre des nouvelles, savoir comment elle allait mais elle lui avait à peine répondu, et voilà qu’elle débarquait au poste au beau milieu de la nuit. L’inquiétude lui enserrait l’estomac tandis qu’il l’accueillait dans son bureau, son absence de réponse couplé à son haussement d’épaule ne fit qu’accentuer le poids qui pesait dans son abdomen. Ils s’assirent silencieusement l’un en face de l’autre, jamais ils n’étaient restés si longtemps sans se parler et cela rendait l’atmosphère particulièrement pesante. La voyant anormalement silencieuse, Mason s’interrogea l’espace d’un instant sur la raison de sa visite, souhaitait-elle mettre les choses au clair après ce qui s’était passé la semaine dernière ? Allait-elle lui annoncer qu’elle ne souhaitait plus le voir, que leur amitié s’arrêtait là et cette fois-ci définitivement ? Alors il l’écouta, la mine sombre et les sourcils froncés. Plus elle lui annonçait la couleur et plus les sourcils de Mason se fronçaient, dans quoi s’était-elle embarquée ? Et qu’est-ce qui lui faisait penser que Mason pourrait retrouver une personne que même ses petits détectives ne parvenaient pas à localiser ? Il la laissa s’expliquer afin que les choses soient claires. En parfait lieutenant qu’il était, il sortit un calepin et griffonna le nom qu’elle lui annonçait avant de relever vivement la tête. Philip Eason, le frère de Rafe ? C'était plus une affirmation qu'une question à vrai dire, Mason connaissait la fratrie Eason depuis plus de vingt ans maintenant et ils étaient trois Philip, Rafael et Ensley. Et si le brun était proche de Rafael au point de le considérer comme faisant partit de sa propre famille, il l’était beaucoup moins de son frère Philip qu’il n’avait vu qu’à de rares occasions. De ce qu’il savait, Philip avait quitté New-York mais il ne savait pas vraiment pourquoi et Rafael ne lui parlant jamais de son frère, il n’avait jamais considéré l’aîné Eason comme disparu. Pourquoi tu ne demandes pas à Rafael, ça irait plus vite, non ? Camila lui avait bien spécifié de ne pas poser de questions mais la chose paraissait tellement évidente que Mason ne considéra pas cela comme une question. Pourtant, il aurait voulut lui faire plaisir, lui montrer sa bonne foi et l’écouter pour une fois, comme pour se faire pardonner de ce qui venait de se passer, mais l’instinct de flic, mêlé à sa curiosité naturelle finirait par reprendre le dessus, il le savait. Alors il déclara calmement. Si tu ne veux pas rentrer dans le fond du problème je veux bien, mais il va me falloir un minimum d’explications, Camila. Il était sûr qu’elle pourrait comprendre, qu’il ne pouvait pas se lancer dans une recherche active sans renseignements valables et utiles. Mais en attendant, il préféra poser la question qui lui piquait la langue et lui brûlait les lèvres depuis le début. Est-ce que tu as des problèmes ? Bien-sûr, par problèmes, il n’entendait pas de savoir comment elle se sentait depuis l’annonce de l’emménagement de ses deux meilleurs amis, non, ça il avait une petite idée de ce qui se passait dans sa tête. Surtout parce qu’elle s’était montrée distante depuis. Mason se demandait plutôt s’il allait devoir la protéger, si quelqu’un l’avait menacé ou lui avait fait du mal.


