same world not same life (peter)

t'as pas envie, toi. t'étais mieux dans ton trou, à moitié fou à griffonner quelques horreurs sur du papier froissé. tes parents qui se disputent papa qui crie, maman qui évite les phrases mesquines en hurlant plus fort. t'as quatorze ans, la vie d'adolescent est difficile, pour toi, pour tes parents. pourtant, t'es pas compliqué. t'es plus ce gosse introverti qui dit jamais rien, par peur d'ennuyer. ta tête se tourne vers l'horloge de la cuisine, t'es installé sur une chaise et tu t'y lèves. t'espères que ta mère verra ton dessin, ton horreur comme dit souvent papa. c'est rien, juste une forme noire qui représente ton état. t'appelles l'aide du haut de tes quatorze ans et ta sale vie triste. t'as ce rendez-vous, aujourd'hui. on t'a envoyé une lettre pour que tu participes à un truc étrange, un échange entre classes sociales. t'as trouvé ça bizarre, t'as même dit non, mais maman a insisté. elle pense peut-être que ça te motivera à faire un truc de ta vie de misère, dans ta maison froide. alors tu t'y rends à pied, t'as même pas de fric pour un petit vélo, une petite merde du genre. t'arrives devant cette maison, trop grande, bien trop belle, trop blanche. trop tout. elle t'étouffe déjà, la maison, alors que t'es même pas à l'intérieur. tu laisses ton doigt se poser sur la sonnette. t'es timide toi, quoique, t'as de plus en plus cette rage en toi, mais t'es pas sûr de ce que c'est. t'attends. et t'as ce gars qui t'ouvre. plus vieux. fait chier que tu te dis. pour sûr il va te martyriser ou un truc comme ça. c'est ce que les grands font d'habitude. peter barckley ? t'attends un acquiescement pour continuer, t'as mal à ta gorge. j'suis madison bishop. mais appelle moi mads surtout. t'as déjà ton prénom en horreur. truc à la con de fille. tu sais, on devait se rencontrer, passer cette semaine, une fois chez toi, une fois chez moi. t'es un peu inquiet, tu sais pas trop si tu dois t'attendre à la famille de bourgeois qui cuisine pour trop, ou à des riches hautains, qui te demandent de pas faire de bruit parce que tu gênes.

Aujourd’hui est un jour un peu particulier pour moi. Je suis censé recevoir chez moi, pendant une semaine, un garçon de la classe moyenne ou même pauvre. Enfin, nos professeurs nous ont demander de ne pas parler de classe sociale en présence des autres enfants, que c’est pour les aider à sortir d’une routine misérable et essayer de les sortir de la merde. Comme je suis quelqu’un d’assez généreux, je n’ai pas pu refuser, en espérant tout de même tomber sur un mec assez cool et pas trop dépressif pour passer une bonne semaine en sa compagnie. Surtout, que quelques semaines après, ça sera à mon tour d’allez passer une semaine chez lui, pour me rendre compte de ce qu’est une vie misérable dans un quartier complètement pauvre et nulle, où l’on s’ennuie. La sonnette retentit alors, je sais que c’est le jeune que je dois accueillir. Je m’empresse d’allez ouvrir. « Salut Mads, va si entre ! » Je le laisse entrer et referme la porte d’entrée derrière lui. « T’as que ce sac à dos pour la semaine ? » ça m’étonne, parce que moi, personnellement, quand je pars une semaine, j’ai au minimum une valise. Parce que dans une valise y a toujours des « au cas où ». « Ma mère m’as demandé si tu préférais partager ma chambre pour la semaine ou avoir ta propre chambre ? » On ne peut pas le dépayser complètement. Le but c’est que l’on apprenne à se connaitre, mais pas que l’on s’étouffe non plus et comme je ne sais pas comment il va réagir ou même ce qu’il aime, j’attends de voir s’il se sentira plus à l’aise avec moi ou dans son propre univers.