When I first saw you (ft. Marlon)

Ecouteurs dans les oreilles et livre en mains, Lara s’est installée dans l’herbe sous un arbre devant l’université. Ses jambes étendues devant elle, elle profite des dernières chaleurs de l’été pendant l’heure de pause que l’absence d’un de ses professeurs engendre. Fouillant dans sa playlist, elle se souvient soudain qu’elle n’a pas répondu à son dernier message de la veille au soir, tombant de fatigue. Il y a six mois, la brune perdait sa mère, quelques jours plus tard, elle tombait sur un site d’écriture, une sorte de journal intime mais en ligne, et anonyme. Si au début, Lara se contentait de lire les publications des autres, elle a vite fini par s’inscrire et publier ses propres textes. C’est là que tout a commencé, écrire lui faisait du bien et lui permettait d’extérioriser ce qu’elle ressentait tout en rendant l’absence et le deuil plus supportables. Parfois, elle recevait des compliments anonymes et des encouragements d’internautes, d’autres fois elle n’avait que des likes sur ses publications. Mais ce n’est pas ce qu’elle recherchait Lara, en réalité, elle ne cherchait rien d’autre que le soulagement d’écrire et de se sentir écoutée. Et puis un jour, elle a reçu un message privée d’une personne qui lui disait aimer sa plume. Elle l’a remercié et ça s’est arrêté là, jusqu’au lendemain. De fils en aiguille, ils ont commencé à parler plus souvent, de littérature d’abord puis de tout et de rien. Ça ne leur a pris que quelques semaines pour que leurs discussions se rapprochent dans le temps, jusqu’à devenir quotidiennes. Ça fait maintenant quatre mois qu’ils échangent chaque jour, qu’ils parlent presque en continue. Ils ne savent rien l’un de l’autre, juste leurs goûts, ce qu’ils aiment faire mais rien de personnel. Elle ne connaît que son prénom : Marlon. Elle ne sait pas d’où il vient ni ce qu’il fait, elle ne connaît pas son âge et n’a jamais vu aucune photo de lui mais pourtant, elle se sent proche de lui. Et ça lui manque quand il ne répond pas pendant un moment. Désolée, je me suis endormie hier soir. Alors cette soirée, comment c’était ? Elle sourit et lança sa playlist avant d’ouvrir son bouquin.

J’ai une passion cachée. Quelque chose que je n’avouerais sans doute jamais. J’adore lire et écrire. Bon, je n’écris pas souvent, parce que je manque parfois d’inspiration et surtout de temps. Mais j’adore prendre le temps de lire. Un bon bouquin avant de dormir. Un bouquin à la pause déjeuné. Je suis le genre de personne qui adore l’odeur du livre neuf. Comme le livre ancien. J’ai ma petite bibliothèque personnelle à la maison, composé de livre ancien et d’œuvre moderne. Un peu tous les styles, mais surtout de livre parlant de médecine, je dois l’avouer. Il a quelques temps, je suis tombé sur une application révélant les futurs auteurs à succès, enfin, ils restent anonyme, postent leur états d’âmes ou des petites histoires, parfois des ébauches qui feront surement de grand livre à succès. Peut-être qu’un bestseller se cache sur cette application. Je n’ai jamais rien posté sur cette application, je n’aime pas dévoiler mes états d’âmes et mes écris. Par contre, j’adore lire ceux des autres. Surtout ceux d’une personne en particulier. Elle s’appelle Lara. Je ne sais pas à quoi elle ressemble, j’ai presque deviné son âge grâce à nos échanges, je sais peu de chose d’elle, simplement qu’elle a perdu sa mère, qu’elle a des frères ou des sœurs, je ne sais pas exactement, je ne sais pas combien. Je me doute qu’elle fasse des études de littérature ou quelque chose dans le même genre, parce qu’elle à vraiment une belle écriture.

Alors que je suis en cours, je reçois justement un message de sa part sur l’application. Elle me demande comment s’est passé ma soirée d’hier. C’est vrai qu’hier je fêtais l’anniversaire d’un des gars de ma promo. « Tu t’endors tellement vite à chaque fois, c’est impressionnant ! Ma soirée était plutôt cool, bien dosé en alcool et de la bonne compagnie. Et nous, notre rencontre aura lieu quand ? » J’avais envie de la découvrir. J’avais envie d’en savoir plus sur elle. J’adorais sa compagnie. J’adorais lui écrire, lui parler. Quand je n’avais pas de nouvelle d’elle, elle me manquait. Idiot quand même non ?