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Mason tentait de rester professionnel, son bloc-notes devant lui, son air grave sur le visage, il l’écoutait parler mais ses yeux ne cessaient de descendre vers ses lèvres. Si elle savait l’effet que ça lui faisait au brun, de la voir se mordre la lèvre comme ça. Son esprit tentait de dériver vers un endroit meilleur, vers le passé, où ils ne seraient pas assis droits l’un envers l’autre, n’osant pas se regarder, à une époque où leur lien si sacré n’était pas encore brisé. Et voilà qu’il dérivait alors qu’elle gardait le silence. L’espace d’un instant, il se demanda si elle aussi elle pensait à eux, à ce qu’ils avaient été, à la semaine passée. Il se demanda si elle pouvait lire en lui comme il lisait en elle, si à cet instant, leurs pensées étaient liées. Mason mit quelques secondes à comprendre que le « non » sec et froid qu’elle venait de lâcher n’était pas adressé à son questionnement mental mais bel et bien à une question qu’il venait de poser. Elle n’avait donc pas de problèmes, aussi égoïste que cela puisse paraître, c’était tout ce qui lui importait dans le fond. Il soupira en l’entendant le réprimander. Je suis désolé Camila, mais je suis flic, poser des questions c’est mon métier, répondit-il tout simplement, tentant de cacher son agacement. Depuis quand y avait-il des secrets entre eux de toute manière ? C’était nouveau de se cacher des choses comme ça ? Il se pinça les lèvres et se retint de s’en coller une, il était bien placé pour dire ça. L’espace d’une seconde, une drôle d’idée sur elle et Philip Eason lui traversa l’esprit mais Mason la chassa rapidement, non, ça ne pouvait pas être pour ça qu’elle cherchait à le retrouver. D’après ce qu’elle disait, elle avait pas mal bûché sur le sujet, ce devait être assez important pour qu’elle se pointe ici au milieu de la nuit, après une semaine sans vraiment lui donner de nouvelles et en lui demandant de ne pas poser de questions. C’était peut-être son instinct de flic, ou simplement son côté protecteur, mais une boule d’inquiétude se forma dans l’abdomen de Mason, pourtant il ne dit rien, préférant la laisser finir. Promis, répéta-t-il plus pour lui que pour elle. Elle était donc assez proche de la personne pour lui faire une promesse qu’elle tiendrait coûte que coûte et Mason ne voyait qu’une seule personne qui correspondait à cette description, Rafael. Il ne dit rien et se contenta d’hocher la tête, il fallait qu’il parle à Rafe et qu’il fasse un effort ce soir. Elle lui demandait de le retrouver de n’importe quelle manière, elle avait bien appuyé sur le « n’importe », et ça ne faisait qu’amplifier le nœud dans l’estomac du flic. Pourtant, ce n’est pas ça qui le choqua mais bien sa réflexion. Comment ça si c’est encore le cas ? Répéta-t-il soudain piqué au vif. Tu me fais quoi là, tu me donnes presque plus de nouvelles depuis presqu’une semaine et tu débarques ici en me faisant ce genre de réflexion ? Il était sidéré le brun, mais il se rappela qu’elle faisait sûrement ça pour Rafael et il prit une longue inspiration, fermant les yeux quelques secondes. D’accord, laisses tomber. Ça lui faisait mal d’entendre ça Mason, mais ils en reparleraient plus tard. Ecoutes, je voudrais vraiment t’aider mais tu sais qu’il me faut un mandat pour mettre un téléphone sur écoute ? Je pourrai essayer de le retrouver par sa plaque d’immatriculation mais si tu n'as vraiment aucune idée d’où il se trouve ça risque de prendre du temps. Et puis le « n’importe » lui revint en tête. Tu me demandes de contourner le système pour toi, et tu sais que je suis prêt à tout pour toi, mais il va me falloir un minimum d’explications parce qu’après, je serai aussi impliqué toi, Cam. Il la regardait faire les cents pas et elle commençait vraiment à lui donner le tournis.


