Beautiful lie (ft. Babi & Camila)

Invité

take a look in the mirror and
what do you see, do you see it clearer
or are you deceived in what you believe
cos i'm only human after all, you're only human after all
don't put the blame on me

Mason avait toujours été du genre à vivre à mille à l’heure, à croquer la vie à pleine dent et profiter de chaque instant. Depuis le décès de son frère, le brun s’était promis de vivre pour deux, de ne jamais gâcher une seconde de son précieux temps à se morfondre ou procrastiner. Il s’était juré, le jour où son frère avait été mis en terre, de vivre à fond et de ne jamais rien regretter et c’est ce qu’il faisait. Mason vivait comme il l’entendait, se montrait le plus juste et droit possible, donnait son maximum au travail, se tuant parfois à la tâche pour rendre les rues de sa ville plus sûres. Il prenait des décisions en fonction de son cœur, de ses envies et surtout, pour son frère. En bref, il savourait chaque instant qu’il lui restait encore à vivre, chaque précieuse minute à fouler cette planète qu’il aimait tant. Mais ces derniers temps, tout s’était un peu trop accéléré, tout était allé trop vite, lui faisant perdre le contrôle. D’abord sa petite sœur Lula se retrouvait à l’hôpital et voilà qu’il se retrouvait aujourd’hui à devoir annoncer à l’une de ses meilleures amies –et tellement plus, qu’il avait emménagé avec sa copine de longue date.

Lorsque Babi et lui avaient pris la décision de s’installer ensemble et de ne plus se cacher, ils avaient cherché un bel appartement qu’il leur convenait à tous les deux. C’est elle qui avait décidé qu’un endroit neutre serait mieux que l’emménagement de l’un chez l’autre ou vice-versa, alors ils avaient acheté ce magnifique penthouse dont la vue sur Manhattan les laissait encore sans voix. A la base, Babi et lui ne voulaient pas se cacher mais c’était avec Babi que Mason avait trompé Camila, et même si c’était de l’histoire ancienne et que la principale intéressée ne l’avait jamais su, Babi et lui avaient décidé de garder ça secret. Surtout parce qu’au début, ils ne se voyaient qu’occasionnellement. Une chose en entraînant une autre, ils se retrouvaient désormais à vivre sous le même toit. Pour autant, Mason ne regrettait rien, il avait pris sa décision et comptait bien l’assumer pleinement, d’où l’invitation de Camila chez eux. Il aurait été difficile d’en être autrement, Babi et lui passaient la plupart de leur temps avec Camila et Rafael, dur donc, de cacher un si lourd secret à quelqu’un d’aussi proche.

L’interphone sonna et Mason ordonna qu'on fasse monter son invitée. Ce n’était pas dans ses habitudes mais l’angoisse commençait à lentement s’emparer de lui, faisant monter la pression au fur et à mesure que la brune gravissait les étages. Il n’avait aucun raison de stresser, Camila ne savait rien pour lui et Babi et puis ce n’était pas nouveau, cette histoire entre lui et Babi. Il alla dans la salle de bain, enlaça sa petite amie par la taille et enfouit son nez dans ses cheveux. Tu es parfaite, comme toujours. Ne traînes pas trop, la réception vient d’appeler, Cami est en bas. Un dernier sourire dans le miroir et un baiser déposé sur son épaule et il quitta la pièce aussi silencieusement qu’il était arrivé. En allant ouvrir, des brides de souvenirs l’assaillirent, lui et Babi, jeunes et amoureux annonçant à Camila et Rafael qu’ils étaient ensembles, puis Camila et lui, se rapprochant doucement après la rupture de cette dernière, jusqu’à déraper et vivre une histoire passionnée. Mason secoua la tête pour chasser ses souvenirs et alla accueillir son invitée, le sourire aux lèvres. Mademoiselle Corsini, vous êtes de toute beauté ce soir. Il déposa un baiser sur sa joue et s’effaça pour la laisser entrer. Si mademoiselle veut bien se donner la peine. Une main au creux de ses reins, il la conduisit ensuite jusqu’au salon.

@Babi Suarez @Camila Corsini

maybe this is what i needed maybe this is a sign
maybe i've been blind to reality baby tell me
was it real or was it all in my head?
@mason martins @babi suarez

Elle y pense toute la journée, c'est plus fort qu'elle. Elle essaie, elle se plonge dans le boulot, pour la série, pour le club. Elle planifie, elle range, elle fait de jolis traits dans son agenda et entasse parfaitement ses pils de papiers. Mais elle y arrive pas, c'est toujours là, derrière. Ce grain de doute, ce soupçon de déception. L'adresse, parfaitement inconnue qui s'étale sur son portable. Elle a peut-être regardé un peu trop de fois. Elle a peut-être même googlé l'endroit. Bon immeuble. Bon quartier, merveilleuse pâtisserie à deux pas. Et elle se demande pourquoi cette nouvelle adresse, qui a de nouveau acheter un appartement. Alors elle se prépare comme pour un gala Cami ce soir là. Chaque nouvel accessoire est une armure. Une nouvelle protection contre cette soirée. Elle a ce sentiment, ce sentiment qui la ronge, qui la démange et elle a besoin que tout soit parfait. Gérer ce qu'elle peut. Elle s'assure que sa robe mette en valeur sa plastique sans lui faire une seconde peau. Boucle ses cheveux elle même après avoir fait pleurer la coiffeuse. A quel point est-ce difficile de les onduler légèrement de toute façon? Chaque détail à son importance. Le rouge à lèvre, le maquillage léger pour une soirée à l'intérieur. Ses favorites Manolo aux pieds, elle attrape une pochette pour y organiser ce dont elle va avoir besoin. Plus rapidement qu'elle ne le souhaiterait, elle est sur le point de dépasser le fashionably late et se retrouve dans la voiture. Son ongles parfaitement manucurés marque le tempo de la musique, preuve de sa tension grimpante. Elle souffle, replace ses cheveux parfaitement bien placés. S'impatiente sur la conduite du chauffeur pour ensuite lui crier qu'ils ne sont pas à un rally. Et enfin elle y est, ses yeux prennent en comptent l'immeuble alors qu'elle s'avance vers l'entrée, ignore le portier et laisse son nom au concierge pour qu'on l'annonce. Rien de plus, elle ne sait quel étage, ou le nom du locataire.