Un sourire étire ses lèvres lorsque son portable vibre dans sa poche mais elle n’y touche pas Lara, elle aimerait finir son chapitre. Pas parce que son livre est passionnant -en réalité, elle ne comprend rien à ce qu’elle lit depuis tout à l’heure, ses pensées dérivant trop vers l’inconnu avec qui elle échange- mais juste pour se prouver qu’elle peut ne pas se précipiter sur son téléphone chaque fois qu’elle reçoit un message. Pourtant, elle a de plus en plus de mal à comprendre les mots qui défilent sous ses yeux, elle n’a aucune idée de ce qui vient de se passer et ne se rend même pas compte qu’elle relit le même paragraphe pour la troisième fois d’affilée. Finalement, elle détache ses yeux de son livre pour aller fourrer la main dans sa poche et un sourire idiot s’attache à ses lèvres alors qu’elle n’a même pas encore lu le contenu du message. Puis elle se mord la lèvre. Bien dosée en alcool et de la bonne compagnie. Ça voulait dire alcool et filles si on voulait être tout à fait honnête. Oui, les études ça fatigue. Ravie de l’entendre. En réalité, elle n’est pas ravie du tout Lara, ses sourcils sont froncés et un petit pincement au cœur commence à se faire ressentir. Elle ne sait pas vraiment pourquoi, mais ça ne lui plaît pas. Pourtant, elle sort elle aussi, elle boit, se drogue, rentre à pas d’heure.. Mais ce petit message l’agace. Finalement, elle soupire et en renvoie un second dans la foulée alors que le premier est encore en plein envoi. Je ne sais pas, bientôt ? Elle reste évasive, parce qu’elle est timide Lara. C’est facile de discuter planquée derrière un écran, mais c’est plus compliqué en vrai. Elle a peur la brune, elle l’avoue sans aucune honte, elle a peur de le rencontrer, de ne pas savoir quoi dire, de se trouver bête. Et si c’était un homme beaucoup plus vieux, ou un mec super canon qui lui fasse perdre ses moyens. Non, elle repousserait l’échéance au maximum, parce qu’elle sait qu’après leur rencontre, plus rien ne sera jamais comme avant. Puis si ça se trouve, il ne voudra plus lui parler après le désastre que cela pourrait être.

Je devais avouer que j’avais légèrement peur de rencontrer la jeune femme. Mais, on discute depuis déjà un petit moment grâce à nos téléphones et j’aimerais vraiment mettre un visage sur ces discussions. Que l’on se rencontre et échange pour de vrai. Que l’on ne mette pas des heures à se dire un truc, alors qu’en face à face, les réponses seraient spontanées. Je me dis qu’elle aussi elle à peur et que c’est pour ça qu’elle n’ose pas venir me voir. Mais si aucun de nous deux ose ? On ne se rencontrera jamais. Et je suis certain d’une chose, c’est que je louperais une belle rencontre. « Tu ne veux pas me voir ? » Je joue la carte de la culpabilité, pour qu’elle avoue qu’elle à peur de me voir. Après tout, peut-être que tout naturellement elle n’en a pas envie, ce qui est possible aussi.

Après avoir répondu à son message, je m’attaque gentiment à mon ménage. Bah oui, il ne va pas se faire tout seul quand même. Je commence par la cuisine, fais ma vaisselle, range mes ustensiles et prépare ma liste de course. Je m’attaque ensuite au salon, pas grand-chose à faire. J’arrive dans la chambre. Mon dieu, on dirait qu’une tornade est passée par là. Je commence par faire le tri des vêtements sales et propres et lance une machine à laver avant de ranger mes affaires. Puis, me voilà dans la salle de bain. Soudain, l’envie de sortir me prend. Je m’habille donc en conséquence pour affronter le froid qui commence à arrivée. Merci l’automne. Me voilà en direction de Central Park. J’aurais presque envie de me voir un bon chocolat chaud avec ce temps là.