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C’était bien ce qu’il pensait Mason, qu’elle était venu le voir lui bien spécifiquement. Mais pas parce qu’il était lui mais aussi parce qu’il était lui. Ses pensées commençaient à s’embrouiller, il était plus de deux heures du matin, il était au poste depuis six heures le matin et le pire venait de se produire. Camila avait débarqué dans son bureau, Camila et ses jolis cheveux, Camila et son parfum sucré qui n’avait mis que quelques secondes à envahir son bureau, Camila et ses dents blanches qui vienaient sans cesse pincer sa lèvre inférieure, Camila et sa silhouette qui faisait les cents pas devant lui comme une offrande. Elle n’était pas venue voir Mason l’ami, Mason l’ex-amant ou même Mason à qui elle tenait, quel que soit le nom que portait leur relation désormais. Non, elle était venue voir Mason, le flic qui faisait partit de ses connaissances, rien de plus. Ça faisait donc ça de se sentir utilisé. Il était blessé Mason, ce n’était pas une question d’amitié ou de confiance, juste une question de connaissance, parce qu’elle savait qu’il le ferait pour elle. Il était persuadé que si elle avait eu un autre ami dans la police, prêt à enfreindre le régulièrement pour elle, elle serait allée le voir lui plutôt que Mason. Ça le rendait fou de jalousie, le brun, mais il ne releva pas. A la place, il se contenta de répondre d’un ton aussi glacial qu’une tempête en Sibérie. Ok. S’il n’avait pas s’agit d’elle, il l’aurait déjà mis à la porte, mais la vérité c’était que chaque minute passée avec elle le rendait heureux, qu’elle l’utilise ou pas. De temps, elle avait besoin de temps ? Du temps pour quoi ? Si elle s’inquiétait pour Babi, pourquoi ne passait-elle pas la voir à l’appartement plutôt que de l’éviter comme ça ? Ça la rendait triste Babi, que sa meilleure amie daigne à peine répondre à ses sms, alors évidemment, ça attristait Mason aussi. Et tu veux pas en parler plutôt que de rester à faire la tête dans ton coin ? qu’il demanda comme à une enfant tentant de la ménager. Il ne savait plus quoi faire ni comment se comporter avec elle, ça ne leur était jamais arrivé avant. Et puis soudain elle lui tourne le dos et Mason relève brusquement la tête de l’écran de son ordinateur. La tête penchée en avant, elle ne dit plus rien. C’était inquiétant, ce n’était pas son genre de ne rien dire, de ne pas répliquer. Et puis sa voix se brisa et ses yeux devinrent humides. Alors Mason agit instinctivement, il se leva, fit le tour de son bureau et s’approcha d’elle. L’air entre eux était électrique, il pouvait le sentir, mais pour la première fois depuis longtemps, il mit ça au second rang et la prit dans ses bras alors que ses petites lèvres commençaient à trembler. Déposant un baiser au sommet de son crâne, il céda devant la fragilité qu’elle acceptait de dévoiler. Ne dis rien, je m’en occupe, je vais placer sa plaque d’immatriculation sous surveillance. S’il utilise sa voiture, l’une des caméras de la ville la filmera forcément, et je vais voir avec mes contacts pour tenter de tracer son portable. J’te promets rien mais je vais faire mes recherches et mettre mes gars en qui j’ai le plus confiance là-dessus, d’accord ? Mentalement, il nota qu’il faudrait qu’il parle à Rafael, mais surtout il nota que cette proximité avec Camila lui faisait du bien, alors il ne la lâcha pas, pas tout de suite du moins.


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La sentir contre lui, la chaleur de son corps, ses cheveux qui s’accrochent dans sa barbe naissante, ses petits bras qui entourent son torse et agrippent sa veste, son corps qui tressaute contre le sien, en proie à une peine silencieuse mais tellement profonde. C’est trop pour lui, alors il la serre encore un peu plus fort, parce que c’est la chose à faire, parce que c’est son rôle, en tant qu’ami, de la réconforter ainsi. Une main dans le bas de son dos, l’autre dans ses cheveux, il la tient bien serrer contre lui. Il voudrait pouvoir effacer sa peine, l’aider à porter ce lourd secret qui semble la ronger, effacer un peu de sa tristesse pour la voir de nouveau sourire, comme avant. Ça fait longtemps qu’elle n’a pas souri franchement Camila, ça fait longtemps qu’il ne l’a pas entendu rire, Mason. Ça fait longtemps qu’elle est malheureuse la brune, qu’un mal la ronge lentement et ce n’est que maintenant qu’il s’en rend compte, Mace. Alors quand elle le remercie, il ne sait pas quoi dire et se contente de déposer un baiser sur le sommet de son crâne. C’est la moindre des choses, lui intime sa conscience alors que les choses commencent à s’éclairer peu à peu, comme si chaque pièce du puzzle commençait à trouver sa place, tout doucement dans l’esprit du brun.

