you got her heart and my heart (ferblantier)

you got her heart and my heart

and none of the pain. Now I'm try'na make sense of what little remains 'cause you left me with no love and no love to my name

Aspen était enchanteur, comme toujours. J’avais retrouvé mon mari, ses mots doux, ses intentions. La page de sa droguée se tournait doucement, présageant les plus belles choses pour notre avenir commun. Mes collègues m’avaient trouvés radieuse. J’irradiais de bonheur. Chaque chose revenait à sa place et c’est dans cette configuration que j’excellais. Il était tard, mais pas suffisamment tard pour que je ne rentre après mon mari. J’avais tenu à le prévenir, quand même. Lui, moi, un dîner. Même s’il n’était pas dans mes intentions de cuisiner, je restais une très bonne épouse en matière de commander à dîner chez un traiteur et choisir une bouteille de vin. De préférence français et très cher. Cette journée avait été simple de bonnes choses, elle le resterait. C’est l’état d’esprit que je voulais garder. Rentrée, je commandais un petit plat à partager chez l’un des meilleurs traiteurs du coin et m’accordait une douche. Etre une épouse exemplaire n’avait jamais été un jeu pour moi. J’y étais naturellement excellente. Choisir une robe, se coiffer, se maquiller. Mettre le plat du traiteur au four, déboucher le vin. Le goûter. Profiter d’attendre mon mari pour faire le tri dans le courrier reçu ses derniers jours. Quelques invitations à des soirées mondaines, un fairepart de mariage, deux naissances. Une facture de téléphone. Une enveloppe tamponnée d’un centre de soin. Je hausse les sourcils. Une erreur d’adresse ? Non, c’est bien le nom de mon mari qui figure dessus. Angoisse prenante. Je déchire l’enveloppe, lis le courrier en diagonale. Une fois. Puis deux. « Mais quelle salope. » Les mots m’échappent. Le monde s’effondre. Un verre de vin. Un deuxième. Il se moque de moi. Elle est toujours là, tapie dans l’ombre. Ainsi, quand mon mari passe la porte de l’appartement, ce n’est ni mon sourire, ni ma bonne humeur qui l’accueille, mais un verre qui se brise, lancé à pleine vitesse à quelques centimètres de son visage.

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Tout reprenait sa place. Aspen nous avait grandement aider. Nous avions quitter la chambre d’hôtel pour visiter la ville, comme nous l’avions si souvent fait. J’en avais aussi profiter pour la couvrir de nouveaux vêtements et bijoux. Et j’avais aussi été un simple mari. Alors qu’elle se préparait pour un souper, j’avais remis la chanson de la première danse de notre mariage. Je lui avais tendrement prit la main et nous avions danser, l’un contre l’autre. Et la chanson s’était terminée… Nous étions resté là, dans le silence. Ma main au creux de ses reins. Je profitais de ce temps, me rappelant à quel point, Carol était importante dans ma vie. Ma mère ne cessait de me dire que derrière chaque grand homme se trouve une grande femme. Carol, c’était ma grande femme. Un pilier dans ma vie de milliardaire. Elle me gardait sur terre… Il m’arrivait parfois de me dire que c’était une sainte pour me supporter. Je savais que ce soir, je devais rentrer tôt. Et pourtant, elle me demanda d’arriver pour maximum 22h. J’allais lui faire une surprise. Je terminais à 19h30. Même ma secrétaire en fut surprise. Je lui demandais même d’annuler les rendez-vous du lendemain matin. J’allais profiter de ma femme. Notre anniversaire de mariage approchant à grand pas, je voulais lui faire revivre nos premières années de mariage. Derrière le volant, je téléphonais au fleuriste, lui demandant de préparer un bouquet de rose pour ma femme. Le sourire aux lèvres, je jouais un peu avec mon alliance avant de me garer devant le fleuriste. Je payais puis je repris le chemin. Chantonnant un peu, tel un jeune marié, je garais la voiture et prit l’ascenseur qui menait à notre petit nid d’amour. Bouquet et mallette à la main, je poussais la porte. ”MA chérie, je suis…” Je n’eus pas le temps de dire quoique se soit que je reçu un verre de vin à quelques centimètres du visage. Je la regardais, bouche béa avant de m’avancer dans le domicil. ”Non, mais ça ne va pas putain?! C’est quoi ton problème!!!” Je laissais tomber ma mallette sur le grand ilot de notre cuisine, suivit du bouquet de fleurs. Je sentais qu’il y avait un truc qui clochait. Jamais Carol ne buvait autant. Fronçant les sourcils, je grimaçais en voyant l’enveloppe du centre de désintox. ”Et je peux savoir qui t’as donné le droit d’ouvrir MON courrier?” L’incompréhension venait de faire place à la rage. Elle bouillait en moi...