L'ascenseur s'ouvre et elle observe les chiffres défiler, le palpitant qui s'agite plus elle se rapproche. Il s'arrête et Cami inspire. Calme, calme elle s'exhorte, refusant de montrer la moindre faiblesse. Un sourire grâce ses lèvres à l'ouverture de l'ascenseur alors que ses prunelles se posent sur Mason. Sourire arrogant au bord des lèvres, cheveux en bataille, les yeux qui pétillent. Son cœur vacille juste un instant avant qu'elle ne s'avance, redresse le menton. Je suis parfaite tous les soirs. La boutade glisse naturellement alors qu'elle dépose une main sur son bras, tourne légèrement la tête pour le laisser déposer une bise sur sa joue rosée. Elle hoche la tête, se laisse guider par cette main qui lui brule les reins, observe la pièce d'un air curieux qu'elle lutte pour conserver neutre. Les photographies de Babi ornant l'un des murs indiquerait qu'elle a investi dans un nouvel appartement. Je ne savais pas que Babi voulait déménager. Elle glisse, l'air de rien, à mi voix alors qu'elle entend la brune approcher. La principale intéressée les rejoint rapidement et Cami se détache, ses lèvres effleurent sa joue en une brise presque aérienne avant une brève étreinte. Tu ne m'avais dit que tu voulais déménager. Un peu léger comme pendaison de crémaillère non? Elle se tourne pour signaler d'une main leurs personnes. Je suis arrivée avant Rafe? Elle questionne en déposant sa pochette sur une commode, fronce légèrement le nez à la monstruosité qui se trouvait précédemment chez Mace et se demande ce que Babi a fait pour en être la malheureuse propriétaire.

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i'm holding on your rope, got me ten feet off the ground
i'm hearin what you say but i just can't make a sound
you tell me that you need me then you go and cut me down, but wait
you tell me that you're sorry didn't think I'd turn around,
and say...it's too late to apologize, it's too late
@mason martins @camila corsini

La brunette n’a pas dormi de la nuit, et pour cause, elle n’a cessé de se faire des scénarios reprenant les déroulements les plus catastrophiques de cette soirée. Elle avait vu de la vaisselle voler, des couteaux s’affuter et même quelqu’un tomber dans le vide depuis leur terrasse. Ces images bien que plus absurdes les unes que les autres ne l’avaient pas quittée de la journée et avait fait d’elle ce fantôme qui avait rôdé et arpenté les couloirs de ses bureaux. Ce n’est qu’en rentrant et en retrouvant Mason qui, lui, avait l’air si à l’aise qu’elle se détendit un petit peu. Était-elle la seule des deux à mesurer l’ampleur de l’annonce qu’ils allaient annoncer à Camila ce soir ? Mais ce n’était pas comme si tout cela avait été prémédité. Ça leur est tombé dessus au final, à Mace et elle. Au fil du temps, tout simplement. Ils auraient cependant pu faire les choses dans l’ordre et d’abord annoncer à leur meilleure amie qu’ils étaient à nouveau ensemble plutôt que de lui présenter d’emblée leur petit nid douillet.

Là, devant son miroir, elle masque ses cernes et pose les dernières retouches de maquillage. Un rouge à lèvres pourpre vient poser la touche finale. Mason dans le reflet du miroir lui donne un regain d’énergie et ce sourire béat sur les lèvres. Elle se délecte de son étreinte éphémère, de son odeur, de sa peau qui caresse son bras le temps d’un battement de cil. « J’arrive. » répond-t-elle simplement, précédant son éclipse. Une grande inspiration plus tard, Babi tente de s’encourager en fixant fermement son reflet. Tu peux le faire. Tout va bien se passer. Elle porte une robe d’un blanc immaculé qui épouse ses formes à la perfection. Une fente remontant du genou au milieu de sa cuisse droite, un décolleté qui en dévoile juste assez. Une paire de boucles d’oreilles discrètes et un collier orné d’une minuscule pierre de saphir. Une discrétion qu’on lui connait quand elle met l’accent sur l’élégance. L’hôte tire une dernière fois sur le tissu pour l’ajuster avant de sortir de son antre pour accueillir son invitée qu’elle a entendu arriver.

À la simple vision d’une Cami rayonnante, toute crainte s’évapore et laisse place à une admiration certaine. La perfection, c’est elle. C’est le sourire marqué sur les lèvres qu’elle s’avance vers son amie pour l’enlacer non sans la complimenter sur sa tenue et sa beauté naturelle. « Tu vois, elle a directement reconnu qui de nous deux avait du goût pour la déco. » lance-t-elle comme petite pique à l’attention de son bien aimé. Si elle insinue que c’est Babi qui a déménagé et non Mason, c’est bien parce qu’elle reconnait sa touche personnelle. Elle se mordille la lèvre inférieure avant de poursuivre sur sa lancée. Le suspens, c’est très peu pour elle. Elle cherche dans le regard du beau mâle un dernier regain d’énergie, un signe qui lui dirait vas-y, je suis là. « Il n’y a que nous trois ce soir. » annonce-t-elle tout en regrettant que Rafe ne soit pas là, il aurait été d’un bon soutien dans cette situation, une personne neutre pour tempérer, une bouée de sauvetage en cas de noyade. « Nous tenions à te présenter notre nouveau chez-nous en exclusivité. » ces mots sortent avec enthousiasme de sa bouche alors que son être tout entier appelle à l’alcool pour se saouler et passer à autre chose, s’enfuir avant que la réaction de Camila ne s’abatte sur eux. Machinalement, Babi se rapproche de son pilier, de celui qui sera son bouclier pour ce soir. Un regard perdu dans le sien avant de revenir vers sa meilleure amie, quelque peu gênée et hésitante à présent.

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what do you see, do you see it clearer
or are you deceived in what you believe
cos i'm only human after all, you're only human after all
don't put the blame on me