Le portable vibre et une nouvelle fois, Lara se jette dessus. Tu ne veux pas me voir ? Mince, il a compris. Elle ne sait pas vraiment comment lui dire ça la brune, elle est timide et s’ils s’étaient rencontrés pour de vrai, ils ne se seraient probablement jamais adressés la parole. Elle fait partie de ces gens transparents, trop discrets, ceux que l’on sous-estime parce qu’ils semblent inoffensifs, ceux que l’on oublie même parfois, ou dont on a du mal à se rappeler. Elle fait partie de ces gens trop doux, trop malléables, à qui on demande toujours service parce qu’on sait qu’ils ne diront jamais non, parce qu’ils ont à cœur de faire plaisir aux autres. Et s’il ne l’aimait pas, autant physiquement que mentalement ? Et s’il s’agissait de Rory, ce type affreux qui lui tirait les cheveux et mettait de la colle sur sa chaise à l’école ? Ou pire de Gary, le gars qui lui avait soulevé sa jupe et avait mis la tête de Malo dans les toilettes alors qu’ils n’avaient que neuf ans. Ce serait horrible, de s’être autant ouvert à quelqu’un d’aussi cruel. Finalement, elle relativisa et se dit que ni Rory ni Gary n’était assez intelligent pour lire ses écrits, et encore moins pour débattre littérature avec elle à des heures avancées de la nuit. Si bien-sûr que j’ai envie de te rencontrer, faudrait juste qu’on trouve un moment toi et moi. Elle se mord la lèvre. Pitié faites qu’il soit débordé, faites qu’il soit débordé. Le stress grimpe, elle ne peut plus faire marche arrière. Alors elle cherche un plan b, peut-être qu’il lui proposera de la voir sur une heure de cours, auquel cas elle se verra obligé de refuser, ou peut-être qu’elle pourra inventer une excuse, comme quoi elle se sent mal. Lorsque le portable vibre de nouveau, Lara est partagée entre l’excitation et l’anxiété.

Dans sa réponse j’arrive à comprendre qu’elle à peur de me rencontrer. A force de lire ses écrits, j’arrive à lire entre les lignes. Alors je n’ai pas envie de la brusquer, ni de chercher plus loin, mais j’aimerais vraiment pouvoir l’avoir en face de moi et que l’on discute plus naturellement. Pas que l’on attende des minutes ou même des heures pour se répondre à un texto de trois lignes à peine. « Et bien écoute, là je suis partie me balader à Central Park, j’avais besoin de prendre l’air » Pas de proposition de rendez-vous, je tourne cours. Je ne sais pas ce qu’elle pourra bien répondre à ça. Je range mon téléphone dans ma poche et commence ma petite balade dans le parc quand soudain me vient l’idée de lui envoyer une photo de moi. Peut-être qu’elle se rendra compte que je suis carrément beau et qu’il faut qu’elle me rencontre. Je reprends mon téléphone et fouille dedans pour trouver une photo récente assez potable. Puis, je lui envoie. Hâte de connaitre sa réaction. Je suis certain qu’elle ne s’y attendait pas à ça.

La réponse de son interlocuteur est une invitation ouverte sans en être une et la brune se mordille un lèvre un peu plus fort que d’habitude en réfléchissant. Central Park se trouve à une vingtaine de minutes en voiture de son université, elle reprend les cours dans un peu plus de trois quarts d’heure. Elle l’a trouvé son excuse parfaite, elle ne peut pas, elle a cours. Oui, voilà ce qu’elle va répondre, ce n’est pas vraiment un refus, plus un empêchement, ça ne veut pas dire qu’elle n’en a pas envie, juste que leurs emplois du temps sont mal faits. Perdue dans ses pensées, elle sursaute lorsqu’une fille de sa promo la salue et baisse de nouveau les yeux vers son téléphone. Elle reste un moment bouche-bée, une photo vient d’apparaître sur son écran. Elle clique dessus, l’agrandi, l’étudie minutieusement. Merde alors. Elle s’attendait à tout sauf à ça. Il n’a pas le profil d’un gars qui aime lire, il a plutôt la tête mannequin. Peut-être lui a-t-il envoyé une fausse photo ? Elle aurait pu faire ça elle aussi, trouver une photo d’une jolie fille sur internet et lui envoyer, oui elle aurait pu. La curiosité grandissante, elle fini par se lever et prendre une décision. D’accord, je ne suis pas très loin. Elle reste vague, elle n’a pas l’intention de lui parler, juste de l’apercevoir au loin. Au diable son cours, de toute façon, elle est assez avancée pour se permettre de rater quelques heures par-ci par-là.
Dans le taxi, elle ne cesse de se demander si c’est une bonne idée et si elle ne va pas regretter son choix. Elle finit par lui envoyer un second message. Ça y est, on arrête de se cacher ? Elle fait référence à sa photo, elle ne comprend pas vraiment son geste. Elle ne connaissait que son prénom, et en discutant elle avait compris qu’il vivait à New-York, parce qu’elle avait reconnu certains détails de la ville dans ses histoires. Pourtant, elle ne s’attendait pas à ce qu’il soit si proche.

