beautiful people. (mikey)

C'est un des rares soirs où leurs emplois coïncident enfin. Lui, il est très élégant. Costume trois pièces, lui donnant presque une allure à la James Bond. Il a toujours été beau son mari. Elle en a fait des envieuses, parfois même des envieux. Et puis... Le temps est passé. Les choses s'essoufflent. Ça fait plusieurs années déjà. Il l'a sûrement trompée à tours de bras, comme elle. Bien que vivant sous le même toit, ils ne se voient pas beaucoup. Pourtant, ils étaient d'accord pour aller à cette soirée ensemble. Elle, elle est resplendissante. Comme toujours. Une belle robe de soirée, de créateur. C'est souvent ça. Elle arrive au bras de son époux. Ils attirent les regards, comme avant. Si seulement les gens savaient... Oh, il y en a sûrement, parmi les amants de Victoria. Peut-être même qu'il y a les maîtresses de son mari d'ailleurs. Il ne vaut mieux pas qu'elle y pense. Étrangement, elle se sent mal quand elle y songe... Elle se demande si ce n'était qu'une question de mauvais timing, pour qu'il aille voir ailleurs, ou si seulement elle le repousse maintenant. Ils ne communiquent plus de toute façon. Pas assez pour que ce soit clair entre eux. Peut-être qu'ils devraient divorcer, c'est vrai. Elle repousse l'idée pourtant. Elle ne veut pas que cet échec soit public. De temps en temps, ils s'arrêtent pour discuter, échangent quelques compliments et reprennent leur chemin. Son mari s'éloigne finalement, vers un groupe d'hommes, après le lui avoir dit. Alors, Victoria s'aventure vers le buffet, prenant une deuxième coupe de champagne. Y a pas grand chose à fêter, en réalité. Y a bien que sa carrière qui se porte bien. Elle soupire, se tourne un peu, et elle voit un homme. Elle ne le connaît pas personnellement, ne compte pas le séduire non plus... Mais elle sait qu'ils ont beaucoup en commun. Nana, c'est beaucoup aux yeux de Victoria. Il est accompagné, sauf qu'elle s'approche quand même. Avec le sourire. Elle ne sait pas bien s'il sait qui elle est. Pour lui, ce n'est pas bien compliqué. Son visage est connu. « Bonsoir. » lance-t-elle l'air de rien. Elle jette un regard à la personne à côté de lui, se doute bien de sa fonction pour la soirée. « On a un ami en commun je crois. » ajoute-t-elle, snobant la personne en question pour se concentrer sur Mikey. Elle plonge son regard dans le sien. Il ne peut plus s'échapper là, hein ?

les soirées mondaines,
le tout new york qui se précipite, dress code à $3000 minimum. c’est même pas l’prix d’une mauvaise bagnole mais ça vaut pas une soirée dans sa piscine chauffée à écouter le best-of de wham!. ni quelques mauvaises bouteilles dont il a jamais entendu parler enchaînées jusqu’à la porte des toilettes. seul ou en bonne compagnie. pas qu’il soit en mauvaise compagnie ce soir, pas que tout l’monde se foute éperdument de qui accompagne qui. c’est pas un bal pour débutants. il a passé l’âge mikey, des jupes courtes des pom-pom girls. de la peau fine des filles.
elle, elle pense déjà à faire son trou, son nom en grand affiché partout de time square à broadway. elle, elle parle trop, de son talent inné pour la comédie, des baisers qu’elle pourrait lui voler au nez des journalistes. mais mikey, il fait la blague en sirotant son champagne. feint le flirt entre deux amuse-bouches. non, il y a pourtant pas d'ambiguïté entre eux. il la paie, c’est pas à lui de lui tourner autour. c’est pas une fleur printanière. c’est qu’une gamine qui zigzag entre les politesses et le bière-pong de ses soirées étudiantes. il se demande si elle apprécie ou non ces soirées parce qu’il est évident qu’elle aime se trimballer dans du valentino $9000. alors de cette femme, il n’aurait remarqué que la robe. il aimait ça mikey, dégrafer les corsets, teinter le velours ou la soie de maladresses. il aime les robes, il aime moins les femmes. mais le tout est attrayant, le tout fait le regard brusqué. il ne connait pas cette femme. il connait peu de monde mikey, à l’exception de deux champions olympiques qui sont déjà au whisky - il devrait les rejoindre, sûrement. il s’amuserait plus. y a un silence. y a un silence parce qu’il essaie de remettre, de situer, de mettre un nom sur son visage. il est désarçonné, accorde la fin de son verre de champagne à son escorte.
un ami en commun ça voulait tout et rien dire. un ami comme on l’entend habituellement et avec qui on se lie d’amitié, il en avait pas des tas. à moins qu’elle ne parle avec des guillemets, qu’elle fasse allusion à tout autre chose. et là encore,
non, là c’était juste gênant. vous êtes ? il vouvoie mikey, il aligne d’emblée un système solaire entre eux. on sait jamais. il aime pas les surprises qu’elles soient bonnes ou mauvaises. il s’penche au-dessus de l’autre, de la gamine. lui demande d’aller lui chercher un verre de whisky. et son attention se rapporte sur elle alors qu’il sourit - pour être poli. pour faire un peu près comme tout l’monde. de quel ami parle-t-on ? questions qu’il plaque comme une enquête de police.
il aime pas les surprises.