Le contact de la petite main de Camila sur son bras lui envoie une décharge électrique et fait se dresser ses poils. Le stress est à son summum, l’angoisse lui enserre la poitrine et pendant un moment il est tenté de lui dire de rentrer chez elle, mais très rapidement, il se ravise, repousser l’inévitable n’arrange pas la situation. Il sait qu’elle ne réagira pas bien, pas parce que Babi et lui sont ensembles, non, Camila doit être passée au-dessus de ça depuis bien longtemps, Mason a même apprit qu’elle avait eu d’autres aventures depuis lui. En même temps, depuis six ans… Non ce qui risque de l’agacer c’est de savoir qu’ils n’en ont parlé à personne. Ce n’était pas prévu, ça n’avait rien de prémédité cette histoire. Lorsque Mason a trompé Camila avec Babi, il s’en est tellement voulu qu’il est aller voir cette dernière pour lui dire que tout était terminé depuis longtemps entre eux, qu’il aimait Camila et qu’il regrettait ce qu’il avait fait. Ça ne les avait pas empêché de remettre ça le soir-même après avoir descendu deux bouteilles de vin. Et puis ils s’étaient dit que c’était la dernière, encore et encore. Leur relation n’avait rien d’officielle, ça n’en était même pas une. Pendant tout ce temps, ils se voyaient occasionnellement sans s’engager sentimentalement –enfin c’est ce qu’ils croyaient. Babi avait même du voir d’autres hommes pendant ce temps car ce qu’il y avait entre eux n’avait rien d’exclusif, jusqu’à ce que les choses s’accélèrent et se précisent et aujourd’hui, ils allaient mettre Camila devant le fait accompli. La boutade de la brune le fait sourire et il hoche la tête sans rien dire, ne voulant pas la mettre mal à l’aise. Devant la réflexion de Cami, Mason se dégonfle complètement et marmonne un ouais, presque inaudible. La brune a glissé ça à son intention uniquement et il aurait peut-être du profiter de cette perche qu’elle lui tendait pour être totalement honnête mais Babi les rejoint déjà et ils se contentent de les admirer toutes les deux. Voilà donc toute l’histoire de sa vie réunie dans ce qui est désormais son nouveau salon. Cami et Babi n’ont rien à voir et pourtant elles ont tellement en commun. Mace reste de marbre et les regarde se complimenter sur leur tenue respective. D’habitude, c’est le moment qu’il choisissait avec Rafael pour sortir fumer ou parler du match de la veille mais Rafe ne sera pas là ce soir et Mason le regrette presque.

Devant la pique de sa petite amie concernant la décoration, Mason lève les yeux au ciel et secoue la tête, amusé. Ce qu’il faut pas entendre. Il se penche discrètement vers Camila et chuchote, une voix un poil trop aigu pour imiter Babi. Ne parles pas du somptueux tapis sinon on la perd. Un petit coup d’épaule et un regard complice vers la brune avant de croiser le regard inquiet de Babi. Sans s’en rendre compte, Mason vient se placer à ses côtés, le moment n’est apparemment plus à la plaisanterie. Et c’est lorsqu’elle annonce que Rafael ne viendra pas qu’il regrette de ne pas l’avoir invité. D’accord Rafe n’a pas à subir tout ça, d’accord il a ses propres problèmes à gérer mais est-ce une raison pour le mettre de côté comme ça ? Babi et lui avaient pensé qu’ils lui annonceraient plus tard, sachant pertinemment qu’il prendrait la nouvelle mieux que Camila, voire même avec un brin d’indifférence. Mais sans le vouloir, Rafael est le cœur du groupe, celui qui les garde tous unis et ce soir, il aurait pu servir de médiateur, bien que ce ne soit pas son rôle. Non, c’est une réaction égoïste de vouloir avoir son ami près de lui pour jouer les tampons. T’es un grand garçon Mason, maintenant t’assumes. Avant qu’il ait pu ouvrir la bouche et annoncer la nouvelle avec délicatesse, Babi lâche la bombe et se rapproche de lui. Son instinct de protection le pousse à poser sa main dans son dos pour lui montrer qu’il est là. Oui, avec Babi on a décidé de s’installer ensembles et on voulait que tu sois la première à découvrir notre nouvel appartement. Un regard échangé avec Babi avant de reporter son attention sur la principale concernée, Camila.

@Babi Suarez @Camila Corsini

and i've never been so jealous i've never felt so
helpless so out of breath and hungry for you
one night i will be the moon hanging over you.
@mason martins @babi suarez

Ce sentiment que l'apocalypse va éclater sous peu s'accentue. Elle note facilement la tension qui règne entre eux. Son regard passe de l'un à l'autre, sourcils légèrement froncés, à déchiffrer la situation. Elle n'est normalement pas aussi lente Cam, si tortue incompétente. Et pourtant là elle patauge, dans ce nouveau décor qu'elle avoue à contre-coeur de bon gout. De nous deux? Ses yeux cherchent ceux de Mason alors qu'il lance une boutade sur, sur un tapis? Elle les regarde se placer l'un à côté de l'autre et son sang se fige. Elle perd ses couleurs alors qu'elle essaie vainement de garder un visage neutre. Putain mais, mais quelle idiote. C'était là, partout, dans tous les recoins. C'étaient dans les cachoteries, les mensonges pieux qu'elle grillait régulièrement. C'était dans l'absence de Babi entre ses draps. Elle repart des années plus tôt, leur dernier mensonge. Le sang bat dans ses veines, l'assourdie alors qu'elle essaie de garder pied. Elle s'oblige à ne pas y retourner, ne pas y repenser. La douleur trop vivace, la trahison bien trop profonde. Immobile, si ce n'est pour ses clignements de cils excessifs, elle essaie de recouper toutes les informations. elle essaie de se souvenir, depuis quand. Puisque c'est ça, l'important non? Combien de temps ils ont mentis, l'omission toute aussi profonde qu'un mensonge ordinaire. La paranoïa à son paroxysme, les possibilités qui défilent. Est-ce qu'ils se sont vraiment séparés? Est-ce qu'elle était juste un jeu, de quoi combler le temps pour Mason? Est-ce que c'était juste pour garder les apparences avec Babi. Juste pour ne pas qu'elle devine, pour ne pas qu'elle se sente mis à part. Elle remet tout en question Camila, elle ne peut pas s'en empêcher. Chaque phrase, chaque baiser, chaque déclaration. Parce que ça n'a jamais été à propos d'elle. Ça a toujours été Babi et Mason. Trop naïve pour le réaliser, trop désespérée pour l'avouer. Elle n'a jamais été que le lot de consolation, de quoi patienter. Et ça lui troue le cœur à Cami, de savoir qu'après tout ce temps, toutes ces années, elle n'a jamais vraiment compté. Pas comme eux. Jamais comme eux. Elle sera toujours l'outsider, le troisième mousquetaire. Rafe et Cece, Mason et Babi. Camila. Juste Camila. Indépendante Camila. Si forte, si libre. Si seule. Putain d'âme solitaire qu'on trimballe par pitié, par dépit. Parce que ça fait trop longtemps pour la jeter par dessus bord. Elle réalise que ses yeux se sont embués lorsqu'ils se refocalisent sur eux. Elle les détourne immédiatement, refuse de les laisser voir la blessure qu'ils provoquent, les dégâts qu'ils déchargent. Qu'est ce qu'on mange? Elle questionne en s'installant sur le canapé. Mains sur ses genoux, chevilles croisées, dos droit, la parfaite posture de la parfaite pouliche. Parce que c'est tout ce qu'elle est après tout. Elle agrippe ses mains, incapable d'en faire cesser le tremblement. Elle sent son contrôle craqueler et diffuse une énergie affolante à ne pas paraitre affectée. A ne pas les laisser voir que son cœur se brise à leurs pieds.