Et puis elle se détache de lui et une sensation de froid l’envahie, laissant place à une impression de vide immense, comme si ce n’était pas Cami mais une partie de lui qui venait de lui être retirée. Il la regarde s’apprêter avant de quitter le bureau. Elle semble prête à partir sans lui dire au revoir et Mason ne comprend pas trop ce qui est en train de se passer, jusqu’à ce qu’elle plante son regard dans le sien. Il secoue la tête alors qu’elle n’a même pas commencé à parler, il connaît ce regard le brun. Et puis la bombe éclate, et il la fixe sans rien dire, ne sourcille même pas lorsqu’elle dépose un baiser sur sa joue. Il se tient droit, stoïque, absent. Ses mots tournent en boucle dans sa tête alors qu’elle franchit la porte de son bureau. Il reste un moment figé, les bras ballants le long du corps, le regard dans le vide mais pointé sur la porte qui vient de se refermer. Il faut que vous arrêtiez d'appeler. Non, c’est tout simplement hors de question, il ne veut pas la perdre, ne peut pas la perdre. Et puis la petite voix fluette de Babi vient confirmer ses pensées, il l’imagine froncer le nez et lui faire la morale. C’est notre meilleure amie Mace, elle va mal et elle a plus que jamais besoin de nous, on ne peut pas la laisser même si elle le demande. Elle a raison Babi, on ne peut pas laisser Camila, jamais. Alors il arrache presque son blouson du porte-manteau et sort à sa suite mais elle est déjà partie. Elle est partie où ? La réceptionniste relève la tête et hausse nonchalamment les épaules, elle ne perd rien pour attendre celle-là.

Finalement, il l’aperçoit sur le parking et court pour arriver à sa hauteur. Il lui attrape doucement le poignet pour l’inciter à s’arrêter et lui faire face. Cam, qu’est-ce qui se passe ? Qu’est-ce qui te prend ? Si elle s’imagine qu’ils vont la laissés tomber Babi et lui, elle se trompe. Putain Cam, me dis pas des trucs comme ça. Il l’avait encore senti Mason, ce petit pincement au cœur qu’il ressentait chaque fois qu’elle se détournait de lui Camila, cette sensation sur laquelle il ne parvient toujours pas à mettre de mots mais qui lui fait un peu plus mal chaque jour. Parles-moi s’il te plaît, me laisses pas dans l’flou comme ça, me laisses pas, Cami. Il sait pas trop ce que ça veut dire, il a pas vraiment réfléchis avant de parler mais il sait qu’ils ne peuvent pas s’arrêter là. Pas ce soir. Jamais.