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Je n’avais pas voulu viser mon visage. Si je l’avais voulu, il aurait été dans un bien piteux état. Prenant un instant pour le détailler, j’aurais voulu rire de l’ironie de la situation. Malette dans une main, bouquet de fleurs dans l’autre, bouche bée. Le mari parfait qui rentre du travail pour découvrir que sa femme a appris ce qu’elle ne devait pas savoir. Ce n’était pas un bouquet de fleurs qui me ferait oublier ce que j’avais découvert. Ce que je savais, au plus profond de moi. Ce que je ne voulais pas admettre, au risque d’y perdre pieds. Il y en avait une autre. Une qu’il choyait, à qui il accordait du temps. Aspen avait été un leurre et je m’y étais laissé prendre comme une débutante. Il était furieux. Cette fois-ci, je m’en fichais. Je ne m’excuserai pas. Inutile de le demander. Pas envie de jouer les femmes perdues qui se réfugient dans les bras de leurs maris pour demander pardon. Je n’étais pas coupable. Il l’était. Alors qu’il approche, je sens que cette soirée va être longue. Très longue. Pas assez pour que je lui envoie la bouteille au visage. J’en ai bien trop besoin. Alors que je me verse un nouveau verre dans celui que j’avais préparé pour lui, il s’énerve sur son courrier. J’ai envie de rire. C’est nerveux. « Ce qui me donne le droit d’ouvrir ton courrier ? Tu veux dire, à part les six dernières années pendant lesquels je l’ai ouvert chaque jour pour que tu ne trouves que l’important sur ton bureau ? » C’était mon rôle d’épouse : trier le courrier, répondre aux invitations, envoyer les cartes de remerciements ou de participations, remettre les factures à leur place. Mais ce genre de facture, c’était une première. Et, il le découvrirait bientôt, la dernière. « Tu peux m’expliquer ce qui t’es passé par la tête ? » Qu’il fréquente une traînée était une chose. Qu’il lui paye sa cure de désintox en était une autre. La date ne m’avait pas échappé. Juste avant notre départ à Aspen. Il avait osé m’emmener à Aspen et jouer le jeune marié alors qu’il l’avait envoyé là-bas. J’étais hors de moi. Qu’avait-elle, cette fille ? A part le nez rempli de coke ? Qu’avait-elle pour qu’il me délaisse, moi ? Mes doigts s’emparèrent nerveusement de mon verre, que je porte à mes lèvres. Je l’observe. Le vin est pourtant un excellent millésime, mais je ne lui trouve aucun goût. Je n’en cherche que la détente, l’ivresse d’une trentaine de seconde. Puis je le repose sur l’îlot, fixant mon mari. « J’espère que tu es fier de toi. Tu as réussi à m’humilier. Une fois de plus. »