Elle se relève d'un mouvement. Les toilettes? Elle demande, la voix égale, l'âme qui pleure. Elle attend à peine les instructions avant de s'y rendre et de fermer la porte la porte derrière elle. Le verrou enclenché, elle reste là Cam, à fixer la porte, poupée perdue. C'est pas graduel, ça la prend sans prévenir à Camila. Tout ce qu'elle a essayé de réprimer ça la bouscule d'un coup. Poitrine qui se serre, respirations éparses. L'air qui se fait rare et les poumons qui brûlent. Ses jambes flanchent et elle au sol Cami, à genoux elle essaie en vain d'inspirer, de ne pas paniquer. Mais elle panique. Dans la salle de bain du couple mythique. Seule. Éternellement seule. Elle ne sait pas combien de temps elle reste là, à essayer tant bien que mal à vivre. Jusqu'à ce son contrôle légendaire reprenne les rênes. Jusqu'à ce que l'air ne soit plus une rareté et que ce sentiment d'insignifiance régresse. Assez pour se lever. Elle chancelle et agrippe l'évier, les yeux fixés sur son visage marré de larmes. Pensée positive fugace pour le mascara waterproof. Elle efface les traces salées de mouvements de mains rapides, profondément humiliée par sa réaction, son manque de contrôle. Si elle est en colère Cami, c'est bien elle même le récipient de cette dernière. D'avoir géré aussi pitoyablement ses sentiments. Il lui faut une minute pour retrouver la perfection immaculée pré-apocalypse. Si ce n'est la légère rougeur de ses yeux, seule trace de son effondrement. Une inspiration plus tard, elle déverrouille la porte et l'ouvre, prête à affronter le monde entier. Elle est Camila Corsini for fuck's sake. Elle va relever le menton, survivre à cette soirée, d'une façon ou d'une autre et continuer à avancer. Son retour dans le salon annoncé par ses Manolos, elle récupère son portable sur la commode. Elle jette un regard noir à cette dernière, elle aurait du savoir que c'était la seule raison pour sa présence ici. Camila reprend sa place sur le canapé, l'air de rien, du moins l'espère. Très belle salle de bain. J'aime beaucoup la couleur. Elle commente tranquillement alors que ses doigts s'activent à envoyer tout un tas de sos à Rafe.

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@mason martins @camila corsini

Trois, deux, un : bombe larguée. Cible atteinte en moins de deux secondes. Babi se sent comme l’un de ces soldats qui tue pour avancer mais qui se retrouve ensuite rongé par la culpabilité et emprunt de traumatismes. À quel moment Mason et elle s’étaient-ils dit que ce serait une bonne idée ? C’est virulent. Pire qu’un raz-de-marée qui emporte tout sur son passage. Elle la connaît par cœur sa Cami. Plus meurtrie qu’elle en ce moment, il n’y a pas. L’excuse du passage aux toilettes est bien trouvé mais il ne prend pas sur la maîtresse de maison. Elle se décompose intérieurement alors que le regard de Mace sur elle se veut rassurant et protecteur. Il n’y arrivera pas cette fois. Cami et Babi, ce sont deux âmes connectées, pire que des sœurs jumelles. Tout ce que sa belle ressent, ça finit par la contaminer également. Elle se détache de son cher et tendre, attrape son cœur d’une main parce que ça lui fait mal. Elle a le souffle coupé. Faisant les cent pas dans la cuisine ouverte, elle attend que Camila refasse son apparition. Elle a envie de pleurer, Babi. De crier, de se flageller. Elle reste muette envers Mason tellement la situation est lourde. Il n’y a pas de mot à prononcer. Son attention se porte sur la bouteille de vin rouge qui a été sortie du sellier et trône sur le plan de travail. « Tu veux bien me passer trois verres ? » Sont les seuls mots qui viennent briser un silence insoutenable. Et Babi qui fait le service. Ça c’est bien une première. Elle a besoin de s’occuper, de faire quelque chose de ses dix doigts.

Ça a toujours été compliqué entre eux trois. L’Argentine était sortie avec le bellâtre à l’époque du lycée, une histoire qui durera sept ans avant qu’ils ne viennent à se séparer d’un commun accord. Et puis quelques années plus tard, c’est au tour de l’idylle entre Camila et Mason. Une nouvelle des plus surprenantes que Babi digéra plutôt bien aux vues des circonstances. Qui accepterait sans une once de jalousie que sa meilleure amie sorte avec son premier amour ? La brune y était parvenue. Parce qu’elle avait essayé de comprendre, parce que Cami lui avoua alors qu’elle avait toujours aimé le blond, avant même qu’ils ne vivent leur première part d’histoire ensemble. Elle a alors vécu avec Mason une histoire unique en son genre, le genre d’aventure qu’elle-même n’a jamais traversé avec lui. C’était féroce, passionné, destructeur. C’était comme si Cami ne parvenait pas à le canaliser. Comme si elle faisait ressortir le pire en lui alors que tout ce qu’elle faisait était de lui donner tout son amour. Et puis tout s’était terminé. Dans une tromperie. Dans un mensonge. Et c’est là que Babi reprit son rôle dans l’histoire. Une soirée, trop d’alcool, et son premier amour qui la supplie de succomber à ses désirs. On dit bien souvent que les hommes ne pensent qu’avec leurs organes reproducteurs, mais la vérité c’est que l’inverse est tout aussi avéré pour les femmes. Dans son plus simple appareil, Babi s’était laissée envoûter et craqua pour ce désir charnel. Depuis, les allers-retours dans les lits de chacun de firent de plus en plus réguliers. Un secret dévastateur pour Cam qui finirait par l’apprendre un jour ou l’autre. Un éloignement qu’elles n’avaient pas prévu toutes les deux s’était immiscé entre elles. Babi rongée par la culpabilité et Camila prise dans ses projets pour ne pas sombrer. Un temps infiniment long qui finit par se solder par les retrouvailles des deux meilleures amies. Des lèvres qui se rencontrent, des doigts qui s’emmêlent dans les cheveux, des peaux douces qui se caressent, des corps qui se retrouvent après une séparation forcée par le destin. Une histoire hors du temps qui coule dans leurs veines depuis une dizaine d’années. Un amour plus qu’amical, une dévotion entière. Et puis plus rien. Parce que Babi avait voulu se laisser sa chance avec Mace. Parce que dans le fond, bien qu’elle voudrait se persuader du contraire, il n’y a pas plus égoïste qu’elle.