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Camila récupère doucement son poignet, croise les bras dans un signe défensif que Mason ne connaît que trop bien et recule doucement. Ça le blesse un peu le brun, de voir toute la distance qu’elle met entre eux, elle ne pouvait pas juste rester en face de lui, non, fallait qu’elle recule. Comme s’il allait lui faire du mal, il en est bien incapable, Mason. Pourtant, il s’est déjà battu plus d’une fois, il s’est pris des raclées et en a rendu en retour, mais jamais, même énervé et poussé à bouts, il ne lèverait la main sur elle. Et elle le sait. Alors il en conclue que cette distance qu’elle s’évertue à mettre entre eux n’a rien à voir avec ce qu’il pourrait lui faire mais ce qu’il lui a déjà fait. Et ça fait encore plus mal. Et puis elle rompt le silence qui a suivi sa tirade à lui pour soupirer son prénom. C’est plus comme avant, c’est plus pareil. C’est emplit de fatigue et de douleur, où sont passées la passion et la bienveillance ? Ça pourra jamais être pour toujours qu’elle dit, alors il baisse la tête et fixe le bout de ses chaussures. Quel que soit le temps dont elle a besoin, Mason sait pertinemment que ce sera trop long, deux jours, trois semaines, six mois, deux ans.. Ce sera toujours trop long pour Mason. Il a envie de lui dire que l’année qu’ils avaient passé sans se parler avait été une torture pour lui mais il ne dit rien, à quoi bon ? Quand elle prend une décision, il est difficile de la faire changer d’avis. Alors il se contente de répéter à voix basse. Ça pourra jamais être pour toujours. Et il s’interroge sur le vrai sens de cette phrase, le sens caché, le sens profond. Est-ce qu’elle parle d’une pause dans leur amitié ou de leur amitié ? Est-ce qu’elle fait allusion au temps dont elle a besoin, à sa relation avec Babi ou tout simplement d’eux deux ? Parce qu’il l’a toujours su Mason, que Camila et lui c’était pour toujours, quel que soit le nom qu’ils donneraient à leur relation. C’était la seule chose dont il était sûr, avant ce soir. Alors losqu'il relève la tête, son masque impassible a reprit sa place sur son visage, son regard est froid et détaché, il est blessé, il a mal, mais il est trop fier. Trop fier, putain. Ouais on t’a rien dit, on voulait pas te perdre. On aurait peut-être du garder ça secret encore un moment. Les choses risquent de mal tourner à cette allure-là, il le sait mais il n’y peut rien. Il déteste se sentir rejeté ainsi, surtout par Camila. Pas tout seul, sourit-il amèrement. Pas tout seul ? Et toi Camila, qui va prendre soin de toi pendant ton « pas pour toujours » ? Il a mimé des guillemets avec ses doigts parce qu’il trouve ça ridicule Mason, les pauses comme ça. Ça va lui faire trop mal à Babi que tu t’éloignes d’elle comme ça, et je refuse d’en être la raison. Il est parfaitement conscient de ce qu’il sous-entend le brun, pourtant il ne cille pas, son regard bleu-gris toujours aussi froid, ses mâchoires toujours serrées et les mains fourrées dans les poches de son jean. Tu reviendras quand Camila, dans un an ? Mais je serai peut-être plus là dans un an. Il veut paraître détaché, insensible mais dans le fond il est détruit, Mason. La laisser partir, il en est bien incapable. Je peux pas te laisser partir, j’y arrive pas. Il a dit ça tellement vite qu’il est même pas sûr qu’elle ait tout saisit, des mots prononcés à voix basse, un aveu déchirant mais tellement libérateur. Comme pour répondre à son regard, les yeux du brun s’embuent aussi légèrement et il lui ouvre la porte de la voiture alors qu’il rêve de le garder près de lui. Contradictoire, mais tellement conscient qu’elle sera bien mieux sans eux. Il ne la regarde plus et fixe un point au loin, au-dessus du toit de l’auto. Ne fais pas des promesses que tu ne tiendras pas Cami, vas-t’en mais ne reviens pas. Vous entendez ce bruit déchirant ? Oui, c’est bien le cœur de Mason qui vient d’exploser en mille morceaux dans sa poitrine.