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Je savais qu’elle finirait par le découvrir. Carol, c’est une femme brillante. Elle l’avait démontré à son boulot. Elle avait su gravir les échelons rapidement et j’étais fier de la femme qu’elle était devenue.  Venant poser ma malette et le bouquet sur le comptoir, je la fixais, écoutant ses paroles. Directement au cœur. Je n’allais pas lui crier dessus. Non, elle avait raison. Raison de dire que j’étais un connard et que je lui avais fait honte. Que je l’avais humiliée. Je desserrai ma cravate puis je retirais mon veston de costard, venant le poser sur une chaise. Je pris place sur cette dernière, passant une main dans mes cheveux. «T’as raison. Je t’ai humiliée. Excuse moi…» Je soupirais puis je me levais. Avançant vers le comptoir. J’attrapais la coupe de vin qu’elle buvait et je la vida d’un trait avant de la remplir pour la lui redonner. Restant près d’elle, je posais mon regard dans le sien. Qu’est ce qui nous avait éloigné? Qu’est qui avait fait que je ne pouvais pas lui porter toute l’amour qu’elle méritait? «J’ai payé la cure de Lula parce qu’elle a fait une overdose. Elle ne mérite pas de mourir pour un problème de drogue. Je sais que tu ne la porte pas dans ton cœur et que je t’ai blesser en la retrouvant dans son lit. J’en suis conscient… Mais tout ça, c’était avant Aspen. Je te le jure Carol. Il n’y a que toi maintenant.» Je lui pris la main, caressant ses doigts, avant de la tirer à moi pour la serrer dans mes bras. «Je sais que je ne suis pas un mari parfait… Mais donne moi une deuxième chance… Je t’en prie.» Je repoussais ses mèches blondes. Son regard bleu me jetait des éclairs. Je savais qu’elle ne ferait qu’une bouchée de moi si on venait à divorcer…

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Il avait osé. Il avait osé me faire ça, à moi. Et maintenant il me prenait pour une idiote. J’avais été idiote, un jour. Plus jeune, nouvellement mariée. Couverte de fleurs, de perles, de diamants. Aucuns de ses jolis cadeaux n’avaient su me protéger de ce qu’il était. J’avais grandi en ayant un père comme lui. Ma mère avait été l’une de celle qui compte les heures qui passent, du soir au matin. Pleurer faisait du bien, mais l’on finissait par s’en lasser. Et je refusais de vieillir en regardant par la fenêtre, en guettant le bruit de l’ascenseur. Mais me prendre pour une idiote maintenant était la mauvaise stratégie. Et celle qu’il adoptait n’allait pas le sauver non plus. Il admettait. Comme si ce simulacre d’excuses et de culpabilité pouvait tout changer. Alors qu’il vidait d’un trait le verre qu’il venait de me subtiliser, j’observais sa réaction. A quoi s’attendait-il ? A ce que je me blottisse dans ses bras, comme si de rien n’était ? Qu’une fois de plus j’allais céder à ses beaux yeux et prétendre que j’allais faire avec. « En ce qui me concerne, que ta trainée crève d’une overdose est le dernier de mes soucis. » Faux. Parce que si elle venait à crever d’une overdose, tous les messages qu’elle avait échangé avec mon mari pourrait se retourner contre lui. Donc contre moi. Et dire que j’avais été blessée en sachant qu’il l’avait prise comme maîtresse était un euphémisme. J'avais pris toutes les dispositions nécessaires pour me protéger en cas de besoin. Je refusais de voir ma réputation plus entachée qu’elle ne l’était déjà. « Maintenant ? Et maintenant jusqu’à quand ? Jusqu’à la première pétasse qui va tortiller son cul devant tes yeux écarquillés ? » Elle avait été la goutte de trop, celle qu’on ne peut ignorer, même en fermant les yeux jusqu’à s’en fendre les paupières. « Tu as grillé ta deuxième chance Christian. Et la troisième. La quatrième aussi. En fait, j’ai arrêté de compter le nombre de chance que tu avais foutu en l’air. » J’étais furieuse. Je lui ferais payer, cher. Très cher. Il avait bien trop tiré sur la corde. « Alors remballe Aspen, les belles paroles et le numéro du mari qui veut s’améliorer. On sait tous les deux qu’au premier message de cette salope, tu y retourneras en courant. Et je ne tolèrerais plus ça. »