Camila refait son apparition et c’est un soulagement pour Babi qui lui adresse un sourire discret. Elle peut cependant lire dans ses yeux la détresse, la tristesse et deviner les larmes qui ont coulées. « Merci. » lui répond-t-elle simplement suite à ses compliments à propos de cette pièce pourtant si simple. Si Mason n’était pas là, elle fondrait sur elle, l’envelopperait de tout son corps, embrasserait chaque parcelle de sa peau dans l’espoir de se faire pardonner. Mais ce soir, tout n’est que question de retenue et de faux semblants. Le temps de faire passer la pilule. Entre temps, les trois verres de vin ont été servis et n’attendent plus que de rencontrer leurs lèvres. Mason se charge de les distribuer. « Aux nouveaux départs. » lance-t-elle de bon cœur, pesant ses mots et priant le ciel pour que cette soirée se passe bien —autant qu’elle puisse l’être— et qu’ils se lancent sincèrement dans ce nouveau départ, sur de bonnes bases. Leurs verres tintent en une harmonie déconcertante, fausse par rapport aux évènements. D’un geste et tout en s’avançant elle aussi, l’hôte invite son invitée à pénétrer plus en profondeur dans l’appartement et à découvrir l’immensité de leur salon. Le soleil couchant venant réchauffer l’atmosphère d’un orange rosé. « Ce soir, c’est poissons et crustacés. » Du saumon livré tout droit de Norvège, des Saint-Jacques et du homard. « Mais en attendant, nous t’avons préparé quelques hors d’œuvre. » Et par nous, Babi entendait bien évidemment qu’elle avait fait le choix dans une liste et que le traiteur s’en était chargé.

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don't put the blame on me

Au moment-même où son regard croise celui de Camila, Mason laisse tomber la main qu’il avait posé dans le dos de Babi. Si Cami essayait de cacher ce qu’elle ressentait, elle s’y prenait très mal, ou alors le connaissait-elle trop bien pour voir à travers sa carapace ? C’était comme si un train l’avait frappé à pleine vitesse, comme si un bus lui avait roulé dessus une première fois avant de faire marche arrière et de repartir à nouveau, comme si le monde venait de s’écrouler sous ses pieds. Son teint de plus en plus pâle, ses yeux qui perdaient petit à petit leur éclat, jusqu’à s’éteindre totalement. Et voilà que tout lui revenait en pleine gueule à Mason, les mensonges, les cachoteries, les tromperies. Il pensait pas qu’elle aurait mal. Il s’attendait à ce qu’elle soit étonnée, peut-être un peu agacée ou jalouse de voir que ses meilleurs amis ne s’étaient pas confiés à elle, mais il ne s’attendait pas à ça. A de la douleur, de la peine, brute, vraie. Comme la fois où il était arrivé complètement minable chez elle pour lui avouer son infidélité, ce jour où il s’était sentit si mal qu’il avait souhaité que la Terre s’ouvre sous ses pieds pour l’avaler tout cru. Ça faisait mal de la voir dans cet état, et le pire, c’est qu’il ne comprenait même pas pourquoi elle réagissait ainsi. Il aurait voulu dire quelque chose de réconfortant, lui dire qu’ils n’avaient pas voulu la mettre de côté, qu’elle était leur meilleure amie et qu’ils l’aimaient énormément. Lui dire qu’ils n’avaient pas voulu en parler parce que rien n’était sûr et définitif, et non pas parce qu’ils ne lui faisaient pas confiance. A quoi pensait-elle à cet instant ? Doutait-elle de leur amitié, de la confiance qu’ils avaient placée en elle ? Mason espérait bien que non, cette seule pensée suffisait à lui filer la nausée. Le brun se retrouva estomaqué devant sa réaction et la suivit des yeux jusqu’au canapé. Pas de félicitations je suis heureuse pour vous, ou de pourquoi vous ne m’en avez pas parlé plus tôt ? Aucune réaction, rien. Ça ne ressemblait pas à la Camila qu’il connaissait, elle qui avait toujours réponse à tout, qui ne s’écrasait jamais, qui tapait très souvent là où ça faisait mal. Et puis elle disparut dans les toilettes et les laissa seuls, Babi et lui. Qu’est-ce qu’une fille faisait dans les toilettes quand elle était dans cet état ? Est-ce qu’elle allait pleurer, appeler Rafael ou Cece, défouler ses nerfs ou juste se passer de l’eau sur le visage comme ils font dans les films ?

Et alors qu’ils se retrouvaient juste tous les deux dans leur cuisine, Babi ne dit rien, n’accordant même pas un regard à Mason qui se sentit soudain impuissant et lui passa les trois verres à pied sans même faire attention à ce qu’il faisait. Un moment, il resta là à observer sa petite amie s’occuper, c’était ce qu’elle faisait quand ça n’allait pas, elle occupait ses mains et son esprit pour ne plus penser à rien. Mason la connaissait assez pour savoir qu’elle n’ajouterait rien et il en fit de même. Peut-être qu’il leur était arrivé de se confier l’un à l’autre ce qu’ils ressentaient, mais aujourd’hui le brun n’en avait ni la force, ni l’envie. Il ne comprenait pas pourquoi Babi n’avait pas suivi Camila dans la salle de bain, c’était ce qu’elle aurait fait avant, quand tout était encore normal, quand elles étaient inséparables, comme Mason n’était pas encore passé briser leur lien sacré et unique. La culpabilité qu’il ressentait était si forte qu’elle lui enserrait la poitrine. Il n’avait pas ouvert la bouche depuis l’annonce et restait stoïque, impassible, comme il le faisait lorsque la tempête sévissait dans sa tête. Il avait toujours été comme ça lorsque ça n’allait pas, les filles étaient habituées, elles s’en remettraient. Et ça leur permettait de parler tranquillement décoration apparemment, puisque lorsque Camila sortit de la salle de bain, elle revint s’installer sur le canapé pour complimenter Babi sur ses talents de décoratrice. Mason n’osait même pas la regarder, il ne contrôlait plus vraiment son corps, distribuant les verres et trinquant sans même savoir à quoi. Le bourdonnement à ses oreilles ne faisait qu’amplifier et il se leva et s’excusa alors que Babi s’apprêtait à emmener sa meilleure amie faire le tour du propriétaire. Je sors fumer, déclara-t-il avant de tourner les talons. Le petit vent frais de la terrasse lui fit du bien et lui permit de se débarrasser de cette boule qui lui appuyait sur l’estomac et l’empêchait de respirer normalement. Il n’avait ni soutenu Babi, ni consolé Camila mais il n’y pouvait rien, les choses avaient échappé à son contrôle. Il en voulut soudain à son amie de ne pas s’être réjouie et être passée à autre chose, il lui en voulut d’avoir plongé son regard plein de détresse de le sien. Il en voulut aussi à Babi de ne pas être aller parler avec Cami, elle seule pouvait la convaincre et l’apaiser dans ce genre de situation, et il lui en voulut de ne pas lui avoir adressé la parole, l’avoir rassuré alors qu’ils se retrouvaient tous les deux dans la cuisine. C’était nul, bête et inutile, Mason rejetait la faute sur tout le monde pour ne pas s’avouer la vérité, il était le seul et unique responsable de ce merdier, et pour la première fois de sa vie il regretta que les choses n’aient pas été plus simples. Accoudé sur le rebord en fer forgé de sa terrasse, il jeta un coup d’œil en arrière et constata que les filles n’étaient pas revenues de la petite visite guidée de Babi. Il les rejoindrait plus tard, quand elle reviendrait dans le salon. En attendant, il tira un taf, savoura l’effet que la nicotine eut sur lui et but une gorgée de vin dans le verre qu’il avait pris grand soin d’embarquer avec lui.