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Mason ne répond pas au sarcasme de la brune, il encaisse fièrement, il ne cille même pas. De toute manière, qu’est-ce qu’il pouvait lui dire ? Que le lendemain de cette soirée où il l’avait trompé, il se retrouvait déjà dans le lit de Babi, essayant d’oublier tant bien que mal ce qu’il avait fait ou qu’il avait utilisé ses parties de jambes en l’air avec Babi comme échappatoire à sa peine ? A quoi ça lui servirait de savoir ça, ça la regarde pas après tout, la manière dont il a géré sa peine, Mason. Alors il dit rien, il se contente de pincer les lèvres et hausser les épaules comme s’ils parlaient de la pluie et du beau temps. Il la laissera pas entrer dans son cœur Mason, pas encore. Il la laissera pas non plus imprégner son esprit, inonder ses pensées ou entrevoir ses pensées. Alors il la tient à distance comme il sait si bien le faire, masque d’indifférence sur le visage, yeux azur glacial et position de défense. C’est la meilleure chose à faire, parce qu’il voit les larmes remplirent ses petits yeux bleus, il voit qu’elle va craquer à cause de lui, encore. Pour lui, encore. Et il le supporte plus Mace, il se supporte plus. J’veux rien savoir, qu’il lâche froidement. Menteur. Il veut tout savoir Mace, il veut tout savoir pour arrêter de se faire des films, pour arrêter de se faire du mal. Comme si savoir apaiserait le nœud qui vient de se former dans sa gorge. Mais c’est ce qu’elle veut Camila, doux poison qui s’infiltre dans son cœur et sait parfaitement comment le briser. Juste Camila ? Juste Camila ? Alors c’est vraiment ce qu’elle pense de lui ? Il est déçu Mace, de voir le si peu d’estime qu’elle a à son égard, de réaliser comment elle voit leur amitié. Il en revient pas. Plus de quinze ans d’amitié pour ça ? Quinze ans, bordel. C’est à ce moment-là qu’il prend sa décision le brun, au moment même où le mot juste sort de ses lèvres. Alors elle s’approche et monte dans la voiture. Il voit ses larmes, Mason. Mais comment consoler quelqu’un que vous faîtes pleurer ? Comment faire quand la seule personne qui peut vous consoler est celle qui vous fait pleurer ? Il peut plus Mace, la voir si triste, la voir détruite, le cœur aux bords des lèvres. Au revoir, Camila. Il lui ouvre la porte, il la laisse partir, parce qu’il sait que s’il la retient, il la prendra dans ses bras, il la serrera fort contre lui et embrassera chaque parcelle de sa peau pour se faire pardonner. Et c’est top bizarre d’avoir ce genre de pensées pour sa meilleure amie, même pour Mace. Alors il referme doucement la porte derrière elle et la laisse partir, le cœur brisé. La voiture est sortie du parking il y a déjà dix minutes déjà, mais il est toujours là Mason, le regard dans le vide, un liquide chaud et salé qui perle sur ses joues. Il s’essuie rageusement et repart dans son bureau.

Une fois la porte fermée derrière lui, il laisse éclater sa peine, et il ne connaît qu’un moyen de le faire. Alors tout vole, le porte-manteau qu’il balance à travers la pièce, les fauteuils en cuir qu’il renverse, l’ordi qu’il jette au sol et son poing qui frappe le mur encore et encore tandis qu’il laisse échapper des râles de souffrance. Quand Andrews ouvre la porte, Mason est assis au fond de la pièce, adossé au mur, les coudes sur les genoux et les mains ensanglantées sur le visage. Merde, mec, dix ans qu’on bosse ensembles et je t’ai jamais vu comme ça. Il répond pas Mason, il attend juste qu’il sorte, qu’il lui laisse le temps de se reprendre. Mason ? Et ça l’énerve qu’on le laisse pas seul quand il en a le plus besoin. Pas maintenant, Andrews ! Visiblement le message n’était pas assez clair. Dégage, putain ! C’est dans ces moments-là qu’on reconnaît ses vrais amis. Il y a ceux qui ferment la porte et ignorent l’état de souffrance intense dans lequel vous êtes, et il y a ceux qui restent, envers et contre tout. Andrews reste. Alors Mason respire lentement, finit par relever la tête vers lui et lui déclare, le regard vide, le cœur qui saigne. Elle est partie. Andrews grimace et se gratte la nuque mal à l’aise. T’es déjà tombé amoureux Andy, vraiment amoureux ? Il s’attend pas à entendre la plus grosse connerie de sa vie, Mason, et pourtant. Bien-sûr, et chaque jour, je retombe amoureux de ma femme. Il est sérieux quand il dit ça en plus, le con. Alors Mason laisse échapper un rire dédaigneux. C’est une belle merde, n’est-ce pas ? C’est le signal, Andrews éteint la lumière et referme la porte. Ils n’en reparleront jamais.


@Camila Corsini