Je me balade dans ce parc mythique. Ce parc situé en plein cœur de Manhattan. Faisant plus de trois cent hectares. Ce parc que beaucoup de personnes rêvent de voir. Ce parc dans lequel de nombreuses personnes viennent faire un footing. Déjeuner. S’allonger dans l’herbe. Lire un livre. Ecouter de la musique. Jouer un morceau de guitare. Viennent rencontrer une personne. Faire un rencard. Manger un hotdog. Manger une glace. Ce célèbre parc que j’ai la chance de voir presque tout les jours. Ce fameux parc que je connais presque par cœur. Je sens mon téléphone vibrer. Une réponse de sa part. Elle me dit qu’elle n’est pas loin de moi. Je souris. Puis, elle me dit, ‘ça y est on arrête de se cacher ?’. « En fait, je n’ai jamais cherché à me cacher Lara. » J’ai hâte de la voir pour de vrai. De la rencontrer. De l’avoir en face de moi. Peut-être que le feeling ne sera pas le même. Peut-être que l’on ne s’entendra pas aussi bien que virtuellement. Mais j’ai ce besoin de la rencontrer. J’ai besoin de l’avoir en face de moi. J’ai besoin que l’on se connait réellement.

Sa réponse la fait sourire, il n’a pas tort, il n’a jamais cherché à se cacher. Ils ont commencé à discuter de manière anonyme et ont continué ainsi parce qu’ils n’ont jamais cherché à faire les choses différemment. Mais à priori, il semble bien moins timide qu’elle et ça lui fait un peu peur. Elle espère qu’il n’est pas si extraverti que ça, parce que la différence sera flagrante et elle a peur qu’il ne l’apprécie plus autant que ça. Ça lui fait bizarre de lire son prénom, elle se demande si ça lui fera le même effet lorsque son prénom franchira ses lèvres pour de vrai. Elle préfère ne pas répondre à sa remarque et choisit de changer de sujet. Comment pourrais-je te retrouver dans le parc ? Elle sait qu’elle aura tout l’occasion de l’observer tandis qu’il ne saura pas à quoi elle ressemble, alors elle sourit bêtement tandis que le taxi se rapproche un peu plus de sa destination, faisant battre son cœur un peu plus vite. Plusieurs fois durant le trajet, elle regarde son portable et sourit en affichant la photo de Marlon, c’est étrange de le voir, d’imaginer que c’est avec lui qu’elle échange depuis plusieurs mois déjà.

Je me suis posé près d’une fontaine, dans l’herbe, il fait encore beau et chaud. Alors j’en profite. Je me suis armé de mon téléphone portable pour lire quelques textes de Lara. J’ai envie de lire. J’ai besoin de m’évader. J’ai besoin de m’imprégner de ce qu’elle ressent. Je reçois alors un de ses messages. Je lui réponds sans tarder. « Je ne suis pas très loin de la grosse fontaine, allongé dans l’herbe. » Je n’ai pas de détails à lui donner en plus. Je suis habillé de façon tout à fait classique et je n’ai pas un accessoire qui sort du lot pour qu’elle me repère plus facilement. Le plus simple est de lui dire que je ne suis pas très loin de l’énorme fontaine, qui se trouve au milieu du parc. Il n’y a pas trop de monde à cette heure là, donc je pense, qu’elle n’aura pas vraiment de mal à me retrouver.

Ses dents qui jouent avec sa lèvre inférieure, son regard qui inspecte l’arrière du taxi, les pieds qui gigotent sans qu’elle s’en rende compte, Lara est dans tous ses états. Plus le taxi se rapproche de Central Park et plus l’angoisse enserre la poitrine de la brune. Elle doute que ce soit une bonne idée, elle a peur que ce soit un piège, un guet-apens. C’est idiot quand on voit le temps qu’elle passe dans le Bronx ces derniers mois, pourtant ça l’angoisse. Elle a peur, de l’inconnu dans tous les sens du terme. D’accord, je devrais arriver d’ici quelques minutes, qu’elle répond lorsque le taxi approche de Madison Avenue. Le chauffeur ne cesse de lui lancer des regards bizarres et ça ne la rassure pas des masses la petite, alors elle cède à sa pulsion et envoie un second message dans la foulée. Et si ça se passe mal, qu’on s’entend pas ? C’est idiot de demander ça, ils parlent si bien depuis plusieurs mois, pourquoi ne s’entendraient-ils que virtuellement et non pas face à face ?