@Babi Suarez @Camila Corsini

what am i supposed to do when the best part of me was always you,
And what am i supposed to say when I'm all choked up and you're ok?
@mason martins @babi suarez

Elle cligne des yeux et réalise qu'elle a envoyé plus d'une vingtaine de sos à Rafe en l'espace d'une demi minute. Ses dents attaquent sa lèvre inférieure alors qu'elle fixe son écran. Si la panique dégouline du nombre indécent de messages, elle n'en est pas pour autant drainée. Mouton au milieu d'une meute de loup, elle ne s'est jamais sentie aussi mal placée avec eux qu'aujourd'hui. C'est ce sentiment d'être de trop qui lui file la bougeotte, cet instinct de fuir qui lui agrippe les muscles. Elle est tendue Cami, malgré tout ses efforts. Parce qu'elle sait qu'elle ne sauve pas même les meubles de la maison en feu. Ils peuvent la lire comme un livre grand ouvert. Un remerciement à peine compréhensible se fait entendre alors qu'elle récupère son verre. Elle prend la peine de ne pas effleurer la peau de Mason, ne pas rencontrer son regard. Ce dernier se relève immédiatement vers Babi à son toast et ses pupilles se dilatent légèrement. Elle ne dit rien Cami, lève son verre, mouvement automatique mais n'en pense pas moins. Parce que ça ne sent pas les nouveaux départs, ça pue le vu et revu. Le fait et refait. Parce qu'il n'y a rien de nouveau entre eux, que du vieux, situations déjà vécues, déjà digérées. Et comme presque vingt ans plus tôt, elle ne va rien dire Cami. Elle va se taire sur ses sentiments dont elle n'arrive à se débarrasser, sur ce cœur qu'on brise encore sans le savoir. Elle va pas leur dire qu'elle en a marre de se ramasser toute seule à la petite cuillère. Qu'elle va se jeter dans le boulot juste pour avoir une excuse pour ne pas les voir aussi souvent. Elle ne va pas leur avouer qu'elle se sent trahie, transpercée par leurs manigances et mensonges. Parce qu'elle sait qu'ils ne pensaient pas à mal. Elle le sait, qu'ils ne veulent pas la faire souffrir, que ça les démonte de la voir comme ça, de lui avoir menti. Mais ça ne change rien. Ça n'efface pas la déception. Ça ne fait pas disparaitre leurs précédentes trahisons. Non, Camila ne dit rien, elle trinque simplement, les yeux dans le vide, un sourire qu'elle s'arrache tant bien que mal.

C'est le départ précipité de Mason qui la sort de sa pity party. Au moins certaines choses ne changeront jamais. Elle regarde Mason fuir les émotions tumultueuses dont ils sont pris au piège et secoue doucement la tête. Se retrouver seule avec Babi lui fait crever la liberté qu'a prit Mason et ce besoin de le suivre, de s'échapper. Parce qu'elle répugne à l'idée de la blesser, de croiser ses iris et d'y lire la peine qui reflète la sienne. Parce que blesser Mason c'est facile, c'est comme un mécanisme de défense, blesse avant de blesser. Ça vient tout seul, culpabilité éreintante qu'elle sait comment gérer. Mais blesser Babi c'est creuser un trou dans son propre cœur. Elle y arrive pas Cami, n'a jamais pu. Parce qu'elle est trop pure Babi, trop authentique. Son propre miracle, son oxygène, son âme jumelle. Alors elle ravale tout, le cœur qui menace d'exploser, l'estomac qui vacille. Parfait. Ses yeux se perdent dans son vin, le verre intouché toujours en main. Et elle sait qu'il lui faut dire quelque chose, qu'elles ne peuvent rester là, en silence. Ses lèvres déposent une légère couche de rouge à lèvres sur le verre alors qu'elle goute le vin. Une gorgée, deux et avant qu'elle ne le réalise, elle a terminé son courage liquide. Mais elle a toujours peur Camila, toujours terrorisée à l'idée d'être démasquée, d'être abandonnée. Elle lève pourtant les yeux pour les poser sur Babi. Son cœur palpite, ses bras prit d'une chair de poule qui lui allume aussi les veines. Elle a le souffle coupé Cami, l'âme qui résonne. Parce qu'elle est là Babi, belle, belle Babi, arrosée du soleil couchant, ses cheveux presque dorés par la lumière naturelle d'un astre qui rivalise si peu avec elle. Je suis contente pour vous. Glisse sur sa langue, la surprenant tout autant que Babi. Les larmes qui montent, la beauté presque irréelle de sa brune qui lui glisse entre les doigts. Parce que ce n'est plus sa brune, sa Babi. L'illusion s'efface et la réalité les frappe de plein fouet. La frappe, vraiment. The last to know.