Victoria est dans son environnement, ici. Elle est à l'aise, bien habillée, bien maquillée et bien coiffée. Elle sourit, elle fait celle pour qui tout va bien quand elle arrive au bras de son mari. Ils sont aussi beaux qu'avant, en apparence. Il sait probablement qu'elle va voir ailleurs, tout comme elle ne se fait pas d'illusions. C'est évident, aux yeux de Victoria qu'il le fait. Ils n'en parlent pas, pourtant. Elle ne lui pique pas de crise de jalousie non plus. Elle n'a pas de preuves, et puis... Le soupçonner, c'est montrer qu'elle n'est pas toute blanche de son côté non plus. Elle pourrait demander le divorce, en voyant ce qu'ils sont devenus, mais elle ne le fait pas. Serait-il capable de lui faire la guerre pour leurs biens ? C'est un peu tout ce qui lui reste, à Victoria. Ça et son boulot. Son mariage, il est foutu. Et même l'homme qui avait réussi à la conquérir... Elle l'a perdu. Enfin, quand son mari la laisse pour aller discuter ailleurs, elle fait de même. Elle le reconnaît, cet homme. Elle en a entendu parler plus qu'il ne le croit. Il ne la connaît pas, ou peut-être que si. Elle l'aborde, elle y va comme ça. Elle le salue, avec politesse, mais n'adresse pas un mot à la jeune femme qui l'accompagne. Victoria ne connaît que trop bien ce milieu pour savoir qu'elle n'est qu'une potiche qu'il paye. Bien sûr, il lui demande qui elle est. Ça peut effrayer, cette approche un peu rentre-dedans qu'elle a. A elle, rien ne lui fait peur. « Victoria Rosenbach, éditrice. » énonce-t-elle clairement. Avec une certaine fierté. Elle a la réussite qui lui colle à la peau, la blonde, même si tout n'est pas aussi rose que ça en a l'air. Elle est ravie en tout cas, quand il dit à sa plante verte d'aller lui chercher un verre. De visage, elle ne la supportait pas. Sans la connaître. Victoria se fiche d'émettre des jugements sans creuser en réalité. Sans surprise, il demande de quel ami il s'agit. « Nana. » répond-elle, simplement. Elle n'a pas besoin de lui faire un dessin. Mais ça se voit dans son regard, qu'elle sait beaucoup de choses. « Dommage qu'il ne soit pas là ce soir, d'ailleurs. » commente-t-elle. Cela dit, pas sûr qu'il aurait apprécié de voir cette fille au bras de Mikey. Pourtant, ça aurait été une meilleure soirée pour Victoria, qui apprécie sincèrement sa compagnie.