C’est bête à dire, mais tu dois avouer que tu commences à stresser. Tu imagines qu’elle aussi elle stress. Surtout, que pour le coup, c’est elle qui vient à toi. Comme la plupart des femmes en fait. Tu restes là, dans l’herbe, à essayer de penser à autre chose que sa venue, mais c’est plus fort que toi, tu ne penses qu’à elle. En réalité, tu ne penses qu’à elle depuis des mois déjà. Des mois que tu discutes avec elle. Le jour. Mais surtout la nuit. Dès que tu ne travailles pas, tu t’empares de ton téléphone pour lui écrire. Lire ses œuvres. Faut être con pour s’attacher à une fille que tu n’as jamais vue quand même. Ton téléphone vibre. Une fois. Deux fois. « Si ça se passe mal je te noie dans la fontaine. » Humour. Humour noir peut-être. Mais il faut qu’elle se détente. Que tu te détendes toi aussi. Tu stress. T’as peur qu’elle ne soit pas aussi jolie que tu l’imagines. Tu as peur qu’elle soit en fait très conne. Qu’elle n’est aucune conversation. Mais toi, en général, t’es plutôt à l’aise, alors t’espère que cette fois tu ne feras pas ton timide.

Sa réponse ne se fait pas attendre et Lara pouffe toute seule à l’arrière du taxi. S’il voulait détendre l’atmosphère il a réussi. Ça l’inquiète pas la brune, quelqu’un capable de lui sortir ce genre de choses ne peut être qu’un garçon drôle, c’est ce qu’elle se fit en tous cas. Alors quand le taxi se gare, elle descend et n’hésite pas à entrer dans le parc, mais plus elle se dirige vers le centre du parc et plus la boule dans son estomac s’alourdit, jusqu’à l’oppresser. Elle s’assoit sur un banc, presque de la grande fontaine et ne met que quelques secondes à le repérer, allongé dans l’herbe, les yeux fermés. Elle devrait aller le voir mais elle ne bouge pas, trop angoissée. Qu’est-ce que tu écoutes ? Elle se mord la lèvre en l’observant de loin, il a l’air beau, et calme et son cœur s’emballe. Ils vont enfin se rencontrer après des mois de discussions virtuelles, elle le connaît bien sans le connaître Lara et c’est ce qui la chamboule le plus. Elle recroqueville alors ses genoux contre sa poitrine et y appui son menton, attendant qu’il lise son message.

Le soleil tape sur ta peau. L’automne est arrivé. Tu le ressens par ce petit vent glacial qui vient effleurer ta joue, par-ci, par-là. Mais le soleil est encore présent. Tu en profite. T’es allongé dans l’herbe. Les yeux fermés. Tu profites de cet instant de répits. Cet instant que tu as eu du mal à obtenir. Entre les études. Le travail à l’hôpital. Les sorties. Tu n’as pas vraiment de temps rien que pour toi. Du moins, tu as du mal à t’en accorder. Ton téléphone vibre. Tu mets un peu de temps avant de réaliser qu’il faut que tu prennes ton téléphone. Message de Lara. Tu te doutes qu’elle est arrivée. Qu’elle t’observe. Si elle te demande ça, c’est qu’elle t’as vue. « Pourquoi tu viens pas me le demander en face ? » Tu sais qu’elle n’est pas là. Tu le sens. C’est comme ça. Tu sens qu’elle n’est pas loin. Ta l’impression de sentir son parfum limite à tes côtés.

Ses dents qui viennent trouver sa lèvre inférieure lorsque le message de son interlocuteur s’affiche à l’écran, elle reste un moment figé sur place, à fixer ses mots. Elle sait qu’elle doit bouger, réagir, faire ou dire quelque chose mais elle est bien trop stressée. Elle sert le téléphone dans son petit poing et réfléchit un court instant. Son cœur tape contre sa poitrine et ses mains deviennent moites tandis que ses joues chauffent. Elle se lève, se rassoit, et se lève de nouveau. Ses jambes la conduisent vers lui, allongé dans l’herbe. Elle s’arrête à sa hauteur et l’admire un moment, ses cheveux blonds, sa peau pâle, ses longues jambes, ses bras repliés derrière sa tête. Elle se racle doucement la gorge pour ne pas le surprendre. Marlon ? Elle n’arrive pas à croire qu’elle vient de faire ça. La panique la saisit et elle sent ses jambes trembler et faiblir, elles ne la tiendront pas longtemps, elle en est consciente mais elle est incapable de bouger pour le moment, se contenant d’attendre qu’il ouvre les yeux. Et lorsqu’il le fait, les lèvres de Lara s’entrouvre légèrement, elle reste pantelante tandis qu’il la détaille.