Elle détourne le regard, détourne son corps, détourne son cœur. S'occupe de son verre vide, prend le temps de le savourer, cette fois. On devrait profiter des derniers rayons de soleil Elle suggère, les yeux qui se perdent vers la fenêtre, vers la solitude de Mason qu'elle crève de plus en plus. Elle n'a aucune envie de découvrir leur appartement, d'en visiter chaque pièce, de se voir jeter leur vie commune au visage à chaque détour de couloir. Elle agrippe la bouteille de vin, son verre et rejoint la terrasse. Elle accueille la brise de fin de début de soirée d'un soupir de plaisir. Elle laisse ses cheveux caresser son visage, le vin réchauffer son sang. Elle se demande pourquoi elle. L'absence de Rafe lui pèse sur le cœur, ce réconfort qu'elle ne peut chercher, ces yeux qui ne peuvent l'apaiser. Oh elle comprend, trop d'histoires entre eux pour qu'elle soit jetée avec la populace, au même titre que tout les autres. Mais Rafe saurait désarmer la tension qui les emprisonne. Depuis quand? Elle demande finalement, les yeux fixés sur l'horizon. Elle en veut la réponse mais la craint plus encore. Comme si ça allait changer, tout soulager. Elle n'arrive pas à rebondir Cami, n'arrive pas à faire comme si de rien était. Même pour Babi. A cause de Babi. Elle ne veut rien dire mais elle veut tout savoir. Masochiste à découvert, le cœur près à suer sous les grains de sel. Pourquoi ne rien dire? Oh elle sait pourquoi Cami, la réponse étalée devant eux, elle veut juste l'entendre. Les entendre. Elle crève le silence et désespère de leurs réponses, sadiste expérimentée.

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i'm holding on your rope, got me ten feet off the ground
i'm hearin what you say but i just can't make a sound
you tell me that you need me then you go and cut me down, but wait
you tell me that you're sorry didn't think I'd turn around,
and say...it's too late to apologize, it's too late
@mason martins @camila corsini

La détresse de Camilla la déchire complètement. Entièrement. C’est son cœur qui saigne et son corps qui se fige comme si on la dépouillait se sa peau, de son enveloppe charnelle. C’est claque sur claque qu’elle se prend, Camilla, et autant de violence que Babi se prend en pleine face. Mason s’en va de son côté. Il fuit comme si ‘elle et lui contre le monde’ ça n’existait plus. Comme s’ils n’étaient plus capable de faire face, de faire corps, d’être dans une union pleine d’amour et de force. C’est désormais chacun pour soi. Ils auraient dû s’en douter. Briser leur meilleure amie, c’est se briser eux-mêmes. Elle ne se l’avouerait pas, mais l’absence de son bien aimé l’ôte d’un poids, le temps d’un instant. Comme si elle était moins vulnérable, moins fragile en son absence. Et cela va à l’encontre de tout ce qu’elle avait pensé jusqu’alors. Lui, supposé être son roc, son pilier, son port d’attache, voilà que le capitaine quitte le navire et pourtant, elle se sent à même de mener la barre. Du coin de l’œil, elle le voit tirer sur sa cigarette. Elle déteste ça, quand il fume. L’instant d’après, c’est noisette sur émeraude. Sa chair se dresse, son sang s’électrise. Elle est là, sa belle, son âme sœur, son vrai rocher. Ses lèvres s’entrouvrent de surprise lorsqu’elle l’entend lui dire qu’elle est contente pour eux. Et c’est un « Merci. » de soulagement qui s’échappe et glisse sur ses lèvres. La brune se permet de poser sa main sur celle de sa meilleure amie qui traine posée sur le divan. Un courant électrique, un de plus, la parcours de tout son être. Elle pourrait y être habituée, à force, mais ce n’est jamais pareil. Chaque contact est unique et avec lui ce sentiment de nuances qui la parcourt jusqu’à l’échine. La brune voudrait ajouter qu’elle est désolée, mais ce serait la phrase de trop, elle en est certaine. Elle récupère sa paume pour s’emparer de son verre et ravaler ses mots d’une lapée de raisins fermentés.

Mason et Babi sont les hôtes mais c’est bien Camilla qui a pris les rênes de la soirée. Elle mène la danse et eux suivent comme deux pauvres chiens qui cherchent à se faire pardonner, honteux. Alors quand elle se lève, Babi l’imite, prête à répondre à chacun de ses besoins. Profiter du soleil ? Aucun problème. Mais en la voyant partir, cramponnée à la bouteille de vin plus qu’à se propre vie, elle a envie de pleurer, Babi. Son regard croise celui de Mace et il sait. Il sait qu’elle est à deux doigts de flancher mais qu’elle se retient, en femme forte qu’elle peut être. Babi a fait avec les faux semblants tout au long de sa vie. Pourquoi ne serait-elle pas capable de retenir ces larmes de crocodile maintenant. Les secondes qui flottent ne durent pas, et Babi n’a pas le temps de se rapprocher de son chéri que le sujet est lancé. C’est une bouteille qu’elle envoie à la mer à l’instant présent en espérant que quelqu’un puisse un jour venir la sauver. Depuis quand ? Mace et elle sont incapables de répondre à cette question avec précision. Ils n’ont pas compté, ils ne se sont même pas rendu compte à quel moment leur histoire a pris une telle tournure. Et pourtant, Cami a besoin d’une réponse. Sur le champ, et la plus sincère possible. Un nième regard vers Mace. Pas sûr qu’il parvienne à prendre la parole. Il semble s’être plongé dans un certain mutisme depuis qu’il est sur sa terrasse, synonyme de refuge envahi par deux femmes troublantes. « Quelques mois, je dirais… » laisse-t-elle entendre. Elle n’est pas sûre d’elle, Babi, et ça se sent. Elle a envie d’exploser aussi, comme chaque personne présente, formant ce triangle infernal. Cami poursuit son investigation et il n’y a là rien de surprenant. N’importe qui se serait posé cette question, même si les réponses paraissent évidentes. Il n’y a pas situation plus frappante que celle-ci. Babi les dévisage à tour de rôle, se mordille la lèvre inférieure, prend son souffle, hésite, recommence, et puis finit par se lancer. « Parce qu’on savait que ça te blesserait, Cam. » La question ne s’est jamais relevée comme telle entre les deux amants et pourtant, elle est bien là la raison. Babi baisse le regard, comme honteuse d’exprimer la réalité de vive voix, mais il n’y a pas plus sincère comme réponse. Leur passé fait qu’il est impossible que tout ceci ait pu bien se passer un jour. Un dernier regard vers Mace pour sentir l’approbation de Mace et poursuivre sur cette voie. « On n’a jamais trouvé de bon moment pour te l’annoncer, et je ne dis pas que celui-ci est le meilleur qu’on ait trouvé ! » Oh non, loin de là ! « Mais on ne voulait tout simplement pas te faire de mal, alors on a repoussé l’échéance, encore et encore… Et puis nous avons pris cette décision d’emménager ensemble. » Cette décision s’était-elle immiscée dans leurs esprits comme un point de non-retour ? Un élément les forçant à ne plus se cacher, à révéler leur relation au grand jour, à s’assumer ouvertement ? Ils s’aiment, ces deux-là, mais certainement pas au point d’en perdre leur meilleure amie.

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take a look in the mirror and
what do you see, do you see it clearer
or are you deceived in what you believe
cos i'm only human after all, you're only human after all
don't put the blame on me

Le répit n’est que de courte durée parce qu’il entend et reconnaît le bruit de la porte de la terrasse qu’on ouvre, et puis il sent les vibrations de leurs pas qui se rapprochent, jusqu’à être tout près. Pourtant, il ne bouge pas, les yeux rivés sur le toit d’en face, il garde sa cigarette à porter de lèvres et son verre dans sa main. Pourquoi a-t-il fallut qu’elles décident d’en discuter ici, alors même qu’il vient tout juste de quitter la pièce. Il avait senti cette gêne qui flottait dans l’air, cette douleur, ces non-dits qui ne tarderaient pas à être révélés. Il avait senti cette tension palpable qui rendait l’air irrespirable, cette électricité qui les avait poussés à cran en quelques secondes à peine, cette épée de Damoclès suspendue au-dessus de leurs têtes et qui n’attendait qu’une chose, tomber et faire le plus de dégâts possibles. Ouais, il avait quitté le salon avant que la bombe à retardement n’explose et avant que tout ne parte en vrille. Pourtant elles l’avaient suivi jusqu’ici. C’est lâche ce qu’il vient de faire, il le sait bien, Mason. Après tout, tout est de sa faute. C’est lui qui est tombé amoureux de Babi au lycée –bien que les sentiments aient été réciproques dès le début, c’est lui qui s’est rapproché de Camila, parfaitement conscient de ce qu’il faisait et sachant pertinemment qu’il s’agissait de la meilleure amie de Babi, puis c’est lui qui l’a trompé et de nouveau, c’est lui qui est allé se jeter dans les bras de sa belle. Alors qui était responsable là-dedans, si ce n’est lui ? Il était le seul fautif de l’histoire, le seul qui aurait pu tout arrêter s’il l’avait voulu, mais il a continué, il a poussé toujours plus loin. Insouciant, égoïste, envieux de vivre tout plus librement, jusqu’à repousser les limites, jusqu’au bout. Et aujourd’hui, il se retrouve sur la terrasse de son penthouse, en ménage avec la fille dont il est fou amoureux depuis le lycée et leur meilleure amie, celle avec qu’il a vécu une relation brève mais des plus intenses, celle qui a réussi à l’atteindre là où d’autres n’avaient même pas eu accès. Alors il tourne lentement la tête vers elles. Il ne peut pas fuir éternellement et il le sait. Il va devoir assumer ses actes, Mace. C’est ce qu’il croyait faire, mais il se fourrait le doigt dans l’œil. C’est aujourd’hui que tout se joue, son histoire avec Babi, son amitié avec Camila, la vérité, toute la vérité et rien que la vérité. Il sent Babi à ses côtés mais ne lui adresse même pas un regard, le lâche. Il se sent tellement mal qu’il a peur de s’effondrer s’il croise le regard de sa douce, pourtant sa présence près de lui l’apaise et son corps se décale légèrement pour que son bras vienne toucher le sien. Il hoche la tête comme pour confirmer sa version, ce n’est pas totalement vrai, mais ce n’est pas vraiment faux. Il se dégonfle une nouvelle fois le brun, Camila n’a sûrement pas besoin de connaître tous les détails, de savoir qu’ils se voient depuis si longtemps qu’ils sont incapables de donner une date précise, elle ne veut sûrement pas entendre leurs histoires de baisers volés et de nuits secrètes, d’escapades en amoureux et de week-ends romantiques quand les autres les croyaient trop occupés pour sortir. Pourtant, ils n’ont jamais pensé à mal, ils n’avaient pas mis de mots sur ce qu’ils étaient l’un pour l’autre, ils pensaient profiter, vivre pleinement et improviser. Alors il hoche piteusement la tête dans un froncement de sourcils presque imperceptible.

De nouveau, Mason sent le regard de Babi sur lui et finit par tourner lentement la tête vers elle, il la couve du regard, s’excuse aussi d’être si impuissant face à leur ami mais surtout, il lui montre qu’il la soutient. Oui, il la soutient. Ils n’ont pas fait tout ce mal à leur amie pour rien, ils ne peuvent pas faire marche arrière après tout ce qu’ils ont vécu, tout ce qu’ils ont fait tous les deux. Ils ne peuvent plus reculer alors autant prendre l’élan pour sauter l’obstacle, ensembles. Encore un hochement de tête, et sa main qui vient se perdre sur la joue de Babi. Il n’avait pas prévu ça Mason, il est le premier étonné par son geste, cette caresse aussi brève que sincère. Il pose enfin les yeux sur Cami tandis que sa main vient jouer avec celle de Babi. Je te demande pardon Cami, de ne pas t’en avoir parlé plus tôt. On est désolé, on voulait simplement te protéger. C’est là que la vérité le frappe de plein fouet, lorsqu’il réalise qu’il savait pertinemment, depuis le début, qu’elle serait blessée. C’est égoïste comme choix et il le sait, décider d’être heureux au détriment du bonheur de leur amie, savoir que votre amour lui fera du mal. On n'avait pas prévu ça, dit-il avant de jeter un coup d’œil à Babi. Mais.. On peut pas aller contre ce qu’on ressent Camila.. Il ne comprend pas trop pourquoi elle est blessée Camila, il a beau essayer de comprendre, il n’y arrive pas. Babi est sa meilleure amie, elle devrait être heureuse, et leur histoire est terminée depuis si longtemps que ça ne devrait pas lui poser de problèmes qu’il refasse sa vie. Pourtant elle est blessée, il le voit, le sent et le ressent.

@Babi Suarez @Camila Corsini

» Camila Corsini
» Girl let me love you (ft. Babi)
» camila corsini ~ (212) 587-6742
» Hey, mister policeman I don't want no trouble (ft. Camila)
» (babi) confessions entre sœurs